L'Assemblée Nationale examine cette semaine le CETA, traité de libre échange entre l’Union européenne et le Canada, avant son éventuelle ratification le 17 juillet. Un texte vivement contesté par les agriculteurs français, dont les éleveurs de Lozère.
Depuis début juillet, les mobilisations se multiplient en France contre le CETA, le traité de libre échange économique entre l'Union Européenne et le Canada. La Lozère, terre d'élevage extensif, est vent debout contre ce texte contraire à son modèle d'agriculture.
Un commerce aujourd'hui strictement réglementé
Jean-François Maurin est exploitant aux Bondons, où il élève des vaches de race "Fleur d'Aubrac", croisements entre Aubrac et taureaux charolais, nourries l'été exclusivement avec de l'herbe, et l'hiver avec du foin et des céréales de l'exploitation. A l'automne, les jeunes mâles sont envoyés en Italie pour y être engraissés, comme la plupart des veaux du territoire. Un commerce strictement réglementé et traçable.
Une traçabilité en péril
Mais cette réglementation sanitaire est aujourd'hui remise en cause par les traités de libre échange internationaux, ce que dénoncent les agriculteurs, dont Olivier Boulat, le président du syndicat FDSEA de Lozère :
Dans ces traités de libre échange, il est prévu que les pays importateurs fassent eux-mêmes leurs contrôles. Mais comme ces pays n'ont aucune traçabilité (alors qu'elle est très efficace chez nous), on sait très bien qu'il n'y aura pas de contrôles vraiment efficaces.
Un député aux côtés des agriculteurs lozériens
Le seul député de Lozère, Pierre Morel-à-l'Huissier (LR) est donc décidé à s'opposer à la ratification du CETA, qui doit normalement intervenir le 17 juillet 2019, après son examen par l'Assemblée Nationale :
Je voterai contre ! Ce n'est pas une position arrêtée de blocage. Je dis "ok" pour qu'il y ait des accords de libre échange avec des pays, mais pour l'agro alimentaire, pour les filières "élevage", ça pose de gros problèmes.
De la viande importée et vendue 20 à 30% moins cher
Car l'application du CETA, comme celle du Mercosur (traité négocié avec l'Amérique du Sud, NDLR), permettrait l'importation de 100.000 tonnes de viande bovine libre de droits. Une viande vendue 20% à 30% moins cher. Cette nouvelle concurrence menace donc directement la survie des exploitations françaises. Or, ce secteur est économiquement vital pour la Lozère, où les agriculteurs représentent 15% de la population active.