Deux expertes psychiatre et psychologue ont expliqué ce mardi à la cour d'assises spéciales qui juge les complices présumés de Mohamed Merah que les deux accusés ne souffrent pas de troubles mentaux et sont donc accessibles à des condamnations pénales.
Des experts ont expliqué mardi qu'Abdelkader Merah et Fettah Malki ne souffrent pas de troubles mentaux et sont accessibles à une condamnation pénale devant la cour d'assises de Paris où il comparaissent pour leur implications présumée dans les assassinats commis par Mohamed Merah.
Chargées par les juges de rechercher d'éventuels éléments pathologiques dans leurs personnalités, la psychiatre Ariane Casanova et la psychologue Geneviève Cedile ont rendu compte de leurs entretiens avec les deux accusés.
Abdelkader Merah est jugé pour "complicité" des sept assassinats perpétrés en 2012 par son frère Mohamed avant d'être tué par la police. Fettah Malki, qui a fourni l'une des armes et un gilet pare-balles utilisés par Mohamed Merah, est poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Abdelkader Merah est "dans la dialectique, l'échange d'arguments. Il a une intelligence de l'autre, mesure la réactivité de son interlocuteur", a expliqué à la barre la psychiatre pour qui Fettah Malki se perd au contraire dans une "logorrhée verbale". "C'est quelqu'un d'angoissé, de dépressif", a estimé la psychologue.
Le parcours du frère de Mohamed Merah a été marqué par des tournants : le divorce de ses parents et la violence de la cité, puis son entrée dans la religion et son mariage, a décrit la psychiatre relevant certains propos significatifs de l'accusé:
"J'étais dans la cage aux fauves, pour se faire respecter, il était nécessaire de se battre", lui a-t-il dit ajoutant : "Avant, j'étais perdu, maintenant j'avance dans la lumière de la foi de l'islam".
Également de parents divorcés, Fettah Malki a été élevé par sa mère et sa tante qui ont eu avec lui une relation "infantilisante" en "le protégeant" sans lui fournir "de cadre", a résumé la psychiatre. Malki a poursuivi ses études jusqu'au bac, mais ne s'est pas levé le jour de l'épreuve. Sa rencontre avec sa compagne dont il a eu une petite fille a eu un impact sur son choix de vie. Il s'est enfoncé dans la délinquance, vivant chez sa mère tout en développant son "business" dans son quartier, a-t-elle expliqué.
Sur les faits, Abdelkader Merah reconnaît avoir accompagné son frère le jour du vol du scooter, mais affirme ignorer ce qu'il allait faire. Il a dit à la psychologue "être persuadé que, comme son frère est mort et qu'il faut un coupable pour l'opinion publique, on se sert de lui comme d'un bouc émissaire".
Malki, lui, a reconnu avoir vendu le gilet pare-balles à Merah mais dit lui avoir confié l'arme pour qu'il la nettoie. Pourquoi avoir acheté cette arme ? "Je voulais gagner un billet pour faire plaisir à ma fille, je n'y voyais pas de mal, je n'avais pas prévu les évènements", a-t-il confié à la psychiatre.