Mardi, des enquêteurs du SRPJ de Montpellier ont perquisitionné la mairie de la station balnéaire du Barcarès, près de Perpignan. Le maire Alain Ferrand, un de ses adjoints et 3 employés municipaux ont été placés en garde à vue, notamment pour extorsion en bande organisée
La JIRS (juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité et la délinquance organisées) de Marseille enquête au Barcarès, station balnéaire des Pyrénées-Orientales. Ce mardi 4 mai, dans la matinée, elle a envoyé au moins 7 membres du SRPJ de Montpellier pour une perquisition dans les locaux de la mairie, boulevard du 14 juillet. De nombreux dossiers et ordinateurs ont été saisis.
Dans la foulée, le maire Alain Ferrand et le premier adjoint en charge de l'urbanisme, ainsi que trois employés municipaux ont été placés en garde à vue pour extorsion en bande organisée, concussion et destruction de preuves, faits commis de 2015 à 2021.
Les investigations ont par ailleurs mis en évidence la soustraction ou la destruction de documents en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité.
"L'information judiciaire ouverte en 2020 porte sur des soupçons d'irrégularités dans la création et la mise en place de taxes ou droits, imposés par le maire, sans base légale, à des commerçants et gérants de campings ainsi que sur les conditions dans lesquelles ces sommes prétendument dues ont été exigées." explique également le parquet de Marseille par communiqué.
Financement des animations et plaintes
Les enquêteurs, qui sont restés plus de deux heures sur place, cherchent à savoir si la mairie n'aurait pas forcé la main à des commerçants pour aider au financement des animations.
La mairie aurait exigé la signature de convention à des commerçants ou à des établissements touristiques, imposant le paiement de sommes importantes allant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Plusieurs commerçants auraient déposé plainte, notamment pour harcèlement de la part de la municipalité.
8000 habitants pendant l'année, mais 100 000 pendant l'été : à chaque belle saison, la ville de Barcarès, située dans les Pyrénées-Orientales à quelques kilomètres de Perpignan, connaît une vague estivale avec un intense flot de touristes.
Si l'hiver le marché de Noël attire beaucoup de monde, l'été, le point d'orgue de l'animation reste le festival Electrobeach ,à la mi-juillet, qui rassemble sur trois jours 200 000 personnes (la dernière édition a eu lieu en 2019 pour cause de Covid). Au total, la mairie investit plus d'un million d'euros de budget chaque année en animations diverses.
En 2019, la Cour des comptes s'interrogeait sur la gestion du Festival Electrobeach qui, selon elle, aurait servi des intérêts privés, notamment ceux du maire, via une société.
Un maire déjà condamné
La ville est gérée par les époux Ferrand depuis 1995. Premier magistrat RPR de la ville de juin 1995 à mars 1999, puis UMP-LR depuis août 2011, Alain Ferrand, restaurateur et patron de casino, avait dû démissionner à cause d'une condamnation en février 1999 pour abus de biens sociaux. Il avait été condamné à 3 ans d'inéligibilité, puis à 5 ans pour prise illégale d'intérêts dans une autre affaire.
En 2001, il est à nouveau condamné pour fraude fiscale à 300.000 francs d'amende.
En 2014, il était réélu avec 54,62% des voix au 1er tour. Et avec plus de 60 % en 2020 où il s'était imposé devant sa femme, qui depuis a démissionné de son poste de conseillère municipale.
Lors des municipales de 2020, Alain Ferrand, qui est aussi vice-président de l'agglomération de Perpignan, avait été réélu dès le 1er tour à la mairie du Barcarès.
Alain Ferrand, aujourd'hui âgé de 61 ans, et son épouse Joëlle, désormais séparés, se succédent depuis près de 30 ans à la tête de ce bourg catalan.