Le Puigmal est en sursis ! Le plus haut domaine des Pyrénées a trois mois pour trouver 100 000 euros et espérer ouvrir sa station de sports quatre saisons, cet hiver.
La société Puigmal 2900, qui gère la plus haute station de ski des Pyrénées-Orientales, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Perpignan, le 19 octobre 2023.
La station de ski catalane a néanmoins obtenu un sursis : elle dispose de trois mois pour trouver 100 000 euros et espère trouver d'urgence des investisseurs pour pouvoir rouvrir cet hiver.
Gérée par des communes alentour par le passé, cette station qui culmine à 2 700 mètres avait fermé en 2013 à cause d'une dette de 9,2 millions d'euros, due notamment à un manque de neige sur plusieurs saisons.
Les six investisseurs de Puigmal 2900, une bande d'amis, avaient repris la station en 2021, sous la forme d'une délégation de service public, avec un projet de diversification des activités pour moins dépendre du climat.
Leur ambition : développer les activités dites de quatre saisons. Mais trois ans plus tard, plus d’un million d’euros a été englouti sans que le succès soit au rendez-vous.
Comme tous les repreneurs, on a toujours une part de rêve, on s'attendait à ce que la station se remette en route et que cela fonctionne, mais une station de ski, c’est toujours compliqué à gérer.
Samuel Nguyen, actionnaire de Puigmal 2900
Sombre avenir
Un télésiège cassé en 2021 et un enneigement insuffisant en 2022 ont aggravé la situation dans ce domaine qui emploie quatre salariés à plein temps et une trentaine de saisonniers chaque hiver.
La commune d'Err, à laquelle appartient la station, doit désormais décider de son avenir, en relançant ou non une nouvelle délégation de service public.
Parmi les actionnaires, certains misent sur des investissements étrangers ou sur l’aide de la société publique Trio Pyrénées.
Une dernière solution irréalisable dans le laps de temps imparti, selon Eric Charre, le directeur général de Trio Pyrénées : "Une société publique n’a pas vocation à reprendre des entreprises privées, c'est un premier frein juridique, ensuite, il faut se poser les questions de l’équilibre économique pour ne pas investir des capitaux publics sans avoir une vraie notion d'activité pérenne dans le temps".
Cher or blanc
L'avenir de la plus haute station de ski des Pyrénées devient de plus en plus incertain.
L'industrie du ski de descente a commencé à se développer dans les années 60 en Cerdagne et Capcir. Une activité qui, à l'époque, a permis d'endiguer l'exode rural, la désertification des villages de montagne.
Aujourd'hui, les huit stations regroupées au sein de l'association des "Neiges catalanes" représentent un chiffre d’affaires de 25 millions d'euros, 5 000 emplois directs et indirects, plus 250 millions d'euros de retombées économiques.
Mais la fréquentation s'érode, comme l'enneigement. Dans ce contexte, l'or blanc a un prix particulièrement élevé.
Écrit avec Charlotte Morand.