Législatives 2024. À quoi s'attendre au deuxième tour dans les Pyrénées-Orientales, bastion de l'extrême droite où le vote RN s'enracine

Comme en 2022, dans les Pyrénées-Orientales, le Rassemblement national termine en tête du premier tour des élections législatives de 2024. Avec des scores si élevés que la gauche et Renaissance n'ont presque plus aucune chance de revenir au second tour.

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Le RN progresse partout en France. Dans les territoires où il n'était pas encore implanté, le parti de Marine Le Pen récolte aujourd'hui un tiers des suffrages exprimés. Tandis que dans les zones où son succès est plus ancien, les candidats RN frôlent aujourd'hui les 50%.

C'est le cas des Pyrénées-Orientales. Dans ce département, à l'extrême sud de la France, les résultats de l'extrême droite sont si élevés au premier tour des élections législatives que le deuxième tour est presque gagné d'avance.

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Plus de 20 points d'écart

Il n'y a déjà plus rien à espérer pour les opposants au parti de Marine Le Pen dans la 2e circonscription du département. Avec 54,98 % des voix, la députée RN sortante Anaïs Sabatini a remporté la majorité absolue et retrouvé son siège dès le premier tour, dimanche 30 juin.

Les candidates RN, elles aussi sortantes, sont confiantes dans la 1e et la 4e circonscription. Sophie Blanc (45,24%) et Michèle Martinez (47,90%) creusent un grand écart (plus de 20 points) avec leurs concurrents respectifs du Nouveau Front Populaire (NFP).

Peu de chance, donc, que les reports de voix suffisent à la gauche pour inverser la tendance au second tour. D'autant moins dans la 1e circonscription, où le NFP a investi un Insoumis, moins susceptible de bénéficier du soutien d'électeurs plus modérés.

Renaissance se retire dans la 3e circonscription

Dans la 3e circonscription, où Sandrine Dogor-Such court en tête pour le RN avec 45,57% des voix, l'écart qui sépare l'extrême droite de la gauche est un peu moins important (17 points).

Qualifiée de justesse pour Renaissance (20,42%), Laurence Gayte s'est retirée pour tenter de faire barrage à l'extrême droite. Rien ne garantit pour autant que l'ensemble de son électorat se tournera vers la candidate du NFP Nathalie Cullell, deuxième au premier tour avec 28% des voix.

Enracinement du vote RN sur le littoral

Que les Pyrénées-Orientales restent à l'extrême droite ne surprend pas, étant donné la percée du RN sur tout le territoire national. Le département était d'ailleurs l'un des rares de l'Hexagone à avoir un député d'extrême droite entre 2017 et 2022, quand l'Assemblée nationale n'en comptait encore que huit.

Directeur de recherche au Centre d'études politiques et sociales de Montpellier, Emmanuel Négrier note en revanche "un enracinement du vote RN sur le littoral" du département (là "où il était déjà ancien") et une progression de ce vote dans les terres.

Le paysage politique s'est inversé. La gauche avait auparavant un rôle central auprès du monde rural et des classes moyennes de ces régions. Aujourd'hui, c'est le RN qui occupe cette centralité sociologique. 

Emmanuel Négrier, politologue

La gauche devient l'alternative face l'extrême droite

Autre évolution : c'est aujourd'hui la gauche et non plus Renaissance qui fait office d'alternative à l'extrême droite dans les Pyrénées-Orientales. En 2017, le département comptait trois députés de La République en Marche (LREM), l'ancien parti d'Emmanuel Macron.

En 2022, les quatre circonscriptions avaient été raflées par le RN mais trois de leurs concurrents directs étaient étiquetés LREM. Tandis que tous les candidats arrivés en seconde position derrière le RN sont dorénavant issus de la gauche.

"Il faut évidemment y voir un vote de défiance à l'égard du gouvernement et de la personne d'Emmanuel Macron", analyse encore Emmanuel Négrier. Pour autant, selon lui, le vote pour l'extrême droite n'est pas uniquement "un vote d’adhésion" car "une grande partie des électeurs choisissent RN sans connaître le programme du parti".

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