Des pessebres, crèches traditionnelles catalanes, sont exposées à l’espace Martin-Vivès et au château Nadal Hainaut au Soler (Pyrénées-Orientales) jusqu'à la fin du mois. L’occasion de renouer avec une tradition de Noël vieille de plusieurs siècles.
On pourrait confondre ces figures avec des santons de Provence. Et pourtant, ces dernières sont catalanes. Au cœur d’une crèche monumentale de 4x4 mètres, représentation des montagnes des Garrotxes, les personnages mettent notamment en scène la nativité.
Rituel
L’une des œuvres immense, a été assemblée comme un puzzle, avec d’infinies précautions. Visible depuis le 15 décembre dernier, elle a été entièrement bâtie, peinte et agencée, des santons aux décors montagneux et plein de poésie, par Joan Montero, sculpteur et pessebriste.
Tout un art. "Pour moi, c’est une évocation du moment de Noël, une passion, un rêve", s’enthousiasme l’artiste. "J’y passe de longues heures, je regarde les détails, je modifie certaines choses, c’est très agréable à faire !"
Autrefois réservées aux maisons bourgeoises, ces crèches se popularisent au 19e siècle. Les pessebristes diversifient leurs inspirations, sortant du classique carcan religieux pour évoquer des scènes de vie, pas forcément bien vues par l’Église.
Le savoir-faire, lui, demeure. Miquel Serrat est président des pessebristes d’Olot. Il parle de ces créations traditionnelles avec émotion : "tout est rituel", relève-t-il. "Autrefois, les grands-mères expliquaient aux enfants la fonction des santons. La lavandière, le berger… Ces coutumes, on essaie de les préserver. Tout comme les chansons que l’on chantait autour de ces pessebres."
"C’est comme un petit théâtre"
"L’art de faire un pessebre", poursuit Miquel Serrat, "c’est de saisir le paysage des Garrotxes, et de le mettre dans une boîte. En fait, c’est comme un petit théâtre. Une scène avec un premier plan, un second plan, un décor. C’est comme ça que l’on fait un pessebre artistique."
Des décors qui parleront aux habitants du Conflent, et aux Catalans attachés à leurs racines. "L’année prochaine, j’aimerais que des gens d’ici s’y mettent", souligne Miquel Serrat. "Je viendrai les aider à réaliser ces petites maisons."
Après le réveillon, certains pourront en tout cas continuer de rêver un peu en retrouvant, dans cette exposition organisée par Culture en Têt, un petit air des Noëls de leur enfance.
Les pessebres d’Olot, jusqu’au 30 décembre à l’espace Martin-Vivès et au château Nadal Hainaut au Soler. Renseignements : 04 68 92 10 12.