A Perpignan, la situation devient critique dans les structures d’accueil pour sans-abris. Une marche blanche a été organisée en début d’après-midi pour sensibiliser l’opinion aux dangers qu’ils encourent. Et notamment ceux liés à la prise de drogues qui s’est généralisée dans le département.
Ils étaient sans domicile fixe. SDF. Ils s’appelaient Othmane et Stanislas, avaient respectivement 31 et 20 ans. Le premier était père de trois enfants. Il a été retrouvé pendu aux grilles de la Croix-Rouge de Perpignan dans la nuit du 23 au 24 octobre.
Une overdose de kétamine, un puissant antidouleur et anesthésiant, a emporté le plus jeune au début du mois, deux semaines avant son anniversaire.
La marche blanche a commencé vers 14 heures dans les rues de Perpignan, ralliant la place Cassanyes à la préfecture. A peine quelques dizaines, les manifestants – sans-abris, militants ou bénévoles dans des associations – ont tout de même tenu à rendre un dernier hommage aux deux victimes décédées.
"Si on ne fait rien, des cas pareils, il y en aura beaucoup dans les mois et les années à venir", estime un proche d’Othmane, présent à la manifestation. "Il était dans un état irresponsable", relève-t-il. Drogué, alcoolisé… "Je ne comprends pas pourquoi la police ne l’a pas mis en dégrisement." Un acte qui aurait pu lui sauver la vie, selon lui.
Généralisation de la drogue
Dans le cortège, plusieurs SDF, tous témoignent d'une aggravation de leurs conditions de vie et de la solitude.
Sans domicile fixe depuis 4 mois après avoir tenté de trouver un travail pour les vendanges, Estelle s’estime aussi en danger : "la Croix-Rouge est remplie de cachetonnés et de toxicomanes", assène la jeune femme de 19 ans. "Il y a toujours des histoires pas possibles. Comme des suicides… Je ne me sens pas du tout en sécurité.".
Renaud vit dans une tente sur les berges de la Têt. Lui a renoncé à résider en foyer d’accueil. Dans la rue depuis 3 ans, il déplore la dégradation des conditions d’hébergement des sans-abris. "De plus en plus de SDF arrivent d’Espagne" depuis trois semaines, constate l’homme de 56 ans.
"Ils se font dégager d’un côté, donc ils arrivent ici. Et à Perpignan, c’est là qu’ils dégringolent dans la drogue, c’est automatique. La drogue, l’alcool, la violence… Le gars, s’il a trente euros pour acheter de la coke et qu’un autre ne les a pas, ça va déclencher une bagarre", insiste-t-il.
Face à l’ampleur du phénomène, des responsables de l’association Au cœur de l’humanité 66 avaient demandé à être reçus en délégation en préfecture, mais la porte est restée close. Les sans-abris demeurent toujours invisibles.