Depuis le 14 août, une vingtaine de cigognes ont été découvertes électrocutées au pied de pylônes électriques dans les Pyrénées-Orientales. Si le phénomène n'est pas nouveau, la Ligue de Protection des Oiseaux réclame un plan d'action et davantage de concertation avec RTE, le gestionnaire du réseau électrique français.
Depuis la mi-août, c'est une véritable hécatombe dans les Pyrénées-Orientales, lieu de passage des cigognes dans leur migration saisonnière vers le sud. Une vingtaine d'oiseaux ont été retrouvés morts électrocutés à différents endroits du département. Le 14 août, six d'entre eux ont été découverts à Pollestres.
Le 16, ils étaient dix à Bages. Et le weekend dernier, une cigogne est également décédée à Espira de l'Agly, une autre à Montesquieu-des-Albères et deux près de Banyuls-dels-Aspres.
La bague que portait l'une d'elles indique que le volatile venait d'Allemagne. Si les 16 premiers oiseaux semblent avoir été victimes d'une ligne à haute tension, les autres auraient été électrocutés sur une ligne à basse tension. Pour la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) du département, le phénomène n'est pas nouveau, mais il est temps de trouver des solutions pour l'endiguer.
C'est moi qui les ai trouvés. J'ai aussitôt alerté l'Office Français de la Biodiversité. Ce qu'on attend de la part du Réseau de Transport d'Electricité RTE, c'est de la transparence et des investigations plus poussées comme cela se fait dans d'autres départements. Ici, il y a du retard à rattraper.
Rossano Pulpito, président de la délégation territoriale de la LPO 66
Travail de recensement
Selon le président de la LPO 66, le travail de recensement peinait à se faire les années précédentes, faute d'une structuration suffisante de son association dans le département. Depuis un an, elle s'est dotée d'une direction opérationnelle et, forte de ses quelque 300 adhérents, a mis en place des équipes d'observation : "quand on cherche, on trouve".
Trouver des solutions
Le but de ces défenseurs de la biodiversité : engager le dialogue avec le gestionnaire du réseau électrique, identifier les pylônes problématiques et trouver des solutions. Rossano Pulpito précise : "il y a des possibilités d'adapter le poteaux les plus accidentogènes. Certains sont en béton, d'autres en croisillons métalliques, les uns ont deux fils, les autres un seul. Or, si l'oiseau se pose à la fois sur la phase et le neutre, il y a électrocution".
On ne veut pas de déclaration, mais un plan pluriannuel avec des moyens et de la concertation. C'est une question de volonté et ça se fait déjà ailleurs en France. On ne baissera pas la garde.
Rossano Pulpito, président de la délégation territoriale de la LPO 66
Premier contact avec RTE
L'association reconnait toutefois que les choses commencent à bouger. La délégation Méditerranée de RTE, basée à Marseille, a pris contact hier avec la Ligue de Protection des Oiseaux. La LPO espère que le dialogue sera fructueux.
Chaque année, les cigognes s'arrêtent dans les Pyrénées-Orientales dans leur migration hivernale vers le sud. Elles empruntent d'abord le couloir rhodanien avant de passer par Narbonne et Gruissan dans l'Aude, puis les territoires catalans.
Sur cet axe, les lieux d'étape sont connus des ornithologues, qui en profitent pour observer et comptabiliser les oiseaux. Près de 300 d'ente eux ont ainsi été aperçus à Saint-Génis-des-Fontaines le 28 août.