Sécheresse : le préfet des Pyrénées-Orientales prend un arrêté de crise, le plus haut niveau d'alerte en France

Dans les Pyrénées-Orientales, l'alerte sécheresse monte d'un cran pour atteindre le plus haut niveau possible en France. Les territoires de l'Agly et de la Têt passeront en "crise" le 10 mai. Des usages de l'eau seront interdits ou fortement contraints. Le préfet a pris sa décision à l'issue du comité sur la ressource en eau qui s'est tenu hier après-midi.

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Depuis mardi 25 avril, les déclarations de Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales, le laissaient entendre. La sécheresse est à ce point catastrophique dans le département que les restrictions d'usage de l'eau déjà prises ne sont pas suffisantes.

L'Agly et la Têt en "crise"

Les territoires de l'Agly et de la Têt passent au niveau "crise" à partir du 10 mai.

Il y aura des impacts sur l'agriculture mais aussi sur les golfs, les stations de lavage, la vente de piscines hors sol et les forages.

Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales

Les modalités de mise en oeuvre des nouvelles restrictions seront précisées dans les prochaines semaines. 

Les agriculteurs en première ligne

Lors du comité sur la ressource en eau ce vendredi matin, les représentants du monde agricole ont demandé au préfet de ne pas prendre un arrêté de crise. "Il y a un désaccord là-dessus mais nous travaillons de façon étroite pour limiter les impacts sur l'outil productif", a détaillé le préfet lors du point presse qui a suivi la réunion avec tous les acteurs du département.

Il faut tenir jusqu'à la fin de l'été et éviter les conflits entre les usages, éviter la guerre de l'eau.

Rodolphe Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales

Les syndicats agricoles estiment que les agriculteurs font déjà leur maximum et mettraient en péril leurs exploitations en allant au-delà. "Il n'est pas question de casser l'outil de production des agriculteurs", a tenu précisé le préfet, qui a rappelé cependant que les enjeux d'utilité publique dépassaient les intérêts de chacun. "Il faut trouver un équilibre pour garder l'unité du territoire." 

Une représentante du ministère de l'agriculture est aux côtés des services de la préfecture et des agriculteurs depuis plusieurs jours, pour évaluer les impacts des nouvelles restrictions et les mesures d'aides à prendre.

Une visite du ministre de l'agriculture est annoncée dans le département des Pyrénées-Orientales la semaine prochaine, samedi 6 mai, peu avant la mise en place de l'arrêté préfectoral de crise.

Que signifie le niveau d'alerte "crise"?

Le précédent arrêté préfectoral qui courrait jusqu'au 30 avril est prolongé jusqu'au 9 mai, date annoncée pour l'arrêté de crise. C'est ce texte qui détaillera les modalités de restrictions des usages de l'eau.

Pour les services de l'Etat, il est nécessaire de prendre une décision aujourd'hui. "il n'y aura plus de recharge significatives des réserves en eau. La situation et les volumes aujourd'hui sont ceux dont on disposera jusqu'à la fin de l'été, même s'il y a des pluies à la marge", a expliqué Rodrigue Furcy.

Dans les textes officiels, un "arrêté de crise" déclenche des interdictions, pour préserver les usages prioritaires : santé, sécurité civile, eau potable, salubrité. "Les prélèvements d'eau pour l'agriculture sont alors interdits totalement ou partiellement, ainsi que de nombreux usages domestiques ou d'espaces publics (arrosages des massifs floraux, fontaines, nettoyages des voiries.." peut-on lire sur le site du gouvernement.

Une situation inédite

La sécheresse que traversent les Pyrénées-Orientales est la plus intense et la plus longue jamais connue dans le département, depuis le début des relevés de Météo-France en 1959.

Le mois d'avril dans les Pyrénées-Orientales est aussi le plus sec depuis plus de soixante ans, selon les relevés météorologiques. Il s'ajoute à un automne et un hiver particulièrement secs. Les niveaux d'eau, en surface comme dans les nappes phréatiques, sont exceptionnellement bas

Elus et professionnels du tourisme ont d'ores et déjà mis en place des mesures volontaires de restrictions d'eau. Mais cela ne suffira pas.

Selon le constat des services de l'Etat, il n'y aura pas suffisamment d'eau pour tous les usages cet été, les quantités disponibles sont très faibles et des décisions difficiles inévitables.

En visite hier jeudi 27 avril dans le département, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a tenu des propos identiques, précisant qu'un arrêté de crise semblait inévitable au vu de l'état catastrophique de la ressource en eau. "On va vers un arrêté de crise qui va restreindre beaucoup d'usages. On a ces 3500 habitants répartis dans quatre communes qui n’ont d'ores et déjà plus d’eau", a t-il déclaré au sortir d'une réunion avec des élus et des professionnels du département. 

J'ai rencontré les acteurs du tourisme, de l'agriculture et des maires pour discuter avec eux de la situation. Avec deux questions : quel juste partage de l'eau et quelles compensations s'il y a des dégâts économiques.

Christope Béchu, ministre de la transition écologique

D'ici à la fin de l'été, une vingtaine de communes pourraient connaître la même situation et des solutions de secours sont déjà à l'étude.

Alerte renforcée pour les autres

Dans le reste du département, le niveau d'alerte renforcée reste en place. Des discussions sont en cours jusqu'au 9 mai pour évaluer la situation de chaque territoire. Sur certaines zones, des pluies sont attendues. Sur d'autres, des accords sur les usages sont en cours de discussion pour éviter le passage en crise. 

Les concertations entre tous les acteurs du département vont se poursuivre dans les prochaines semaines. 

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