À Osséja, la Clinique du Souffle prend en charge les patients souffrant de pathologies respiratoires. Depuis l'automne dernier, elle accueille des hommes et des femmes de tous les âges, atteints de Covid long. Pour ces malades, la rééducation est bien souvent une façon de reprendre goût à la vie.
Le Covid long touche plus de personnes que l'on ne le croit. Selon la Haute Autorité de Santé, plus de 10 % des personnes infectées souffrent encore de symptômes de la maladie six mois après l'avoir contractée : il peut s'agir de douleurs, de fatigue intense, de diarrhées ou encore de difficultés respiratoires.
C'est dans ce dernier cas qu'intervient la Clinique du Souffle d'Osséja, dans les Pyrénées-Orientales. Perché en altitude, l'établissement accueille habituellement des patients atteints par des pathologies respiratoires type asthme, dilatation des bronches ou encore hyperventilation.
Mais depuis l'automne dernier, elle prend aussi en charge des malades du Covid long : une vingtaine de personnes ont jusqu'à maintenant pu bénéficier d'une "réhabilitation". Ce programme de rééducation, basé sur l'activité physique et l'éducation thérapeutique, incite les patients à adopter de nouveaux comportements pour mieux vivre avec leur maladie.
Il y a des symptômes majoritairement physiques, d'autres plus psychologiques : avec le Covid, des patients ressentent parfois un stress post-traumatique à cause de la peur qu'ils ont ressentie, qu'ils soient passés ou pas par la réanimation ou l'hospitalisation d'ailleurs. L'idée, c'est donc de miser sur une prise en charge globale.
"Je me suis fait à l'idée que je devais vivre avec ce handicap"
Après une session d'exercice en plein air, Jacky, 74 ans, est un peu essoufflé. Ce maire d'une commune des Pyrénées-Orientales a été atteint par le coronavirus en décembre et a perdu depuis 30 % de ses capacités respiratoires. Pour ce septuagénaire très actif, qui a encore mené campagne au printemps 2020, la maladie a été un choc autant physiquement que moralement.
Il y a des jours avec et des jours sans. Mais les discussions avec la psychologue de la clinique m'ont beaucoup aidé : je me suis fait à l'idée que je devrais vivre avec ce handicap.
Il y a quelques semaines, le patient pouvait à peine marcher et respirer. Mais grâce aux conseils prodigués par les experts, il est aujourd'hui capable de monter à nouveau un escalier.
Alors qu'il doit prochainement quitter le centre, Jacky appréhende le retour à la vie normale. "Ici, je me sens en sécurité car on prend soin de nous. Je vais revenir chez moi mais j'ai peur de ne pas me sentir aussi accompagné qu'ici." Le septuagénaire envisage de faire un nouveau séjour à Osséja à l'automne.
"Je ne suis plus moi et j'apprends à le redevenir"
Marine, 28 ans, avait l'habitude de courir des semi-marathons. Cette grande sportive a attrapé le Covid en août 2020 et peine depuis à s'en remettre. "J'ai été hospitalisée deux fois", se souvient-elle. "Une fois en cellule Covid sous oxygène et une autre fois en novembre, pendant une semaine, en pneumologie."
Mais malgré les prises en charge à l'hôpital, les séquelles de la maladie restent bien présentes : jusqu'en février dernier, Marine ne parvenait pas à s'exprimer normalement. Elle rencontre aujourd'hui encore des difficultés pour respirer.
Je suis de nature optimiste, je suis sportive et je suis habituée à surmonter les obstacles. Mais ça fait mal quand même : je suis jeune et je ne m'attendais pas du tout à ce que la maladie me touche. Ça n'arrive pas qu'aux personnes vulnérables et vieilles.
La jeune femme a intégré la Clinique du Souffle sur prescription médicale. "Mon médecin m'a dit que ce centre était peut-être ma dernière chance de bien remonter la pente."
Arrivée il y a quinze jours, elle constate déjà des résultats encourageants. Et même si elle ne parvient pas encore à se tenir debout très longtemps dans la douche, elle espère faire de nouveaux progrès d'ici à la fin de la rééducation.
Aujourd'hui, je ne suis plus moi et j'apprends à le redevenir. J'essaie de me donner une chance de redevenir sportive et de vivre. Car sans la respiration, on ne fait rien.
Marine ne peut pas encore reprendre la course et préfère pour l'instant se concentrer sur des disciplines plus douces, comme le yoga. Mais elle reste animée par un objectif : celui de participer au marathon de New York en 2023.