Deux binômes de candidats classés Divers Droite sont soutenus par le Rassemblement National. Symbole de la poussée du RN dans ce département et nouveau cap franchi dans les stratégies politiques locales.
« Nous sommes des électrons libres ». Jacqueline Tonin a coupé le moteur de son tracteur pour prendre le coup de fil. Pour la candidate DVD du canton de Beaumont-de-Lomagne, en binôme avec Michel Cornille, maire d’Escatalens, les choses sont claires : « nous ne sommes encartés nulle part. Mais nous sommes soutenus par Les Républicains, le Mouvement de la Ruralité et le RN, autant dire toutes les composantes de la droite » assure-t-elle.
De moins en moins de personnes sont réticentes au RN.
Pour l’agricultrice, le RN se situe bel et bien à droite comme n’importe quelle autre formation politique. Et a priori, selon celle qui a déjà entamé son tour des mairies et des électeurs du canton, « de moins en moins de personnes y sont réticentes ».
Pas de logos sur les affiches
Toutefois, pas de logos sur les futures affiches ou tracts. Alors peut-on parler pour autant d’accord politique ? « Ils nous ont contacté » concède la conseillère municipale d’opposition de Beaumont-de-Lomagne qui se présente d’ailleurs à ces départementales contre le maire PRG de la commune, Jean-Luc Deprince, fidèle de Jean-Michel Baylet.
Il n’y a pas eu d’accord d’appareils.
« Il n’y a pas eu d’accord d’appareil » précise toutefois Thierry Viallon. « Je n’ai pas eu Brigitte Barèges au téléphone. C’était un état de fait sur ce canton » assure le délégué départemental du RN. « Jacqueline Tonin avait des membres du RN sur sa liste aux Municipales » rappelle-t-il. « Les Républicains n’ont pas souhaité ou pu présenter de candidats ici, donc ils soutiennent les mêmes que nous » explique-t-il.
« Il y a simplement des candidats qui veulent être une alternative à Jean-Luc Deprince. C’est une offre politique différente, c’est tout » assène François Bonhomme. Le sénateur Les Républicains ne voit pas non plus d’objection à cette alliance. « Est-ce que vous vous sentez pour autant RN parce qu’il vous soutient ? » demande le parlementaire. Candidat sur Caussade, lui sera opposé, entre autres, à un binôme du Rassemblement National.
Le RN devient une variable d’ajustement.
« Je connais Jacqueline Tonin. Elle a été ma suppléante, c’est une femme méritante. Elle veut proposer un autre choix face à une personnalité controversée », sous-entendu incarnant l’ancienne majorité de Jean-Michel Baylet (PRG). Selon François Bonhomme, ce dernier « essaie de sauver les meubles quelles que soient les configurations », quitte à brandir l’épouvantail du Rassemblement National quand ça l’arrange.
Et François Bonhomme de mettre en garde sur la grille de lecture qu’on peut avoir des élections en Tarn-et-Garonne. « Le RN devient une variable d’ajustement » confirme dans le même cheminement Jean-Philippe Bésiers. « Baylet passe par Barèges qui passe par le RN » résume le maire de Castelsarrasin.
Pourquoi partir désunis alors qu’on se rejoint sur de nombreux points ?
Sur son canton aussi, le parti de Marine Le Pen ne présente pas de candidats. L’actuel 5ème vice-président du département aura notamment face à lui un binôme emmené par André Angles, lui aussi soutenu par Les Républicains et par le RN.
Des thèmes en commun
« Il y a plusieurs semaines voire plusieurs mois que je travaille avec lui » raconte Romain Lopez. « Défense de l’identité, proximité, lutte contre la fraude et une fiscalité écrasante, nous avons de nombreux thèmes en commun » resitue le maire RN de Moissac. « Pourquoi partir désunis alors qu’on se rejoint sur tous ces points ? »
Le RN joue les charognards.
« Nous avons donc souhaité lui apporter notre soutien » explique l’élu Rassemblement National en rajoutant : « Et pourtant Castelsarrasin est un des cantons où le RN fait ses meilleurs scores. Aux dernières Législatives, j’y ai réalisé 50,3% face à Sylvia Pinel (PRG) » rappelle-t-il fièrement.
Côté état-major national des Républicains, "il n’y a aucune investiture LR à ma connaissance pour les candidats de droite des deux cantons concernés" déclare Aurélien Pradié. « Le RN joue les charognards » poursuit le secrétaire général du parti. « Ce sont des bras cassés qui ne trouvent pas de candidats dans leur propre camp alors ils auto-administrent les soutiens aux autres » conclut-il.
Un premier tour avant l’inconnu
Ainsi va la recomposition du paysage politique en Tarn-et-Garonne. « On va avancer par étape » explique Jacqueline Tonin. « Franchement je ne vois pas à quoi va ressembler la future majorité. Les élus de droite veulent-ils rester dans la majorité actuelle ? Christian Astruc va-t-il se représenter ? »
« Ce sont mes premières départementales, je vais donc me concentrer sur le premier tour » prévient Romain Lopez candidat sur le canton de Moissac. « Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas là pour que M.Baylet repasse » assure l’élu RN.
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