La CGT Pierre Fabre, un des syndicats, représentatif au sein du groupe pharmaceutique tarnais, conteste, dans un communiqué, le soutien de l'entreprise au projet autoroutier. Il demande à la direction de s'en désolidariser.
Salariés et syndicats du groupe pharmaceutique Pierre Fabre ont la parole rare. Surtout sur un dossier aussi sensible que la future A 69 qui doit relier Castres à Toulouse. Dans un communiqué daté du 1er décembre, la CGT de l'entreprise, un des syndicats de l'entreprise tarnaise, tient à exprimer son "désaccord", sa "crainte" et son "incompréhension". La Confédération demande ni plus ni moins à la direction "de se désolidariser du projet autoroutier", malgré l'avancée des travaux.
"Il y a des salariés pour, d'autres contre et c'est normal et ce n'est pas le problème, ne contestent pas Frédéric Fabre et Ludovic Poughon, délégués syndicaux centraux de la CGT. Mais l'entreprise appelle à se ranger derrière sa position en soutenant poliquement ce projet, or, nous sommes libres d'expression, même si on sort du cadre syndical." Ce communiqué fait, en effet, suite à la demande de moratoire de la secrétaire nationale de la CGT, Sophie Binet, sur le projet autoroutier.
Désaccord
Dans son texte, le syndicat exprime son désaccord sur le soutien de l'entreprise au projet, bien qu'il soit depuis le lancement des travaux très discret, mais dont le fondateur du groupe était à l'origine, il y a plusieurs années. "Comment peut-on en 2023 alors que toutes les décisions politiques, industrielles, ou sociales doivent passer par le filtre de la transition écologique, soutenir un projet écocide et suranné ? " Interroge-t-il dans son texte. " C'est une erreur tactique, estime Frédéric Fabre. D'autant que l'entreprise est engagée pour réduire son empreinte carbone, qu'elle possède un conservatoire botanique, etc " .
La CGT regrette que l'entreprise "n'ait pas choisi de soutenir le projet de désenclavement du sud du Tarn par l'aménagement de la RN 126, projet d'amélioration de l'existant à plus faible dette écologique et gratuit pour les usagers".
Les usagers qui sont aussi des salariés de l'entreprise habitant dans les communes aux alentours de l'usine de Soual, englobée dans ce projet. "Certains salariés devront repasser dans la commune de Soual pour rentrer chez eux alors qu'actuellement, ils ont la possibilité de la contourner gratuitement grâce à nos infrastructures, soulève Ludovic Poughon. Cela aura aussi des conséquences en termes de flux au centre-ville de Soual". Ce projet soulève également des questions sur ce que les infrastructures mêmes de Pierre Fabre auront à gagner avec l'A 69. "Même pour les camions qui effectuent une dizaine de rotations depuis l'usine vers Toulouse chaque jour, cela ne va pas engendrer de rotation supplémentaire. Et est-ce que les transporteurs seront prêts à payer 40 euros par jour pour effectuer les rotations et surtout est-ce que le groupe peut mettre une clause dans les cahiers des charges d'un appel d'offres pour les obliger à utiliser l'A 69 ? "
Crainte pour les emplois
Mais surtout, le syndicat s'inquiète aussi des conséquences du positionnement du groupe sur l'emploi. L'entreprise fait, en effet, l'objet depuis quelques jours d'un appel à boycott des produits dermato cosmétiques qu'elle produit, lancé sur les réseaux sociaux "Dans le métro parisien, nos affiches publicitaires sont taguées", écrit encore la CGT. "Il ne faudrait pas que l'appel à boycott s'emballe sur les réseaux sociaux jusqu'à devenir incontrôlable. Pour l'instant, ce n'est pas le cas", observe le syndicaliste.
Enfin, le syndicat déclare dans son communiqué toute son incompréhension suite aux révélations de France 3 Occitanie quant aux menaces sur l'emploi auprès du gouvernement afin que le chantier ne soit pas arrêté en septembre dernier lorsque Clément Beaune, ministre des Transports a évoqué un possible moratoire.
"Nous regrettons que les partenaires sociaux n'ait pas été informés de cette démarche et demandons une copie de ce courrier", écrit la CGT.
La réponse de la direction de Pierre Fabre ne s'est pas fait attendre. Dans une vidéo adressée aux salariées, Eric Ducournau, le président de la fondation Pierre Fabre, a, selon nos informations, surtout évoqué "un projet politique" qui ne s'arrêtera plus au regard des 40 % des travaux réalisés.
Samedi, une nouvelle manifestation des opposants à l'A 69 est organisée, ce samedi 9 décembre 2023 à 14 h. Elle reliera l’école de Saint-Germain-des-Prés à l’école de Lempaut.