La production de vin en France continue de chuter cette année. Le millésime 2024 enregistrerait ainsi une baisse de 23 % de la production nationale par rapport à 2023 et de 17 % par rapport à la moyenne quinquennale (2019-2023). Une baisse encore plus forte dans les vignobles du Gaillacois, de l'ordre de -30%.
Cette année encore, le bilan des vendanges n'est pas très bon. Les rendements chutent un peu plus chaque année. En 2024, la France devrait produire 36,9 millions d’hectolitres de vin d’après les Services de la Statistique et de la Prospective du ministère de l’Agriculture soit une baisse de 23 % de la production nationale par rapport à 2023 et de 17 % par rapport à la moyenne quinquennale (2019-2023).
Une année noire dans le Gaillacois
Cette baisse de production serait encore plus forte dans le vignoble du Gaillacois. De l'ordre de moins 30% cette année par rapport à l'an passé. Une année noire selon les viticulteurs tarnais.
Nous faisons partie des vignobles qui font le plus baisser la moyenne nationale. A Gaillac, on sera à plus de -30% de production par rapport à l'an passé. Une situation catastrophique dûe à de multiples aléas climatiques qui se sont accumulés sur notre territoire. On a eu à la fois le gel, le coup de froid vers le mois d'avril et beaucoup de pluie. Il faut ajouter à cela des maladies comme le Mildiou qui ont frappé nos vignes. Certains de nos viticulteurs ont aussi été victimes de la grêle. Bref cela fait beaucoup pour un seul millésime et un seul vignoble.
Cédric Carcenac, président de la Maison des Vins de Gaillac
Une baisse de production que les viticulteurs imputent aux aléas climatiques et leurs assurances ne suffisent toujours pas à couvrir les pertes.
Les assurances ne couvrent pas tout
"Aujourd'hui nos assurances, malgré la réforme qui a été engagée depuis trois ans, ne sont déjà plus adaptées à la conjoncture climatique actuelle. En résumé, entre les franchises trop hautes, les moyennes de remboursement trop basses, ces assurances ne couvrent que 30% de notre capacité à produire. C'est encore insuffisant pour sauver nos exploitations", précise Cédric Carcenac.
La production viticole 2024 en France est attendue en recul de 23% sur un an https://t.co/2k8Mq1IZHk pic.twitter.com/PRRMBtr1Xe
— Hubert MESSMER 🏃🏻♂️🧘♂️ 🎶 (@Zehub) November 9, 2024
Au total, 20% des caves coopératives sont déjà en grande difficulté économiques en France. Et un tiers des vignerons indépendants craignent pour la pérennité de leur activité. De quoi appuyer les demandes de soutien financier par l'Etat. Après le fonds d’urgence de 80 millions € pour le déjà difficile millésime 2023, la filière demande donc la relance de ce coup de pouce aux trésoreries, mises à mal par cette baisse de production.
Demande de fonds d'urgence
Annie Genevard, la nouvelle ministre de l'agriculture vient d'annoncer de nouveaux allégements de charges et des dispositifs de prêts bancaires à court terme. Mais ces dernières annonces doivent cependant être précisées. Les représentants viticoles ne savent pas si cela répondra aux besoins d'urgence de la filière.
Nous demandons des fonds d'urgence à l'Etat, comme des allégement de charges, des reports d'annuité pour soulager les trésoreries qui vont être défaillantes. On n'a pas le volume, ni la compétitivité cette année. Cela fait beaucoup pour une filière qui avait déjà été fragilisée par la baisse de consommation et la baisse du pouvoir d'achat. Il nous faut des solutions d'urgence immédiates.
Cédric Carcenac,
"Si on nous laisse tomber, ce sera dramatique. Il faut défendre notre agriculture, c'est un bien précieux. Il est urgent de réagir et de redonner une perspective à la viticulture. Il nous faut aussi une vraie stratégie de souveraineté alimentaire. Or les promesses faites l'an dernier n'ont pas été tenues" précise Cédric Carcenac, président de la Maison des Vins de Gaillac et vice-président de la FDSEA 81.
Valoriser les prix
Autre demande cruciale pour la filière, la valorisation de ses prix : même avec une petite récolte 2024 et un plan d'arrachage en cours, les premières tendances de marché ne vont pas dans le sens d'une rémunération correcte du travail accompli à la vigne.
Des difficultés qui sont relayés par les grands syndicats agricoles. Ces derniers appellent d'ailleurs à manifester dans les prochains jours. Ils seront suivis par les viticulteurs dont certains se disent à bout comme dans le Gaillacois, entre aléas climatiques et incertitudes économiques.