Lundi 16 juin, plus de 200 personnes ont déposé une plainte collective au pénal contre Philips, suite au scandale des respirateurs qui a déclenché des désagréments pour de nombreux utilisateurs. Parmi eux, une habitante de Cunac (Tarn), encore marquée par ce qu'elle a vécu. Elle témoigne.
Aude Ferri n'a pas tout de suite imaginé qu'elle était victime d'une défaillance de son appareil Philips, ce qui est aujourd'hui appelé "l'affaire des respirateurs Philips". Habitante de Cunac (Tarn), c'est une autre personne qui la met au courant des rappels des dreamstation, ces appareils qui atténuent l'apnée du sommeil. Avant ça, Aude Ferri a vécu un calvaire, démarré en 2016.
Des symptômes similaires avec d'autres victimes
Comme près de 4% de la population française, Aude Ferri souffre d'apnée du sommeil et doit s'équiper : elle opte pour l'appareil de la marque néerlandaise. "Je souffrais d'asthme allergique. Je m'étais faite opérée du nez pour être moins malade" admet-elle. Mais au bout d'un certain temps, les infections ne s'estompent pas.
En plus d'inflammations cutanées, la Tarnaise souffre. "J'ai été amenée à refaire des infections comme des sinusites, des rhinites, des maux de gorge et de tête. J'étais régulièrement sous antibiotiques, le pneumologue devait changer plusieurs fois mon traitement. C'était difficile de stabiliser mon asthme" se souvient-elle. Pendant plusieurs années, elle ne parvient pas à comprendre pourquoi rien n'évolue.
C'est en discutant avec une autre victime qu'elle a de gros soupçons, au début de l'année 2022. "J'ai été avertie par une autre personne souffrant d'apnée du sommeil. Elle m'a évoqué ce scandale alors que je sortais de chez le médecin car j'étais toujours malade" reprend Aude Ferri. "Je me suis rendue compte que d'autres personnes avaient des symptômes similaires aux miens, avec des signes évocateurs liés aux défauts de l'appareil."
Elle se rend alors compte d'une anomalie frappante. "Quelqu’un a retrouvé des tâches noires dans le tuyau de son appareil, comme moi. Je pensais que c’était de l’humidité et j’ai jeté le tuyau. Une expertise a démontré que c'était de la mousse en polyuréthane" raconte-t-elle. Une mousse potentiellement dangereuse et cancérigène. Philips était averti depuis 2008 suite aux alertes émises par un fabricant américain. Des éléments aujourd'hui en possession de la justice française.
Quelques mois plus tôt, elle reçoit un courrier d'information de son prestataire, destiné à l'ensemble des clients dont elle. Dans ce courrier, "il était précisé que je devais attendre que le prestataire vienne à mon domicile pour récupérer l'appareil et en mettre un autre en remplacement" détaille-t-elle. Elle ne pouvait donc pas le rendre d'elle-même. Aude Ferri elle n'y prête pas attention, "percevant cette lettre comme rassurante, sans caractère urgent", sans imaginer l'étendue des dégâts.
En finissant par apprendre qu'elle n'est pas la seule dans cette situation, sa médecin l'invite donc à mettre la pression sur son prestataire.
"Qui me dit que je ne vais pas contracter une maladie dans quelques années ?"
Aujourd'hui, Aude Ferri a changé d'appareil et n'est plus malade. Mais elle reste particulièrement soucieuse : même si elle a pu réaliser des examens rassurants sur son état de santé, elle craint pour l'avenir. "Je reste inquiète. À l'heure actuelle, je me base sur ces examens pour me rassurer. Mais qui me dit que je ne vais pas contracter une maladie dans quelques années ? Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête" se désole-t-elle.
Elle est particulièrement remontée contre Philips, qui "joue avec la vie des gens". Elle aussi a porté plainte au pénal contre le géant de l'électronique en rejoignant l'action collective menée par 217 plaignants représentés par Maître Léguevaques. "J'espère que Philips va prendre quelque chose. Ils ne peuvent pas s'en sortir comme ça sans peine ni sanction" poursuit la victime tarnaise. "Il faut que cela puisse servir d'exemple."
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L'avocat toulousain espère que cette démarche collective permettra la désignation d'un juge d'instruction. "Philips ne joue pas le jeu. Il ne transmet pas toutes les informations et nous oppose le secret des affaires. J'espère que bientôt, un juge pourra déployer toute l'armada des moyens et des procédures nécessaires pour faire apparaître la vérité" avait-il indiqué à FranceInfo.