VIDÉO. "Le film est en noir et blanc, on n'imagine pas que c'est rougeoyant" : quelle est cette étrange scène, témoignage d'un passé minier

Images fabuleuses, exceptionnelles. Sans nul doute, le premier film tourné par la société des frères Lumière dans le département du Tarn. Une petite vidéo d'une quarantaine de secondes, témoignage du passé minier de Carmaux et d'une étrange activité : la cokerie. Explications.

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Le petit film tourne en boucle à l'accueil du musée de la mine. Mais aussi sur les réseaux sociaux. Un document exceptionnel qui témoigne de l'activité minière et métallurgique à Carmaux, dans le Tarn. La séquence a été tournée, le 25 janvier 1896, par un opérateur des frères Lumière à la cokerie. Mais de quoi s'agit-il ? Nous avons posé la question à Anthony Loubière, médiateur au Musée-mine départemental.

Matière incandescente

Une petite porte s'ouvre et sort un étrange bloc fumant. Un homme active un jet d'eau tandis qu'un autre y porte des coups à l'aide d'une longue barre pour le fragmenter. "Sur le plateau de défournement, le coke brûlant est poussé hors du four. Des ouvriers l’éteignent au jet d’eau et le mettent en morceaux", peut-on lire en légende explicative de la vue n°122 du catalogue Lumière.

Mais qu'est-ce que ce défournement du coke ? Anthony Loubière, médiateur au Musée-mine du Tarn, nous explique qu'il s'agit là d'une opération qui consiste à chauffer du charbon, à l'étouffée, dans des fours pour en récupérer le carbone. "Quand on défourne, quand on sort cette matière incandescente des fours, pour éviter qu'elle ne se consume au contact de l'air, on l'arrose. On stoppe la combustion", décrypte-t-il.

Le film est en noir et blanc, on ne s'imagine pas que c'est rougeoyant. C'est vraiment une matière incandescente.

Anthony Loubière, médiateur au musée départemental de la mine

De l'aveu même du spécialiste, la scène est impressionnante. "C'est assez étrange cette matière qui sort comme cela."

Le coke, pour quoi faire ?

Ce résidu issu de la combustion du charbon s'appelle le coke. "Ça va servir pour les aciéries principalement, explique Anthony Loubière. Il apporte le carbone nécessaire pour produire l'acier. L'acier, c'est 98% de fer et 2% de carbone."

Il faut savoir que la première tentative d'installer une exploitation métallurgique dans le Tarn remonte à 1793. "On avait les aciéries à Saint-Juéry, à côté d'Albi", confirme Anthony Loubière. La société des hauts fourneaux, forges et aciéries du Saut du Tarn.

Le coke pour faire de l'acier, mais pas seulement. "On récupère des huiles, du benzol. On fait de l'engrais avec. On fait plein de produits. On fait du polyester, par exemple. On fait plein de choses avec ces résidus issus de la cokerie", précise Anthony Loubière.

La cokerie est une activité qui a perduré pendant 150 ans à Carmaux. Certes, avec le temps, elle aura été mécanisée, faisant disparaître cette scène des ouvriers arrosant au jet d'eau le résidu sortant du four pour en stopper la combustion. Une scène immortalisée grâce aux frères Lumière, fascinant et émouvant témoignage d'un passé industriel qui attise encore la curiosité.

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