TEMOIGNAGES. Flouter les images des visages des policiers, la question divise toujours en Occitanie

Sera-t-on bientôt obligé de flouter les visages des policiers avant de diffuser les images ? La mesure qui figure dans l’article 24 du projet de loi sur la sécurité globale fait débat. Elle sera examinée à l’Assemblée Nationale mardi 17 novembre.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

« C’est l’une de nos revendications depuis longtemps. On a même été les premiers à le demander » assure David Leyraud. Et le secrétaire régional adjoint d’Alliance Police de rappeler une réunion entre ses collègues de l’Hérault et Jean-Pierre Grand en décembre 2019. 

Le sénateur Les Républicains avait alors déposé en commission des lois un amendement à la proposition de loi de "lutte contre la haine" sur internet. « Initiative qui avait fait le buzz mais avait aussi attiré les foudres de pas mal de monde sur lui» se souvient le syndicaliste policier.

Une atteinte à la liberté


La nouvelle version du texte ne semble pas mieux passer notamment auprès de la Ligue des Droits de l’Homme. « Nous observons depuis quatre ans maintenant les policiers sur la voie publique et on filme » explique Marie Toustou. « On va continuer à le faire. On était sur la manifestation du 7 novembre à Toulouse. On n’a pas eu de problèmes » assure la membre de l’observatoire des pratiques policières.

« Il y a déjà des lois qui existent en ce sens » précise Jean-Luc Thomas. « Et globalement chacun de nous fait attention » signifie le reporter de C-News. « C’est une fois de plus une atteinte à notre liberté. On commence par là et puis après c’est mettre le doigt dans un engrenage très pernicieux et liberticide » prévient le journaliste de télévision.

Ne pas interdire de filmer

« La question n’est pas d’interdire de filmer l’action des policiers » se défend Didier Martinez. « Il s’agit de ne pas montrer en gros plan les visages. Les images existeront et s’il y a une enquête sur des faits avérés de dérapage des forces de l’ordre, elles seront données à l’Inspection Générale de la Police Nationale » argumente le délégué régional de SGP Police FO.

« L’IGPN, c’est un peu la famille » souligne avec humour Marie Toustou. « Nous avons nous-mêmes été victimes de violence et avons porté plainte . Et pour l’instant, rien ne bouge » atteste cette militante des droits de l’homme.

Des policiers ciblés

Mais pourquoi les policiers et leurs syndicats tiennent-ils absolument à cette mesure ?
« De plus en plus souvent, nous sommes menacés durant notre travail mais aussi dans notre vie privée. Il y a eu es affaires à Narbonne ou Béziers où les noms de policiers ont été affichés sur des murs » rappelle David Leyraud.

Et le syndicaliste de rappeler que certains de ses collègues avaient été filmés puis diffusés sur les réseaux sociaux alors qu'ils intervenaient dans une manifestation en civil à Perpignan. Clairement identifiés, ils avaient alors engagé une action en justice. "Ils avaient été déboutés mais parce que cette loi n'existait pas. Aujourd'hui si elle est votée, ça changera tout".

« Magnanville a été le cas le plus terrible, mais il y a beaucoup d’autres histoires de policiers identifiés et pris à partie, au restaurant ou pendant qu’ils font leurs courses en famille » explique Didier Martinez. « Des policiers qui habitent de plus en plus loin de leur lieu d’affectation et dont le voisinage ne connaît pas toujours la profession » rajoute-t-il.

Ne pas confondre réseaux sociaux et journalistes

Dans le viseur des défenseurs de cette loi : les réseaux sociaux. « Ils nous confondent avec ces personnes qui viennent filmer sur les manifestations et qui ne savent pas ce qu’est le droit à l’image» explique Jean-Luc Thomas. 

Pour le journaliste « on ne peut pas laissé à ces seules personnes le droit de filmer et de diffuser ce genre d’images. D’autant qu’il est difficile ensuite de remonter jusqu’à elles. »

Un an de prison et 45 000 euros d'amende

L’article prévoit jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Une sanction que la Ligue des Droits de l’Homme trouve « très lourde » comme elle l’exprime dans une lettre-pétition adressée aux députés pour s’opposer à la loi sécurité.

« Pour moi, ça crée du désordre plutôt que la sécurité » confie Marie Toustou. Et la membre de l’observatoire des pratiques policières de se demander si cette loi ne risque pas de se heurter à d’autres lois, européennes notamment.

« Et quand il y aura une manifestation de policiers devant le commissariat, comment fera-t-on » s’interroge pour conclure Jean-Luc Thomas. « On ne filmera que leurs pieds ? ». « Je ne suis pas corporatiste mais si cette loi passe, il va vraiment falloir qu’on se bouge » insiste le reporter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information