Salon de l'agriculture : toits végétalisés, parking pour champignon, Paris fait revenir l'agriculture en ville

Les initiatives pour développer l'agriculture urbaine se multiplient dans les villes. Alors que l'urbanisation fait disparaître tous les huit ans l'équivalent d'un département en surface agricole. Ruches, potagers, champignonnières... L'agriculture retrouve timidement sa place dans la cité.

Jusqu'en 1930, "80% de ce que mangeait Paris était produit dans sa banlieue" expliquaient des historiens réunis au micro de France Culture à l'occasion de l'exposition "Capital Agricole" au Pavillon de l'Arsenal en décembre 2018. Aujourd'hui on estime l'autonomie alimentaire de la capitale à trois jours seulement avec des légumes, fruits et denrées qui viennent de plus en plus loin. Faire revenir l'agriculture dans la ville, inverser la tendance n'est peut-être pas une utopie. 
70 exploitations agricoles au coeur de Paris, des ruches en Picardie, des potagers à Bordeaux...Décidément, l'agriculture urbaine a le vent en poupe.
Mais peut-elle s'imposer comme une solution d'approvisionnement durable des villes en produits de la terre ?
Dans les quartiers, ou sur les toits des immeubles, la multiplication de ces initiatives incite à y croire et à Paris aussi.
  

Dans un parking parisien, le rayon "champignons"


Après une première campagne d'appel à projets, la capitale a lancé une nouvelle édition des Parisculteurs.
Le principe de cette opération : transformer la ville, en permettant à des producteurs de s'installer dans des friches.
En 2016, 33 partenaires avaient signé une charte fixant pour objectif "100 hectares" à végétaliser. 
38 nouveaux producteurs se sont déclarés volontaires l'an dernier.

Vitrine de la gastronomie et de la qualité des produits français, Paris dispose de nombreux atouts pour construire cette politique innovante, assure Pénélope Komitès, adjointe chargée de la Nature à la mairie de Paris.

 


Des champignons, aux fraises, en passant par les légumes de saison...Loin d'être cosmétiques, ces cultures ont trouvé leur place dans la capitale.
Ainsi en est-il de La Caverne, une ferme urbaine bio installée depuis septembre 2017 en plein 18ème arrondissement.
A la place des voitures, ce sont des rangées de champignons que l'on trouve désormais dans ce parking souterrain.
A terme, la ferme devrait produire 80 tonnes de pleurotes et autres shitakés.  
Autre expérience d'agriculture à Paris : Agricool.Cette société produit des fraises par hydroponie, dans des conteneurs, aux portes de la capitale. 
La startup a levé huit millions d'euros pour développer son activité, l'été dernier.
Le signe d'une reconnaissance certaine des investisseurs, avant celle des papilles.Il faudra donc s'y faire : des potagers sur les toits, des jardins verticaux...

Et même des plantations de houblon ! La ville de Paris vient en effet de lancer un appel pour végétaliser dix sites et un kilomètre de mur, afin de produire cet ingrédient indispensable de la bière...De plus en plus souvent, elle-même, brassée en ville.
 


Des potagers dans la cité​


L'économie sociale et solidaire s'est emparée de cette activité. Sous la houlette d'une association, un jardin potager de 50 mètres-carré a récemment vu le jour dans le quartier de Mériadeck, à Bordeaux.
Au milieu du béton, tomates, choux, basilic doivent égayer les façades.
Mais pas seulement : ce potager urbain, exemple parmi tant d'autres, pourra nourrir les riverains, les passants ou les employés de ce quartier des années 70.
 
A Marseille, une association d'architectes, Terre de mars, a créé un potager sur moins d'un hectare, dans le quartier Sainte-Marthe.
Ici, pas de chimie ni de mécanisation lourde, pour produire une quarantaine de légumes par an.

On ne compte plus les ruches posées sur les toits des immeubles, en Picardie, ou ailleurs, les vergers...Et dans la terre de ces toits végétalisés, malgré le béton, il peut même arriver d'y trouver une truffe !

"Menacée" à la campagne, l'agriculture trouverait donc refuge en ville.
Une nécessité ?
Le chiffre fait frémir.
Tous les huit ans, c'est l'équivalent d'un département français, en surface agricole, qui disparaît, grignoté par l'urbanisation.

Une tendance qui pourrait ne pas s'arranger, à en croire la Fédération nationale des Safer, dans un rapport publié en 2017, cité par le site spécialisé Terre-net. D'ici à 2060, la surface agricole française pourrait avoir diminué de 8 à 9 %.
 

Rapprocher les ultras urbains des agriculteurs


Alors l'idée est de faire revenir l'agriculture en ville. Eric Boucheron habite dans le Vème arrondissement de Paris : 20.000 habitants au m2. Il veut rapprocher les ultras urbains des agriculteurs et de leur travail.

Au salon de l'agriculture de Paris, il propose un kit de culture prêt à pousser en hydroponie (culture hors-sol) : "Il va permettre de réaliser sur le rebord de votre fenêtre une culture de micro-pousses. Dans le kit, il y a le substrat que vous allez fabriquer vous-même : vous faites bouillir un litre d'eau et vous mettez une algue dedans (une gélose) qui va hydrater la plante tout au long de la germination et l'arroser." 

"C'est un procédé simple et entièrement bio. C'est une première ouverture vers le jardinage pour les ultras urbains."
 


 
L'agriculture urbaine, c'est quoi ?

Selon la FAO, l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, l’agriculture urbaine et périurbaine consiste à "cultiver des plantes et à élever des animaux à l’intérieur et aux alentours des villes" : champignons, fruits, élevages d'animaux, herbes aromatiques...
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