18 plongeurs originaires de Laval en Mayenne ont eu la frayeur de leur vie quand leur bateau a coulé en mer Rouge lors d'une excursion au large de l'Egypte. Le navire sur lequel ils avaient embarqué a coulé au petit matin du jeudi 24 octobre 2024. Ils ont été secourus par un chalutier après plusieurs heures dans l'eau. Seuls quatre d'entre eux ont pu regagner la France.
C'est à Laval que nous rencontrons deux des rescapés tout juste de retour en France dans la nuit de samedi 26 octobre au 27 octobre pour retrouver leurs familles.
François Paillard est l'ancien président du Club Subaquatique Lavallois dont sont issus tous les plongeurs.
Philippe Galodé est lui aussi membre du club de plongée et également naufragé.
Leurs sentiments se mélangent quand on leur demande comment ils se sentent après cette épreuve.
"Déjà le sentiment d'être en vie, ce qui n'était pas gagné il y a trois jours" lâche François Paillard.
On pense à nos camarades, la galère continue en Égypte pour eux
François Paillardmembre du Club Subaquatique Lavallois
Pareil pour son camarade d'infortune.
"Le retour à la maison est vécu comme la fin d'une épreuve compliquée" note Philippe Galodé.
"Le fait de retrouver ses proches, c'est quelque chose d'important" continue-t-il.
Le paradis avant l'enfer
Le voyage en Egypte était planifié depuis le mois de janvier 2024 à l'occasion du Salon de la Plongée à Paris et organisée entre camarades du club.
Ils sont partis destination l'Egypte le 18 octobre 2024.
Le début de séjour est paradisiaque dans leurs souvenirs.
"Les 4 premiers jours, c'était magnifique, c'était très beau, jusqu'à jeudi matin, dans la nuit" note François Paillard.
Des dauphins, des tortues, la vie en mer avec un groupe d'amis, c'était le rêve qui se réalisait
Philippe Galodéplongeur Club Subaquatique Lavallois
"Des fonds magnifiques, des aquariums des aquariums à ciel ouvert" sourit presque le plongeur lavallois.
Les circonstances du naufrage
"On se déplaçait sur un site, la mer était formée et on devait naviguer toute la nuit" raconte Philippe Galodé.
"Le bateau allait très fort et ce qui nous inquiétait un petit peu, c'est qu'il y avait des chocs, des heurts contre les vagues.Ce n’est pas un coucher trop rassuré." ajoute-t-il.
"A un moment, vers 3h du matin, on somnolait et mon camarade m'interpelle, il me dit, "tu ne trouves pas que le bateau est une drôle de position ?" Donc je monte à l'étage voir ce qu'il se passe. " détaille Philippe Galodé.
"Selon le capitaine, tout était sous contrôle" se souvient le plongeur lavallois.
"Au bout d'une demi-heure, le bateau a recommencé à agiter très sérieusement" note de son côté François Paillard.
"On a commencé à sortir les gilets de sauvetage. Et puis, on a supposé que ça n'allait pas s'arranger, quoi qu'en dise le capitaine" explique-t-il.
Finalement on fait ce que n'a pas fait le capitaine, c'est se tenir paré à évacuer
François Paillardplongeur Club Subaquatique Lavallois
"Ma cabine était pleine d'eau, l'eau montait. À 3h30 on a pris vraiment conscience que là, le bateau était en train de sombrer " avoue François Paillard.
"On a tous été sauvés in extremis Le bateau gîtait dur et s'est complètement renversé" poursuit le rescapé.
C'est la panique. Tout le monde a sauté à l'eau. Heureusement, chacun a réussi à mettre un gilet de sauvetage. Par contre, sans avoir le temps de récupérer nos passeports ou les moindres affaires comme les téléphones.
François Paillardplongeur Club Subaquatique Lavallois
Selon les deux rescapés le capitaine du navire est clairement déficient.
"Les membres de l'équipage on fait ce qu'il disait, mais ce ne sont pas des marins aguerris" affirme François Paillard.
"Lui, clairement, il est en défaut. Au lieu de dormir à l'hôtel, comme nous, il y a trois jours, chez nous il serait en garde à vue" continue avec force le membre du Club Subaquatique Lavallois.
Un chalutier miraculeux
Un amateurisme qui se poursuit pendant les longues heures de la dérive des rescapés à bord d'un zodiac et d'un canot de sauvetage.
Miraculeusement un des plongeurs aperçoit un navire au loin.
"À un moment, un des collègues me dit qu'il aperçoit quelque chose" se souvient François Paillard.
"Je ne voyais rien. Il ne fallait pas tomber dans le mirage. Effectivement, il y avait bien ce chalutier au loin"
Au début le capitaine du navire est réticent avec la crainte de pirates.
"Heureusement le chalutier a quand même aperçu le dôme du canot de survie orange. Il s'est dit qu'il y avait du monde à sauver. Là, il est venu vers nous" note l'ancien président du club de plongée lavallois.
Sur le chalutier, on craque tous. On n'est pas sortis de la galère, mais on est sauvés. On est en sécurité.
François Paillardplongeur Club Subaquatique Lavallois
Le sentiment de soulagement une fois à bord est énorme.
"On pleure dans les bras les uns des autres" témoigne François Paillard
"La galère se termine" rajoute Philippe Galodé.
La marine egyptienne vient ensuite les chercher au port le plus proche puis les rapatrie vers la ville d'Hurghada.
Après l’angoisse, la colère
Les deux rescapés pointent clairement du doigt l’incompétence du capitaine du bateau.
Un bateau vétuste et non assuré par la compagnie organisatrice affirment les deux plongeurs lavallois.
Je me demande si c'est réel ce que j'ai vécu. On voit des récits de naufrages à la télévision. Dire qu'on l'a vécu, je ne pensais pas ça possible
Philippe Galodéplongeur Club Subaquatique Lavallois
Lors du naufrage, Philippe et François ont pu sauver leur passeport et ainsi rentrer en France,
Mais les 14 autres Lavallois sont encore bloqués en Egypte au Caire.
Un retour en France extrêmement complexe
Leur rapatriement est digne du parcours du combattant comme en témoigne, Claire Pénard la présidente du Club Subaquatique Lavallois depuis le Caire en Egypte
"On passe notre temps dans les transports" confie-t-elle.
L'administration est extrêmement lourde en Égypte et c'est vrai que le sommeil est mauvais. On n'arrive pas à se reposer, on craque tous les uns après les autres, il faut être clair.
Claire Pénardprésidente du Club Subaquatique Lavallois
Le souvenir traumatisant du naufrage est encore présent dans l'esprit de chacun des 14 rescapés toujours bloqué au Caire.
"C'est extrêmement dur et l'évacuation du bateau a été particulièrement traumatisante pour nous tous" continue Claire Pénard, " parce qu'on a vraiment cru qu'on allait mourir"
Selon nos dernières informations au moment de la rédaction de cet article les lavallois encore bloqués en Egypte viennent d'obtenir leur laissez-passer et espèrent pouvoir rentrer au plus vite en France.
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv