Festival de Cannes 2023 : vives réactions après le discours politique de Justine Triet, Palme d’or de la 76e édition

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La réalisatrice française Justine Triet a fait réagir de nombreux acteurs politiques et du monde de la culture après la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes. Des propos politique et polémique qu'elle a expliqués après la réception de son prix, plus tard dans la soirée.

Le film "Anatomie d’une chute" à peine sacré, un discours tout juste donné, et une nouvelle polémique lancée. C’est cette histoire en trois actes qui s’est jouée ce samedi 27 mai dans le grand auditorium du Palais des festivals de Cannes.

Le discours de Justine Triet, deuxième réalisatrice française à remporter le précieux prix cannois après Julia Ducournau et son Titane présenté en 2021, a fait vivement réagir jusqu’au sein du gouvernement.

Sur scène, après avoir fait part de sa surprise quant à la remise de la Palme d'or, souligné qu'"Anatomie d’une chute" aurait pu être une série plutôt qu'un long-métrage - ce qui était initialement envisagé par la réalisatrice - Justine Triet a livré un discours politique qui s'est attaqué à la réforme des retraites portée par l'exécutif et défendu l'exception culturelle française.

Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime, de la réforme des retraites. Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante.

Justine Triet, réalisatrice de la Palme d'or 2023

Elle a pris la parole sur scène lors de la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes, retransmise en direct sur France 2 - qui a également coproduit la Palme d'or. La diffusion à la télévision et sur les réseaux sociaux a été en un record d'audience, précise l'AFP ce dimanche. Ce sont 3,16 millions de téléspectateurs qui ont suivi l'évènement, d'après des données transmises par Médiamétrie. Un pic à 3,8 millions de personnes a même été enregistré.

Elle a poursuivi : "La marchandisation de la Culture que le gouvernement néo-libéral défend est en train de casser l'exception culturelle française."

Cette notion spécifique à laquelle fait référence la réalisatrice, celle d'exception culturelle, est définie par le Conseil supérieur de l'audiovisuel - CSA - comme étant "l’instauration d’un statut spécial pour les œuvres et la production audiovisuelles visant à les protéger des règles commerciales de libre-échange. Cette mesure repose sur l’idée que la création culturelle ne constitue pas un bien marchand comme les autres."

Réponses politiques

Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture qui a récemment été interpellée par deux comédiennes et militantes de la CGT lors de la cérémonie des Molières, a rapidement répondu sur Twitter après le discours de la lauréate de la Palme d'or 2023.

Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas.

Rima Abdul Malak, ministre de la Culture

Elle se dit "estomaquée par son discours si injuste".

La ministre avait d'ailleurs annoncé un plan de financement de l'ordre de 350 millions d'euros en marge du Festival de Cannes, "La Grande Fabrique de l'image", destiné à financer pêle-mêle des studios de tournage, des formations aux métiers du cinéma ou permettant de donner davantage de moyens à des structures de jeu vidéo, d'animation, d'effets spéciaux et de post-production.

Une seule complainte, politique, celle de la réalisatrice française, au discours d’enfant gâté et si conformiste, en recevant la prestigieuse palme d’or pour son film subventionné.

David Lisnard, maire de Cannes

Le maire de Cannes a tweeté dans la soirée pour commenter le discours de la réalisatrice Justine Triet.

L'ancien président du Festival de Cannes tempère

L'ancien président du Festival de Cannes, Pierre Lescure, qui a également dirigé et fondé Canal+ en 1984 (avec André Rousselet), a livré son point de vue. 

Il rappelle que le mode de fonctionnement du Centre national du cinéma et de l’image animée, qui aide financièrement à la production cinématographique en France, ne se base pas sur la captation de fonds publics. Ces aides reposent en réalité sur un financement soutenu par des taxes qui sont affectées au CNC.

Justine Triet précise son propos

Dans la foulée de la remise de la Palme d'or, la réalisatrice a précisé son propos au micro de France Inter, expliquant qu'il y a "un glissement lent vers l'idée qu'on doit penser à la rentabilité des films."

Je vois bien qu'autour de moi, pour les gens qui démarrent, c'est plus difficile pour les plus petites productions, et la question de la rentabilité des films est une question qui est très présente en ce moment au sein des financements étatiques.

Justine Triet, réalisatrice de la Palme d'or 2023

Elle a répondu à la ministre en déclarant "qu'elle n'était sûrement pas la seule à penser comme ça".

Sur franceinfo, l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, a donné le point de cette joute verbale par médias interposés à la réalisatrice française. "Il faudrait concevoir une loi anti-trust" pour le cinéma selon lui.

L'ancien ministre de François Mitterrand a déclaré qu'elle avait eu raison de dénoncer la "marchandisation de la culture", qu'il existe "un ennemi sous-jacent", en l'espèce "le phénomène de concentration" de certains moyens de production.

Après la polémique sur la venue de Johnny Depp, celle sur les accusations de greenwashing contre un projet environnemental soutenu par le Festival de Cannes, ou l'échange houleux entre Thierry Frémaux - délégué général de l'évènement - et un policier... Le Festival de Cannes aura été le théâtre de nombreuses polémiques cette année.

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