Le maire de Nice allait-il suivre l’exemple de son collègue de Toulon, Hubert Falco, qui a quitté leur parti des Républicains ? Fin des rumeurs ce jeudi 6 mai. Dans Le Figaro, Christian Estrosi met les points sur les i : il part des LR.
Après le maire Les Républicains de Toulon, Hubert Falco, qui a annoncé ce mercredi 5 mai son départ des LR, la rumeur évoquait un autre partant : Christian Estrosi. Suite aux remous causés par le retrait de la liste de la majorité présidentielle, La Réublique En Marche, en faveur de Renaud Muselier en région Paca, il se disait que le maire de Nice en ferait autant. Le maire de Nice Christian Estrosi, était en effet favorable à ce rapprochement.
Sollicité par la presse, son service de communication avait précisé ce jeudi 6 mai que le maire de Nice réservait sa réponse et son annonce à un média national. C'est dans Le Figaro (interview pour les abonnés) qu'il s'est exprimé : il annonce à son tour qu'il quitte le parti.
Je m'en vais de LR et quitter mon parti est une décision pénible pour le gaulliste que je suis
#LR @Cestrosi au Figaro : «Je m'en vais de LR». Le maire de Nice annonce qu'il compte travailler à une nouvelle formation politique pour rassembler la droite et le centre https://t.co/XUzAGz6NSd
— Le Figaro (@Le_Figaro) May 6, 2021
Demande actée par le président du parti. "Je regrette toujours les départs, mais cette décision a le mérite de la cohérence", a, de son côté, déclaré à l'AFP le président de LR Christian Jacob.
Dans cette interview, il dénonce, "la dérive d'une faction qui semble avoir pris en otage la direction du parti" pour faire capoter le projet d'alliance entre LREM et LR aux régionales en Paca.
Je n'entends subir ni l'autorité d'un appareil politique, ni d'une autorité gouvernementale quelle qu'elle soit. Les seuls à qui j'ai des comptes à rendre, ce sont les électeurs de ma ville et de notre territoire
Cette annonce fait suite à la tempête au sein du parti de droite depuis l'annonce du soutien de la majorité présidentielle au président Les Républicains sortant de la région Renaud Muselier. Une annonce faite dimanche 2 mai par le Premier ministre, Jean Castex.
S'il se dit "gaulliste depuis toujours", Christian Estrosi déplore n'avoir "jamais subi une telle violence dans (son) parti" que lors des discussions autour de cette affaire depuis dimanche, où il assure avoir été qualifié, tout comme M. Falco, de "malfaisant".
Ce qui est malfaisant c'est de ne rêver que d'entre soi et de pactiser avec nos ennemis de l'extrême droite.
Le président de la région PACA a attendu le début de soirée pour réagir dans un tweet. Il y souligne son amitié : "Avec mon ami, nous avons gagné les régionales de 2015 en faisant face au FN ensemble. Personne ne critique notre bilan !"
Avec mon ami @cestrosi, Maire de #Nice et President de la @MetropoleNCA, nous avons gagné les régionales de 2015 en faisant face au FN ensemble. Personne ne critique notre bilan ! Nous allons gagner cette élection en 2021 et poursuivre notre action pour #NotreRegiondabord. pic.twitter.com/6y8cOufJU4
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) May 6, 2021
On peut se demander ce jeudi soir qui va porter la liste des LR dans les Alpes-Maritimes. Car, rappelons-le, cette tempête est liée aux élections pour diriger la région.
Les réactions des élus des Alpes-Maritimes
> La député des Alpes-Maritimes Michèle Tabarot nous a précisé, suite à cette annonce, ne trouver "rien de surprenant en regardant la voie que Christian Estrosi a empruntée depuis quelques mois, voire quelques années. Il avait reçu le candidat Macron avant même son élection à la présidence. C'est la suite logique de ce qui devait arriver."
> Lors de l'annonce de ce qui devait être un accord LR-LREM, le maire de Cannes David Lisnard avait fait part de son désaccord comme d'autres élus des Alpes-Maritimes. Ce jeudi soir, contacté par téléphone, il n'a pas souhaité faire de commentaire au départ de Christian Estrosi.
> Pour le maire de Villeneuve-Loubet, Lionnel Lucas, "c'est un clarification, il n'y a plus d'ambiguïté, il faut être cohérent avec ses convictions !"
Dans son intervention dans Le Figaro, le démissionnaire des Républicains demande à ses anciens "amis" de "dire clairement qu'en toutes circonstances et dans toutes les élections, ils feront barrage à l'extrême droite avant toute chose".
> Réaction de Philippe Vardon, vice-president du conseil régional et membre du Rassemblement National : "c'est l'aboutissement d'un processus qui paraissait évident depuis longtemps. Christian Estrosi et Renaud Muselier font campagne avec un slogan "Notre région d'abord". En réalité, leur slogan, c'est "Macron d'abord". On est sur une clarification, une recomposition. Le nom des candidats LR macronistes vient de tomber pour les départementales. Que va t-il se passer ?"
Suite à son accord avec #EnMarche, @RenaudMuselier vient de vivre des moments difficiles.
— Thierry MARIANI (@ThierryMARIANI) May 6, 2021
Nous avons pensé a lui en ce jour anniversaire en lui offrant un cadeau qu’il attendait depuis longtemps. ?
pic.twitter.com/nHI6ognOQ0
RPR, UMP puis Les Républicains
Le maire de Nice est une figure de la droite locale et nationale. Sous les étiquettes RPR, UMP puis Les Républicains, il a débuté sa carrière politique en 1983, comme adjoint aux sports du maire dans sa ville natale de Nice, sous les ordres de Jacques Médecin.
Il devient très vite conseiller général du département des Alpes-Maritimes en 1985, député en 1988, président du Conseil général en 2003 et enfin maire de Nice depuis 2008.
Sur le plan national
Christian Estrosi entre au gouvernement dès 2005, d'abord comme ministre délégué à l'aménagement du territoire entre 2005 et 2007, puis secrétaire d'État chargé de l'Outre-Mer entre 2007 et 2008, puis ministre chargé de l'Industrie entre 2009 et 2010.
"Macron-compatible"
À la droite toujours donc, mais considéré comme "Macron-compatible". Christian Estrosi n'a jamais caché son envie de rejoindre le parti d'Emmanuel Macron. En septembre dernier, il avait jeté un pavé dans la mare en suggérant un accord entre la droite et Macron pour l'élection présidentielle de 2022.
Pour ne pas gâcher tous les talents de la droite, passons un accord avec Emmanuel Macron pour qu'il soit notre candidat commun à la présidentielle et que ceux-ci puissent participer au redressement de notre pays"
À noter aussi qu'en 2017, il avait lancé son mouvement politique "la France audacieuse". Il ne voulait pas alors être, ni dans l'opposition, ni dans la majorité.