Procès de l'attentat de Nice. "Quand ça n'allait pas, je venais ici" : à l'aube du verdict, des parties civiles racontent leur procès

Mathieu, Shanna et Djamila, trois parties civiles du procès de l'attentat de Nice, se confient sur leur ressenti à quelques heures de l'annonce du verdict.

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Ce mardi 13 décembre en fin d'après-midi, Laurent Raviot révèlera le verdict décidé par la cour d'assises spéciale qu'il préside pour le procès de l'attentat de Nice. Après 14 semaines de procès, les parties civiles s'apprêtent à devoir sortir de leur "bulle", comme l'appelle Mathieu, partie civile au procès. Un nouveau chapitre dans la vie de ces victimes se termine.

Shanna, qui avait 15 ans quand elle a vécu l'attentat, angoisse à l'idée que ce procès soit fini : "C'est comme si j'avançais et qu'il y avait une falaise devant moi avec un gros trou. Il faut trouver quelque chose à quoi se raccrocher pour après." Son ami Mathieu est rassuré à l'idée que les fêtes de fin d'année arrivent juste après la fin du procès mais il redoute "le coup de massue peut-être en début d'année 2023" pour certaines parties civiles.

Mathieu s'est rendu au procès tous les jours depuis le début de l'audience. Shanna, quant à elle, s'y rend dès qu'elle le peut, en fonction de son emploi du temps en école de commerce. Ce procès a eu l'effet d'un "soulagement" pour Mathieu. Shanna l'a vu comme un "bouclier"

Pendant le procès, tout ce qui se passait à l'extérieur n'existait pas. J'y ai trouvé une sorte de sécurité. Chaque fois que je m'y rendais, je savais que j'allais être comprise, écoutée et conseillée psychologiquement et juridiquement. Quand ça n'allait pas, je venais ici, pour échanger avec d'autres parties civiles et les psychologues et ça allait mieux.

Shanna, partie civile

La jeune femme s'est sentie rassurée d'être entourée par des personnes qui la comprenaient "à 100%".

Quelques déceptions 

Bien qu'ils aient appris et compris beaucoup de choses durant ce procès, Mathieu, Shanna et Djamila se disent déçus de certains aspects. Djamila n'a toujours pas digéré le témoignage de Christian Estrosi. "On lui demandait juste d'assumer, de demander pardon et même quand une avocate lui a demandé clairement de le faire, il a refusé", s'emporte-t-elle. En effet, le jeudi 20 octobre, le maire de Nice avait répondu qu'il ne voulait pas demander pardon à la place de l'Etat : "Vous me demandez de demander pardon pour avoir été en charge de la sécurité des Niçois. Je vous dis très clairement que la sécurité des Niçois est assurée par la sécurité de l’État et je n’ai pas à demander pardon en lieu et place de l’État."

L'absence du terroriste, abattu par la police le soir de l'attentat, s'est aussi beaucoup fait ressentir dans les manques de ce procès. "On ne peut pas dire qu'on aurait eu plus de vérité, dit Mathieu. Là c'est simple pour tout le monde de dire que c'est un monstre mais si il avait été là on aurait pu mettre ce mot sur un être humain." Toute la lumière sur le déroulement des événements ne pourra peut-être jamais être complètement faite et c'est une chose que les parties civiles tentent d'accepter.

Entre l'absence du terroriste et les propos changeants de certains accusés, "la sentence finale va se baser sur une hypothèse, c'est ça qui me dérange", regrette Mathieu. Shanna et Mathieu sont d'accord pour dire que les avocats de la défense ont très bien plaidé pour leurs clients. Ils les ont même félicités. Mais ils ne peuvent s'empêcher d'avoir un sentiment étrange à l'idée que les accusés qui comparaissaient libres tout au long du procès vont peut-être être reconnus coupables. "On les voit à la machine à café depuis trois mois alors qu'ils vont peut-être dire qu'ils méritent d'aller en prison", soulève Mathieu. Cette proximité a eu beaucoup d'effet sur Shanna. "J'ai peur de les croiser dans le métro, explique-t-elle. J'ai l'impression de les voir tout le temps dans la rue."

Shanna et Mathieu ne s'attendaient "à rien" en assistant à ce procès. Pourtant, ils ont découvert beaucoup de choses, sur l'enquête, le système judiciaire, l'attentat, les autres victimes. De belles amitiés sont nées et elles ne s'éteindront pas au moment du verdict. De nombreux avocats des parties civiles ont parlé de la vocation réparatrice de ce procès. Shanna confirme : "Ça va m'aider à me construire. C'est un nouveau départ. Je vois ma vie comme un puzzle et grâce au procès j'ai pu placer les pièces des quatre coins qui sont celles qui font tenir le puzzle."

Attablés aux Deux Palais, le café qui fait face au Palais de justice de Paris, Djamila, Shanna et Mathieu parlent déjà de se retrouver au "prochain procès", celui qui pourrait se tenir pour juger des responsabilités quant à la sécurisation de la ville de Nice le soir du 14 juillet 2016.

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