Procès de l'attentat de Nice : Ramzi Arefa admet avoir vendu un pistolet mais nie avoir été au courant du projet terroriste

Mardi 15 novembre, Ramzi Arefa, accusé notamment d'association de malfaiteurs terroriste au procès de l'attentat de Nice, a répondu aux questions de la cour d'assises spécialement composée. Sans surprise, il continue à reconnaître une partie des faits qui lui sont reprochés mais pas tous.

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Ni révélations ni changement de versions ce mardi 15 novembre au procès de l'attentat de Nice. Alors que les interrogatoires des deux premiers accusés, Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, avaient permis d'en savoir plus sur la personnalité de l'auteur de l'attentat du 14 juillet 2016 et sur leurs liens avec celui-ci, les réponses de Ramzi Arefa n'ont rien révélé de nouveau sur les faits qui lui sont reprochés.

Le Franco-tunisien de 27 ans a toujours admis qu'il avait bien vendu un pistolet au terroriste le 13 juillet, sans savoir ce qui se tramait dans sa tête. Six ans plus tard, il maintient cette version.

Ce trafiquant de drogue a rencontré Mohamed Lahouaiej-Bouhlel lorsqu'il était à la maison d'arrêt de Nice en semi-liberté. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel faisait des livraisons à la prison dans le cadre de son travail. Lors des promenades des détenus, Ramzi Arefa lui avait demandé s'il pouvait faire entrer du cannabis avec ses livraisons. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait refusé.

De la cocaïne et un pistolet

Les deux hommes se sont ensuite retrouvés quelques mois après la sortie de prison de Ramzi Arefa. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel achetait de la cocaïne et du cannabis à Ramzi Arefa. "Ce n'était pas le client du siècle", relève l'accusé en s'adressant à la cour d'assises, voulant signifier qu'il n'était pas un gros consommateur.

Assez rapidement, après avoir pris contact avec lui pour de la drogue, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel demande à Ramzi Arefa s'il peut lui fournir un pistolet. Ramzi Arefa n'a alors jamais vendu d'armes mais accepte de lui en trouver une.

Il a d'abord l'idée d'arnaquer Mohamed Lahouaiej-Bouhlel en lui vendant une arme factice qu'une cliente souhaitait vendre. "Je ne me faisais pas vraiment d’argent sur lui, rappelle-t-il à la cour, c’est pour ça que je pensais à l’escroquer." Finalement, lorsqu'il lui propose cette arme qui tire des balles à blanc, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel se rend compte qu'elle n'est pas réelle et ne l'achète pas. Alors Ramzi Arefa se met à la recherche d'un vrai pistolet pour son client, dans l'idée de se faire de l'argent.

Sur le moment, je n'ai pas pensé aux conséquences. J’ai pensé à mon argent, c’est tout. C’est le gros regret de ma vie, mais c’est la réalité.

Ramzi Arefa

Par le biais de Brahim Tritrou, il entre en contact avec Artan Henaj, tous deux accusés dans cette procédure. Les allers-retours entre les quatre hommes et Enkeledja Zace, épouse d'Artan Henaj à l'époque et également accusée au procès, durent près d'un mois et demi.

Mohamed Lahouaiej-Bouhlel se montre très pressant pour obtenir cette arme. "Il me harcelait", dit l'accusé. A tel point qu'un jour, Ramzi Arefa se réfugie dans les toilettes du taxiphone situé dans sa rue lorsque Mohamed Lahouaiej-Bouhlel vient lui rendre visite. "Je ne voulais pas que mon frère sache que j’étais en train de faire une transaction de pistolet", déclare-t-il à la cour.

Des SMS équivoques

Le 5 juillet, Ramzi Arefa fait partie des destinataires du SMS "Ada", de la part de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, qui fait référence à une agence de location de voiture. C'est notamment ce SMS qui a permis à l'instruction d'accuser Ramzi Arefa d'association de malfaiteurs terroriste car cela pourrait signifier qu'il était au courant de la location du camion.

J'ai rien compris quand j’ai reçu ce message. C’est un téléphone où il n'y a que des tox (sic) qui m’envoient des messages donc je me suis dit que ça n'avait pas de sens. Avec lui, on avait parlé que de drogue et du pistolet. Je me suis dit que ça devait être une erreur.

Ramzi Arefa

Le 13 juillet, la veille de l'attentat, Ramzi Arefa se rend avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel au domicile du couple pour faire la transaction. Le terroriste reste sur le palier car Ramzi Arefa ne veut pas amener "n'importe qui" chez Artan Henaj.

Ramzi Arefa fait l'intermédiaire entre le fournisseur de l'arme, Artan Henaj, dans l'appartement, et le client, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, dans la cage d'escalier. A ce moment-là, il lui demande pour quelle raison il a besoin de cette arme : "Il m’a dit qu’il en avait besoin pour les petits en bas de chez lui. Je lui dis, si tu veux je peux m’en occuper moi des petits. Il m’a dit "non, c’est bon s'il faut je ne vais même pas en avoir besoin, je la mettrai en décoration chez moi"."

C'est la seule fois que le sujet de l'utilisation de l'arme a été abordé entre eux, indique l'accusé.

Le lendemain, quelques minutes avant de commettre l'attentat, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel envoie deux SMS à Ramzi Arefa pour lui commander cinq autres armes : "Salam Ramzy, je suis passé tout à l'heure au taxiphone 16 rue Marceau je t'ai pas trouvé Je voulais te dire que le pistolet que tu m'as donné hier c'est très bien, alors on ramène 5 de chez ton copain 7 rue Miollis, 5è étage c'est pour Choukri et ses amis" et "Ils sont prêts pour le mois prochain". C'est grâce à ces SMS que les enquêteurs ont identifié Ramzi Arefa, Artan Henaj et Chokri Chafroud pour les mettre en garde à vue.

Le soir du 14 juillet, il était avec ses deux frères et deux amies sur la Promenade des Anglais pour regarder le feu d'artifice, à un endroit situé à l'Est du lieu de l'attentat. Ils n'ont pas vu le camion, seulement une foule arriver en criant en panique et ils se sont rapidement rendus à leur voiture pour rentrer chez eux.

Ramzi Arefa ne répond que le 15 juillet aux SMS de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel : "c ki de koi vous parler tu te tronpe de num". A ce moment-là, il ne sait pas que c'est cet homme qui a commis l'attentat de la veille. Il admet à la cour qu'il a envoyé ce SMS pour essayer de "rattraper le coup" parce que dans le trafic de drogue - ou d'armes - il y a un accord tacite entre le client et le dealer pour ne pas parler en ces termes des transactions. "Si j’avais su [que c'était lui le terroriste], je serais parti faire le ménage, je n'aurais pas laissé la coke chez ma mère et j’aurais cassé la puce de mon tel", assure-t-il à la cour.

L'accusé a décidé de jouer carte sur table ce mardi 15 novembre, en expliquant à la cour sa logique de l'époque, celle d'un "petit con égoïste qui pensait qu'à sa vie". Une manière pour lui d'affirmer son innocence sur le volet terroriste de l'affaire. Ramzi Arefa risque la prison à perpétuité dans cette affaire.

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