Tempête Alex 1 an après : un livre pour se souvenir de "l'Alerte Rouge"

Sylvie Leluin a recueilli une centaine de témoignages qui servent de matière à son livre "Alerte Rouge". Les fonds récoltés grâce à sa vente serviront à la reconstruction de la vallée et à aider la famille de Loïc, le pompier qui a disparu dans la Vésubie lors du passage de la tempête Alex.

Comme tous les habitants des vallées, elle est très attachée à sa vallée, celle de la Vésubie. 

Sylvie Leluin publie son troisième roman "Alerte Rouge", qui fait suite à la catastrophe du 2 octobre 2020, provoquée par la tempête Alex qui a frappé les Alpes-Maritimes.

Un livre préfacé par le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. 

Elle a voulu évoquer par la force des mots la force des éléments et, à travers tous les témoignages recueillis, transmettre un message d’espérance. Les fonds récoltés serviront à la reconstruction de la vallée et à aider la famille de Loïc, l'un des deux pompiers qui a disparu dans la Vésubie et dont le corps n'a jamais été retrouvé. 

Par chance, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020, Sylvie Leluin était à Nice.

Elle n’a donc pas assisté au déluge qui a secoué la vallée de la Vésubie.

Elle est revenue au bout de 4 jours, en faisant les dernières centaines de mètres à pied et c’était encore "apocalyptique." Puis, elle a assisté avec son mari à l’exode de ces familles qui ont tout perdu en quelques heures.

Car en contrebas de son chalet, qui a une vue imprenable sur le torrent, beaucoup de personnes ont perdu leurs foyers. "C’est arrivé le week-end et il y a beaucoup de résidences secondaires, précise-t-elle, "ils ont perdu ces maisons de famille qui étaient là depuis des générations."

Derrière chez elle passe le GR, le chemin de Grande Randonnée.

Ça a été comme l’exode car c’était le seul chemin de passage et à chaque fois on a pu discuter avec les gens qui avaient tout perdu. Comme dans les films de guerre, les gens partaient. Ils partaient avec des sacs ou les déposaient devant chez nous. Ils revenaient récupérer au fur et à mesure. C’est beaucoup d’émotion. Car ils avaient tout perdu.

Des souvenirs douloureux car certains habitants ont aussi vu des personnes partir dans les flots déchaînés de la Vésubie.

Ses voisins, un peu plus haut, ont tout vu de leur chalet. Impuissants. 

Pendant près de quatre mois, elle a écouté le maximum pour pouvoir mettre ça dans son livre, une centaine de personnes : "comme un devoir de mémoire."

Même si l'auteure s'est appuyée sur de nombreux témoignages, elle a choisi d'écrire un roman très lyrique dans lequel elle fait parler la Vésubie. 

J’ai imaginé comment les gens vivent ces choses. Je l’ai fait sous forme de roman pour imaginer comment ça s’est passé.

Sylvie Leluin.

Les premières personnes qui sont remontées au Boréon lui ont rapporté ce qu’elles avaient vu, tout le paysage qui avait changé.

Lionel Lecourtier, le photographe de Saint-Martin Vésubie, lui a aussi parlé de ce à quoi il avait assisté : l’explosion du pont Maïssa.

Beaucoup d’habitants lui ont aussi parlé de cette catastrophe dans la catastrophe : la disparition d’une partie du cimetière.

« Ils m’ont dit qu’ils n’avaient plus de repères, plus de contact avec les gens qui avaient été enterrés. C’étaient des générations de famille. Les personnes qui ont perdu les tombes de leur famille, c’est comme si ils faisaient deux fois le deuil. »

Des souvenirs toujours traumatisants

"A l'époque, personne ne savait quoi faire de ces caveaux qui sont arrivés d’un seul coup. On n'avait pas d’endroit où les stocker. Personne ne peut répondre à ça car ce n’était jamais arrivé. C'était inédit."

Et des traces toujours visibles même un an après :

Ils n’ont pas retiré les cicatrices, les maisons éventrées, elles sont toujours là. C’est terrible. Ça nous replonge dans ces événements catastrophiques car on a ça sous le nez.

Jour après jour, alors qu'elle écrivait, les travaux de déblaiement se déroulaient dans le lit de la Vésubie, en bas de chez elle. Impossible de ne pas entendre le bruit des pelleteuses. 

"Ils ont fait un travail remarquable !"s'exclame-t-elle. 

Mais plutôt que de rapporter les témoignages bruts, elle a décidé de faire parler la rivière déchaînée.

Extrait : "Je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait et toutes ces énigmes me paraissaient dénuées de sens. Votre esprit industrieux a jugé mes rebords perfectibles et vous m’avez bloqué dans vos conceptions hydrotechniques, en altérant mon apparence, en me métamorphosant. Esprits humains, vous avez des besoins incessants !"

Ce troisième ouvrage de Sylvie Leluin, sorti ce 24 septembre est édité chez "Il est midi". 

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