Covid : "Qu'on nous prouve que le virus se propage plus dans les restaurants qu'ailleurs", la colère enfle à Marseille

L'arrêté préfectoral devrait être publié ce samedi soir. Les restaurateurs ont pu le consulter. Ce samedi, ils restent désabusés face à des mesures qu'ils jugent "trop restrictives et punitives". Même si en dehors d'Aix et Marseille certains pourront ouvrir jusqu'à 22h, la colère s'intensifie. 

Depuis les annonces du Ministre de la santé, les restaurateurs, patrons de bars et de salles de sport ne décolèrent pas.

Si les mesures sanitaires avaient été précisées à l'oral, les professionnels attendaient le détail dans un arrêté préfectoral.

Dans la soirée de vendredi, après une journée chargée en contestation sociale à Marseille, le préfet travaillait sur ce fameux arrêté tant attendu, qui devrait être publié ce samedi soir.

Malgré les multiples propositions des élus locaux, toutes couleurs politiques confondues, Christophe Mirmand n'est pas revenu sur toutes les mesures. Il a seulement assoupli certains points.

Une déception pour les professionnels

La fermeture des restaurants ne concerne que les villes d'Aix-en-Provence et Marseille dans la Métropole.

Dans les communes de plus de 10.000 habitants dont le taux d'incidence est supérieur à 100 pour 100.000 habitants, ils pourront rester ouverts mais seulement jusqu'à 22H.

" On est censé fermer pour 15 jours et seulement à Aix et Marseille, ce qui est bien pour les confrères, on est content pour eux", explique Laurent Ceccarini, patron de plusieurs restaurants dans le centre de Marseille.

Selon lui, ces mesures sont totalement injustes, car "seules les deux grandes villes sont punies".
  
"Les habitants des autres communes voisines dont les restaurants et bars vont rester ouverts, vont venir se faire soigner dans les hôpitaux Marseillais, les chiffres d'hospitalisations resteront élevés donc ce n'est pas très cohérent", objecte le patron du Fuxia et de la Côte de Boeuf à Marseille.

Vente à emporter et livraisons autorisées

Ce que l'on pourrait imaginer être une petite lueur d'espoir, l'autorisation de la vente à emporter et les livraisons n'en n'est pas vraiment une, selon les restaurateurs.

Cette mesure ne profite pas de la même manière à tous les professionnels.

"La vente à emporter profite aux Mac do, KFC etc... Mais pas pour nous petits artisans. Pourtant nous faisons travailler les producteurs locaux, ces mesures vont enrichir les grandes enseignes", déplore Laurent Ceccarini.

D'autant que selon lui, "ces 15 jours minimum de fermeture vont mettre à mal des trésoreries déjà bien en peine depuis le confinement".
A terme, il craint des fermetures massives de restaurants Marseillais.

"En enrichissant ces enseignes, sans nous permetttre à nous de travailler, alors qu'on respecte scrupuleusement les règles sanitaires depuis la réouverture, cela va juste être catastrophique", détaille-il.

Selon lui, "ces enseignes pourront préempter nos commerces pour une bouchée de pain et s'installer dans tout le centre. Ainsi la gastronomie locale et Française va disparaître. Cela fera aussi du tort au secteur du tourisme".

Une incohérence vécue comme une injustice

Les restaurateurs, patrons de bar et gérants de salles de sport Marseillais et Aixois en ont assez d'être pointés du doigt comme s'ils étaient les mauvais élèves et les responsables de la hausse des cas positif de Covid .

"Nous ne pouvons plus subir ces mesures", proteste Laurent Ceccarini.

D'autant que selon lui, "aucune étude tangible et chiffrée n'apporte la preuve que les bars, restaurants et salles de sport soient les lieux où se propagent le plus le virus".

Si tel était le cas, ils se conformeraient aux décisions gouvernementales, mais pour l'heure rien ne vient prouver ces affirmations.

La perte de chiffre d'affaire va être conséquente et va "entraîner des dommages collatéraux dont personne ne parle, les fournisseurs locaux, qu'il soient viticulteurs, agriculteurs, pêcheurs, élèveurs", précise Laurent Ceccarini.

 

Il n'y a aucune aide, contrairement à ce que disent les Ministres

Laurent Ceccarini, restaurateur à Marseille

Les assurances et banques ne jouent pas le jeu


Depuis des mois, les différents représentants de l'état affirment que les entrepreneurs ne seront pas oubliés. Des aides sont annoncées.

Mais pour les professionnels, "ce sont des paroles sans acte derrière".

Selon Laurent Ceccarini et ses confrères, " la seule aide véritable, c'est le chômage partiel".

"Lorsque les Ministres se succèdent dans les médias pour annoncer des exonérations de charges, ils ne disent pas la vérité. Certes, nous avons bénéficié d'exonération de charges pendant le confinement. Mais c'est parce que nos salariés étaient en chômage partiel. Mais les loyers? Nous avons continuer à les régler malgré le fait qu'aucune recette ne rentrait dans les caisses...où est l'aide"? s'agace cet entrepreneur.

Ce restaurateur est amère, comme toutes les personnes de la profession face aux banques.

"Les banques ne reportent pas les crédits, elles ne jouent pas le jeu, elles ne nous soutiennent pas du tout", désespère Laurent Ceccarini.

"Et nos assurances ne remboursent rien, d'autant que le gouvernement ferme les yeux sur cela et ne fait rien", ajoute-t-il.

Pour beaucoup de professionnels, leur assureur est AXA. Suite aux premières vicitoires remportées par certains restaurateurs, l'espoir est de mise.  L'espoir d'une jurisprudence pour que d'autres confrères touchent à leur tour les indemnités qu'ils estiment légales et légitimes.

Le PGE 

Loin de faire l'unanimité, le Prêt Garantit par l'Etat (PGE), plébiscité par les ministres n'est pas perçu par les professionnels du secteur comme une aide. 

"Une entreprise dont la trésorerie est impactée par l'épidémie de coronavirus - Covid-19 peut demander un prêt garanti par l’État, quelle que soit sa taille et son statut", détaille le site du gouvernement.

Mais dans les faits,  si aucun remboursement de prêt ne sera exigé la première année, les entrepreneurs craignent que les taux, les plus élevés, de l'ordre de 3% soient appliqués sans encadrement de l'Etat.

"Le remboursement du prêt peut s'effectuer sur 5 ans maximum", précise le gouvernement. 

Un délai qui peut sembler acceptable, "sauf si l'on est obligé de fermer encore 15 jours sans revenu, les dettes vont s'accumuler et personne ne sera en mesure de rembourser quoi que ce soit", estime Laurent Ceccarini.

Concernant la venue D'olivier Véran la veille, en visite à l'hôpital Marseillais , "la Timone". Il lui conseille "d'ouvrir des lits de réanimation et de s'occuper de l'hôpital publique en souffrance, que les impôts des restaurateurs servent à financer,  plutôt que s'imiscer dans l'économie".
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