Sur les 14 triangulaires possibles à l'issue du premier tour en Provence-Alpes,13 se sont d'ores et déjà transformées en duels, suite au retrait des candidats en troisième position, pour empêcher le RN d'avoir dimanche prochain une majorité à l'Assemblée.
Le premier tour des législatives dimanche a débouché sur 14 triangulaires possible en Provence-Alpes : huit dans les Bouches-Rhône, dont quatre à Marseille, deux dans le Vaucluse et quatre dans les Alpes du sud. Consignes des états-majors, choix personnel, le front républicain a conduit à de nombreux désistements.
Dans la cité phocéenne, trois circonscriptions macronistes sont sûres de basculer au second tour des législatives le dimanche 7 juillet. Les trois députés sortants de la majorité présidentielle ont été devancés par le Rassemblement national et le Nouveau front populaire. Ces élus déchus ont décidé de se retirer pour faire barrage au RN et éviter des triangulaires qui auraient pu lui profiter pour obtenir la majorité à l'Assemblée nationale.
France 3 Provence-Alpes fait le point sur treize circonscriptions, où un front républicain s'organise pour faire barrage au Rassemblement national arrivé en tête.
Alan Popelard (NPF) dans la 5ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône
La guerre de la gauche n'aura pas lieu dans la 5ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône, qui recouvre les arrondissements du centre, le 4ᵉ et une partie des 5ᵉ et 6ᵉ. Mûré dans son silence depuis l'annonce des résultats du premier tour dimanche soir, le candidat du Nouveau front populaire, arrivé 3ᵉ derrière le député sortant dissident, a annoncé ce lundi 1ᵉʳ juillet son retrait.
"Pas une voix ne doit manquer dimanche pour battre le candidat de l'extrême droite et gouverner le pays", a expliqué Alan Popelard. Une décision immédiatement saluée par Hendrik Davi. "Je salue le sens des reponsabilités d'Alan Popelard qui se désiste", peut-on lire dans ce poste ci-dessous, publié sur X (anciennement Twitter).
Je salue le sens des responsabilités de @APopelard, qui se retire. Aucune voix ne doit manquer contre le RN ce dimanche. Nous aurons besoin de toutes les énergies militantes pour l’emporter. J’invite @APopelard et tous les militants mercredi à 18h Place des Chartreux. https://t.co/a8vex5ksgA
— Hendrik Davi (@hendrik_davi) July 1, 2024
La gauche évite un duel fratricide qui risquait de lui faire perdre ce siège ravi par la NUPES à la majorité présidentielle en 2022. Situation inédite, les deux candidats se réclamant de l'étiquette du Nouveau front populaire étaient au coude à coude, à l'issue du premier tour des législatives anticipées ce dimanche. Distants de 565 voix seulement.
Avec 24,44% des suffrages, le député sortant Hendrik Davi, est arrivé deuxième derrière le candidat RN Franck Liquori (25,77%). Le candidat officiel du Nouveau front populaire, Allan Popelard, se classant en 3ᵉ position avec 23,32% des voix.
Jean-Luc Mélenchon avait annoncé clairement ses consignes pour le second tour, dès l’annonce des résultats mettant en tête le RN dimanche, demandant à ses candidats arrivés en 3ᵉ position de se désister, là où le RN est en position de l’emporter. "Pas une voix, pas un siège de plus pour le Rassemblement national", a-t-il affirmé. Quant au candidat de la majorité présidentielle arrivé 4ᵉ, Maxime Boudet, il a également appelé à "faire barrage à l'extrême droite".
Claire Pitollat (ENS) dans la 2ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône
La majorité présidentielle perd la 2ᵉ circonscription, conquise en 2017 à la droite. Ce sera là aussi un duel RN-NPF dans les 7ᵉ et 8ᵉ arrondissement de Marseille. Olivier Rioult est arrivé en tête avec 32,06% des suffrages, devant le socialiste Laurent Lhardit, investi par le NPF (28,49%) et la députée sortante Ensemble Claire Pitollat (27,01%). L'élue marseillaise est devancée de 870 voix par le candidat de la coalition de gauche. Elle a annoncé ce lundi sur BFMTV qu'elle laissait sa place.
"Ce qui a toujours été notre ligne de parti est de faire barrage au rassemblement national et de se regrouper autour des valeurs républicaines", a-t-elle déclaré chez nos confrères.
Avec 8,7%, la présidente de la fédération des Républicains des Bouches-du-Rhône, Laure-Agnès Caradec, n'est même pas au second tour.
Sabrina Agresti-Roubache (ENS) laisse sa place dans la 1ʳᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône
"Pas de voix pour le RN", dès dimanche soir, depuis sa permanence du 12ᵉ arrondissement de Marseille, la secrétaire d'Etat à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, amie proche du couple Macron, a reconnu sa défaite. La députée sortante (ENS) a dans la foulée annoncé son désistement en faveur de la candidate du NPF, Pascaline Lécorché, arrivée deuxième avec 26,9%, loin derrière la représentante du RN, Monique Griseti (45,5%).
"Ce soir, le choix a été clair. Évidemment, je me retire. Comme en 2022, le candidat de la Nupes l’avait fait (…) Ce n'était même pas imaginable que je puisse me maintenir dans ces conditions", a expliqué la candidate battue.
"On a mené le combat comme on a pu, on a fait face à un tsunami. Ce soir les habitants de la 1ʳᵉ circonscription ont décidé de placer l’extrême droite à 45 %", "les échecs, ça arrive, le déshonneur, on ne s’en remet jamais". a-t-elle ajouté.
En 2022, Sabrina Agresti-Roubache l'avait emporté sur Monique Griseti, par moins de 500 voix d'avance, dans cet ancien fief historique de la droite à l'est de la ville.
Lionel Royer-Perreaut (ENS) dans la 6ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône
Passé de LR à Renaissance, l'ancien maire des 9e-10ᵉ arrondissements de Marseille est emporté par la vague anti-Macron post-dissolution de dimanche. Lionel Royer-Perreaut, est arrivé 3ᵉ de la triangulaire, avec 25,13% des suffrages, derrière le RN Olivier Fayssat (38,27%) et l'adjointe au maire Christine Juste du Printemps marseillais, investie NPF (28,22%).
Distancé par 1500 voix, le député sortant a choisi de se retirer au profit de la candidate de l'union de la gauche, dans l'ancien fief de la droite, tenue par Guy Teissier de 1988 à 2022.
Immense fierté d’avoir recueilli la confiance de presque 26% des marseillais des 9eme et 10eme arrondissements
— Christine Juste 🌻 (@cjuste13) June 30, 2024
Merci à eux, et merci à tous les citoyens qui se sont levés pour cette campagne éclair
Je salue également le désistement républicain de @RoyerPerreaut
Rendez-vous…
Alexandre Beddock dans la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône
Le candidat du Nouveau front populaire de la huitième circonscription des Bouches-du-Rhône Alexandre Beddock a également annoncé le retrait de sa candidature. Il était arrivé en troisième position face au candidat du rassemblement national Romain Tonussi et au candidat Ensemble
Jean-Marc Zulesi. "Aucune voix, aucun siège pour le RN", indique-t-il sur les réseaux sociaux.
Évidemment la Lutte continue ✌️
— Alexandre Beddock (@Abeddock) July 2, 2024
Dimanche : aucune voix, aucun siège pour le RN.
Honte à tous ces candidats macronistes qui refusent de se désister quand l'ensemble des https://t.co/JC0CLFhx1y #nouveaufrontpopulaire le font sans ambiguïté.
Qui sont les vrais Républicains ? pic.twitter.com/gRihzfHzOC
Jimmy Bessaih dans la 10ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône
Le désistement de l'insoumis Jimmy Bessaih laisse la voie au seul duel RN-ENS qui sera livré en Provence-Alpes dimanche. Le candidat de l'union de la gauche est arrivé 3e au premier tour avec 20,80% des suffrages, derrière Véronique Bourcet-Giner (ENS) en deuxième position avec 21,54%. Quelque 866 voix séparent les deux candidats.
Déjà candidate en 2022, la candidate Renaissance n'avait pas atteint le second tour, dans cette circonscription qui recouvre le canton de Gardanne, longtemps terre de gauche.
Dimanche prochain, Véronique Bourcet-Giner affrontrera le député sortant RN, qui a manqué de peu la réélection avec 48,8% des voix. José Gonzalez, entré au Palais Bourbon à 70 ans en 2022, avait succèdé à l'écologiste François-Michel Lambert, élu député de la circonscription depuis 2012.
Mohamed Laqhila (ENS) dans la 11ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône
"Je ne serai pas celui qui fera élire l'extrême droite dans le Pays d'Aix". Le député sortant Modem de la 11ᵉ circonscription, qualifié pour le second tour avec 26,28% des suffrages, dans un mouchoir de poche avec Marc Pena (NPF) deuxième avec 27,54%, soit 793 voix d'écart, a annoncé par un communiqué sur les réseaux sociaux ce lundi qu'il abandonne la course.
L'ancien maire de Cabries, ex-LR, Hervé Fabre-Aubrespy, représentant le RN est arrivé largement en tête avec 38,9% des voix.
"Malgré (son) appel par vie de presse et par téléphone à Marc Pena" pour qu'il se retire", précise-t-il. Il laisse au candidat de gauche "la responsabilité de son choix et de ses conséquences".
"Je suis le seul capable de rassembler un front républicain", a déclaré le candidat NPF sur France 3 Provence-Alpes, estimant qu'il a encore beaucoup de voix à trouver, ajoutant "je peux et je vais gagner".
Sylvie Viala (ENS) dans la 2ᵉ circonscription de Vaucluse
En tête du premier tour comme en 2022, quand elle a raflé la 2ᵉ circonscription à la droite pour le RN, Bénédicte Auzanot est en ballotage très favorable avec 45,95% des suffrages. Elle devance de 20 points le candidat UG, Patrick Blanes (24,85%).
Arrivée troisième, et en capacité de se maintenir avec 19,40%, Sylvie Viala (ENS) s'est retiré pour "donner un maximum de chance" au candidat de gauche.
Un duel qui s'annonce difficile pour le challenger, dans cette circonscription qui engloble Cavaillon, l'Isle-sur-la-Sorgue et Caumont-sur-Durance où le RN fait traditionnellement de très bons scores.
Adrien Morenas dans la 5ᵉ circonscription de Vaucluse
Très largement en tête du premier tour dimanche, dans cette circonscription entre Carpentras et Apt, la candidate RN, Catherine Rimbert, a totalisé 45,03 % des voix. Cécile Celce investie Nouveau Front Populaire, est arrivée en deuxième position, loin derrière, avec 27,16 % des voix. Le député sortant, Adrien Morenas, candidat de la majorité présidentielle, s'est classé 3ᵉ avec un score de 20,29 % lui permettant de se maintenir.
Le candidat Ensemble a annoncé son retrait ce lundi pour que le RN ne réalise pas le Grand Chelem dont il rêve dans le Vaucluse. "Il en va de mon devoir de me retirer. Je donne priorité au barrage" a-t-il déclaré. "J’appelle à soutenir la candidature de Céline Celce. La 5ᵉ circonscription était la seule qui n’était pas RN. Je me dois de faire en sorte que cela resta ainsi, la 5ᵉ circonscription. Nous devons faire barrage pour que le RN ne gagne pas les cinq circonscriptions de Vaucluse".
Pascale Boyer dans la 1ʳᵉ circonscription des Hautes-Alpes
Le Rassemblement national a marqué des points dans le département des Hautes-Alpes, se plaçant en tête de la 1ʳᵉ circonscription, où Marine Le Pen a missionné un proche conseiller, le sondeur Jérôme Sainte-Marie qui obtient 38,24% des suffrages, pour sa première campagne électorale. Il devance la première secrétaire départementale du PS, investie NPF, Marie-José Allemand (30,47%), et la députée sortante Renaissance Pascale Boyer (22,58%).
Vainqueur du PS en 2022, l'ex-socialiste devenue macroniste, Pascale Boyer, a décidé de se retirer dès dimanche soir, à l'annonce des résultats pour faire barrage au RN. Si ses 9300 électeurs se reportent majoritairement sur le candidat de la gauche, le RN ne parviendra pas à faire basculer la circonscription.
Sébastien Fine (ENS) dans la 2ᵉ circonscription des Hautes-Alpes
Arrivé 3ᵉ du premier tour (26,70%), Sébastien Fine (ENS) a attendu d'avoir un échange avec l'équipe de campagne pour annoncer dans la nuit de dimanche à lundi, par voie de communiqué son désistement au profit de la candidate UG Valérie Rossi (32,7%). "Nos valeurs progressistes et humanistes nous poussent à faire un choix de raison. Pour cela, nous ne maintiendrons pas notre candidature pour le second tour. Pas une voix ne doit aller au Rassemblement National", a-t-il déclaré.
Le RN Louis Albrand est arrivé en tête avec 33,9% des voix, dans cette circonscription, fief depuis 2002 de Joël Giraud, maire de l'Argentrière-la-Bessée, radical de gaude devenu marcheur, qui a renoncé à briguer un cinquième mandat.
Les 10 338 électeurs de la majorité présidentielle du premier tour sont en position de jouer les arbitres dimanche prochain.
Benoit Gauvan (ENS) dans la 1ʳᵉ circonscription des Alpes-de-Haute-Provence
Le maire d'Oraison, candidat Ensemble, a recueilli 19,35% des suffrages, en capacité de se maintenir pour le second tour mais "trop loin en termes de score" pour avoir des chances de l'emporter dimanche. Il se retire au profit de l'écologiste Félix Blanc, arrivé deuxième avec 27,26%.
"Merci à Benoit Gauvan pour son désistement et son appel à voter pour nous afin de faire front républicain conte le RN", a réagi le candidat investi NPF sur X (anciennement Twitter) :
Nous sommes qualifiés pour le second tour des élections législatives anticipées avec 27,26% des suffrages exprimés.
— Félix Blanc (@BlancFelix) June 30, 2024
Merci à toutes et tous
Merci à Benoit Gauvan pour son désistement et son appel à voter pour nous afin de faire Front Républicain contre le RN.#legislatives2024 pic.twitter.com/fCMo9dSTsX
Elu il y a deux ans, le député manosquin sortant de 72 ans, Christian Girard, leader du RN dans le département, est arrivé largement en tête avec 44,2% des voix.
Au second tour des législatives de 2022, il l'avait emporté sur la candidate Nupes Delphine Bagarry.
Dominique Blanc dans la 1ʳᵉ circonscription des Alpes-de-Haute-Provence
Suspense maintenu jusqu'à ce mardi 2 juillet dans cette circonscription. La candidate de la majorité présidentielle, arrivée en 3e position avec 22,69% des suffrages, a fait attendre sa décision. Elle se retire bien au profit du député sortant LFI Léo Walter, investi par le NFP, placé 2e du premier tour (32,99%), mais elle ne donne pas de consigne de vote à ses 10 162 électeurs.
"Pour faire suite au consignes nationales du parti Renaissance ainsi qu'après avoir réuni mon équipe ce lundi j'ai décidé comme annoncé préalablement de faire ma déclaration ce jour en indiquant mon désistement sans consigne de vote pour le deuxième tour", a-t-elle précisé dans son communiqué.
La maire de Barcelonnette, Sophie Vaginay, candidate de l'union de l'extrême droite représentant l'alliance RN-LR, est arrivée en tête dimanche, recueillant 40,89% des voix.
En 2022, Léo Walter l'avait emporté au second tour face à l'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, macronniste de la première heure. L'ancien maire de Forcalquier (2001 à 2017) avait été élu député sous l'étiquette PS en 2012 avant d'être réélu en 2017 sous les couleurs de la majorité présidentielle.