"On fait de la psychiatrie de guerre" : un syndicat réclame une "zone de santé prioritaire" dans les quartiers Nord de Marseille

Fermetures de lits, manque de personnels, problèmes d'hygiène, de stationnement… le syndicat Sud Santé de l'hôpital Édouard Toulouse, qui alerte depuis des années sur la dégradation des soins en psychiatrie dans les quartiers Nord de Marseille, demande la création d'une "zone de santé prioritaire".

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Le "manifeste", en date du 4 septembre, a été envoyé tous azimuts, aux services de l'État et des collectivités locales ainsi qu'aux élus locaux. Sud Santé y dépeint "un contexte alarmant" que traverse l'hôpital Édouard Toulouse dans les quartiers Nord de Marseille. "Si on coule, toute la société en pâtira" commente Kader Benayed, porte-parole du syndicat majoritaire de l'établissement, "on ne pourra pas dire que l'on n'avait pas prévenu".

"C'est notre mort qui s'accélère" 

Depuis de nombreuses années, l'organisation syndicale dénonce une psychiatrie à deux vitesses, du fait de la sectorisation des hôpitaux qui pénalise des quartiers déjà lourdement stigmatisés. Le centre hospitalier Édouard Toulouse, outre le centre-ville et les communes de Septèmes-les-Vallons et des Pennes-Mirabeau, couvre en effet l’ensemble des quartiers au Nord de Marseille. Fermetures d'unités de soins, insécurité des soignants, exode des personnels vers des établissements plus attractifs, problèmes d'hygiène, de transport, de stationnement... Les professionnels se mobilisent régulièrement pour dénoncer une dégradation de la qualité des soins prodigués aux patients.

"N'en déplaise à la direction de l'hôpital, je maintiens que nous faisons de la psychiatrie de guerre", explique Kader Benayed, "par manque de moyens, nous devons prioriser les patients en crise. Quand on les renvoie chez eux, ce n'est pas qu'ils n’ont pas besoin d'être soignés, mais qu’il y a plus urgent et plus grave qu'eux". Sortir des discours convenus, montrer la réalité de la santé mentale dans des zones déjà fragilisées par la pauvreté et l'exclusion sociale : le syndicaliste en fait son credo. Il tient à rappeler que derrière de nombreux drames qui alimentent les faits divers se cachent souvent des personnes en manque de soins. "Dans l’indifférence, c'est notre mort qui s'accélère. Pourtant, l'hôpital psychiatrique dans nos quartiers est le réceptacle de tous les maux de la société et le dernier sas avant le néant".

Une "zone de santé prioritaire" 

Toxicomanes, sans abris, fichés S, détenus, patients contraints (dont le préfet a ordonné l'hospitalisation), un public spécifique que le centre hospitalier Edouard Toulouse se doit d'absorber en plus du flux quotidien, sans en avoir les moyens, affirme Kader Benayed. Définir une "zone prioritaire de santé", à l'instar du REP (réseau d'éducation prioritaire) dans l'enseignement, permettait selon Sud Santé de lutter contre les inégalités entre les territoires et de faciliter l'accès aux soins.

Nos équipes mobiles ne peuvent pas compenser le manque d'hospitalisations. On perd de vue des patients au détriment de leur propre santé et de la société."

Kader Benayed, syndicat Sud Santé du Centre hospitalier Edouard Toulouse

France 3 Provence-Alpes

Cette zone pourrait alors bénéficier de moyens supplémentaires proportionnés aux besoins et de primes incitatives pour les personnels soignants. "Nous avons écrit à tous les services du mille-feuille administratif, car la psychiatrie, c'est l'affaire de tous, conclut le syndicaliste, il ne s'agit pas de stigmatiser la population déjà vulnérable de nos quartiers, mais de lui venir en aide de toute urgence".

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