Deux mois après l'assassinat de l'enseignant Dominique Bernard dans son lycée d'Arras par un ancien élève radicalisé, la sécurité des établissements scolaires reste un sujet sensible. La Région Provence Alpes Côte d’Azur veut renforcer ses dispositifs dans les lycées.
Deux mois après l’attentat terroriste perpétré dans un lycée d’Arras (Pas-de-Calais) le 13 octobre dernier et suite aux injonctions à agir du ministre de l'Éducation Gabriel Attal au lendemain du drame, le sujet de la sécurisation des établissements scolaires demeure préoccupant.
Dans les 172 lycées placés sous sa responsabilité, la Région Paca affirme redoubler d'efforts : " la sécurité est une priorité depuis 2016," selon Véronique Borré, vice-présidente de la Région Paca en charge de la sécurité, qui fait le point sur les actions engagées ou à venir.
La reconnaissance faciale revient sur la table
Suite à l'intrusion dans le collège-lycée Gambetta d'Arras qui a conduit à l'assassinat de Dominique Bernard, Renaud Muletier a ressorti la reconnaissance faciale des tiroirs et la brandit comme la solution toute trouvée pour contrôler efficacement l'accès aux établissements. L'expérimentation menée au sein de deux lycées de la région, les Eucalyptus à Nice et Ampère à Marseille, avait été retoquée par la CNIL en 2019.
L'arsenal des portiques virtuels, à l’époque jugé "disproportionné", serait-il aujourd’hui proportionné à la menace ? Le président de la région demande en effet à la CNIL de revoir sa copie." Nous avons adressé plusieurs courriers au ministre de l'Intérieur, au ministre de l'Éducation nationale et à la présidente de la Commission informatique et libertés en novembre" explique Véronique Borré, dans l'optique de relancer une phase de test permettant de "voir si cela contribue à renforcer la sécurité " dans deux ou trois établissements. Courriers à ce jour resté sans réponse, précise la vice-présidente.
La lutte contre les radicalisations au calendrier
L’assaillant de l’attaque au couteau à Arras était un élève radicalisé qui a fini par passer à l’acte, tuant un professeur. Voilà de quoi presser le pas de la Région dans son projet de formation des personnels contre les radicalisations. Une convention expérimentale ayant été signée le 13 novembre de la main de la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache, "nous allons être la première collectivité pour laquelle des policiers et des gendarmes vont former nos personnels sur les signes qui doivent alerter" détaille Véronique Borré, "sur comment réagir, comment se mettre en protection et mettre en protection les personnes dont on assure la sécurité". La formation sera dispensée, dit-elle, par le Camp des Milles et s'adresse aux détenteurs d'autorité de la fonction publique.
Des bornes d'appels d'urgence en 2024
Dès janvier 2024, dix établissements testeront des bornes d'appels d'urgence installées à terme dans tous les lycées, sur les parvis ou devant les grilles, tandis que les locaux seront équipés de boutons d'alerte pour prévenir directement les forces de l'ordre en cas d'agression ou d'intrusion.
La vice-présidente indique que ces bornes d'appel seront équipées de caméras "permettant d'avoir un visuel à 360 degrés autour du site depuis lequel elles seront activées" et reliées directement à la police municipale ou nationale, ou suivant la localisation, à la gendarmerie.
Les dispositifs anti-intrusion
Pour l'élue en charge de la sécurité à la Région, "l'attentat d'Arras, mais aussi et surtout les événements internationaux, ont conduit à la multiplication des alertes" dans les lycées, ciblés par des alertes à la bombe à répétition qui "contribuent aussi à l'entreprise de déstabilisation". Gérés directement par les préfets de chaque département, ces épisodes dans "un contexte qui force à la vigilance" ont permis de tester l'ensemble des dispositifs existants : caméras de vidéosurveillance, alarmes anti-intrusion, sas anti-intrusion, et surtout les Plans particuliers de mise en sécurité communs à l'ensemble du territoire, déclenchés en cas d'intrusion de personnes malveillantes, d'attentats ou toute forme d’attaque armée, de violences au sein ou aux abords de l’établissement.
La "garde régionale" à Marseille et Arles
La "garde régionale" des lycées qui existe depuis plusieurs années est constituée de 174 médiateurs qui assurent une présence aux abords des établissements. Depuis la rentrée 2023, à titre expérimental, ce dispositif a été renforcé par des éducateurs, à Arles et à Marseille, l’objectif étant de lutter contre les conduites à risques, "désamorcer des violences, des problèmes de drogue", et "proposer un suivi éducatif personnalisé" conclut Véronique Borré, qui souligne la nécessité d'apaiser les situations.