Ancienne figure des Républicains passé à l'extrême-droite, connu pour sa ligne dure et ses amitiés sulfureuses, Thierry Mariani a échoué dans son exercice d'équilibriste à la conquête des voix du RN et de la frange droite des Républicains en Paca, battu par le LR Renaud Muselier.
Après une semaine de rebondissements, la nouvelle est tombée dès 20 heures, avant même les résultats définitifs : le président LR sortant de la région Paca Renaud Muselier l'emporte largement face au Rassemblement national au second tour des régionales.
Thierry Mariani fait mentir les sondages, qui le donnaient en tête du premier mais aussi du second tour. Le front républicain, taillé pour faire barrage au RN, a rempli son rôle, en dépit d'une abstention record.
Cet ex-élu LR, connu pour sa ligne dure sur la sécurité et l'immigration, ses influences et amitiés sulfureuses à l'international, n'a pas réussi à offrir au RN sa première région, celle que Marine Le Pen espérait utiliser comme marchepied pour la présidentielle 2022.
Il ne répare pas plus la blessure de 2015, où Marion Maréchal-Le Pen s'était aussi heurtée au barrage du front républicain en tentant d'emporter la région Paca.
En duel contre son ancien allié, Renaud Muselier
"Je suis le seul candidat à droite véritablement anti-Macron, a-t-il fièrement répété pendant la campagne. Vous avez Sophie Cluzel, la candidate LREM officielle. Et vous avez Renaud Muselier, candidat de droite Macron-compatible."
La président sortant LR de la région ayant voulu faire alliance avec la candidate LREM, Thierry Mariani avait pourtant trouvé une faille en se posant comme le candidat anti-macron, "gaulliste" et représentant les vrais électeurs de droite trahis par Muselier.
Le couac autour de l'investiture de son adversaire, un ancien allié qui a d'ailleurs été son directeur de campagne en 2010, bénéficie alors à Thierry Mariani qui gagne immédiatement dix points dans les sondages, de 29 à 39% d'intentions de vote.
Les deux hommes se sont longtemps cotoyés au sein du RPR, de l'UMP puis des Républicains, avant que Mariani ne parte à l'extrême-droite en 2019. Ses positions et ses amitiés controversées à l'international lui valaient d'être marginalisé depuis quelques années, puis courtisé par le parti de Marine Le Pen.
Pour celle qui voudrait faire de la région Paca son laboratoire politique avant la présidentielle de 2022, Mariani avait tout du candidat idéal : une ligne dure à droite, une longue expérience politique, et un ancrage local sur lequel il a toutefois été bousculé pendant la campagne.
Positions dures et amitiés sulfureuses
Né à Orange en 1958, Thierry Mariani s'engage dès 1976 au RPR de Jacques Chirac. Il gravit tous les échelons : maire de Valréas, député du Vaucluse, où il est la bête noire du maire FN d'Orange Jacques Bompard, conseiller général puis conseiller régional.
En 2010, le Premier ministre François Fillon lui confie les Transports. Un atout pour qui veut conduire la Région, une collectivité compétente en la matière. Pourtant, il aura préféré baser sa campagne sur des arguments sécuritaires, surfant sur les préoccupations des habitants en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
À cette époque, il incarne déjà l'aile dure des Républicains, après s'être fait remarquer pour des positions radicales sur l'immigration et la sécurité, proposant par exemple d'instaurer des tests ADN pour les candidats au regroupement familial.
Dans les années qui suivent, il assume aussi ses positions internationales pour le moins sulfureuses. Thierry Mariani est un promoteur zélé de Vladimir Poutine en France, qui défend notamment l'annexion de la Crimée. Ardent défenseur de Bachar-al-Assad, il lui rend aussi visite à plusieurs reprises pendant la guerre civile.
Aujourd'hui député européen, il a l'oreille attentive de Marine Le Pen, dont il élabore le volet "international" de sa campagne présidentielle de 2022.
"C'est un des seuls à avoir franchi le Rubicond, glisse un ancien attaché parlementaire de droite. Tourner casaque après 30 ans au RPR, à l'UMP et chez Les Républicains, c'est quasiment du jamais vu !"
Il se murmure qu'il pourrait bien obtenir un poste aux Affaires étrangères si la patronne du FN venait à emporter l'Elysée.
Il lui faudra sans doute attendre alors que Marine Le Pen, a donné "rendez-vous au Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin".