Règlement de comptes à Marseille : un collectif de familles assigne l'Etat en justice face aux trafics de drogue

Une cinquante de familles réunies dans un collectif a saisi la justice administrative, lundi, pour contraindre l'Etat à agir face aux trafics de drogue qui ont fait plus de 40 morts à Marseille depuis le début de l'année.

Marseille a connu 89 faits d’homicide ou de tentative d’homicide liés au narco banditisme depuis le début de l'année, selon les chiffres du parquet de Marseille au 1er septembre : 42 morts et 109 blessées. Un record. En huit mois, c'est plus qu'une année entière en 2022 (37 morts) et en 2021 (39 morts). Cette escalade de la violence a poussé un collectif de familles à saisir la justice administrative, assignant l'Etat pour le contraindre à agir, selon une information du Parisien du 5 septembre, confirmée par France 3 Provence-Alpes.

Un référé-liberté a été déposé lundi devant le tribunal administratif de Marseille "pour obtenir le retour de l’État de droit dans les quartiers abandonnés", selon une information recueillie par le quotidien auprès de Me Mathieu Croizet, avocat des 52 requérants du collectif.

Une démarche inédite

"J'en ai marre d'aller voir des mamans, de les voir pleurer et de leur dire : toutes les condoléances pour votre enfant". Chef de file de ce combat des habitants des quartiers Nord depuis la mort de son frère dans un règlement de compte en décembre 2020, Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience, est à l'initiative de cette démarche inédite. Les familles qu'il accompagne en ont assez de manifester et de faire des marches blanches pour dénoncer la violence, les morts et l'insécurité qu'elles vivent au quotidien dans ces quartiers. 

"On ne va pas sauver Marseille en balançant des milliards pour rénover quelques écoles, avec 'Marseille en grand', c'est pas ça qu'il faut. Ce qu'il nous faut, c'est le retour de la police de proximité, le retour des services publics, et surtout le retour de la considération des habitants des quartiers populaires", insiste le jeune homme.

"On a appris à vivre avec ça et c'est terrible"

Parmi les 17 demandes listées dans le référé, Amine Kessaci met en avant, entre autres, de "remettre de vrais moyens dans la douane" pour contrôler les containers et stopper l'arrivée de la drogue par le port. 

"On a appris à vivre avec ça et c'est terrible, on a banalisé ces faits, quand il y a un mort, on dit "encore un petit qui est mort", et on oublie que ce sont des enfants, qu'il y a des familles derrière ça", estime le jeune militant associatif.

Première étape de cette procédure, le référé-liberté doit être jugé recevable par le président du tribunal administratif, c'est-à-dire qu'il considère qu'il y a urgence et atteinte à une liberté fondamentale. La décision peut tomber d'un jour à l'autre. Une audience doit se tenir assez rapidement sous 48 heures, précise Me Mathieu Croizet à France 3 Provence Alpes. Pour l'avocat, l'urgence est démontrée.

"On est à 40 morts violentes à Marseille, en dix ans, on a doublé le chiffre."

Me Mathieu Croizet, avocat

à France 3 Provence-Alpes

"En 2013, on avait 21 morts, et on considérait que c'était déjà trop", rappelle-t-il. L'urgence est d'autant plus forte que la prolifération de la violence ne cesse de s'étendre sur le territoire. "Au début, on pensait que c'était une épidémie marseillaise, mais en fait, on voit que c'est une pandémie parce que ça se propage à Nîmes, Béziers, à Nantes, Toulouse, Grenoble, dans la grande ceinture parisienne, résume Me Croizet, aujourd'hui, vous avez des problèmes dans toutes les grandes métropoles françaises".

Si elle aboutit, cette assignation pourra servir d'exemple et faire tache d'huile dans d'autres villes dont les quartiers sont gangrénés par les trafics de drogue et la guerre des gangs. A Cavaillon, Avignon, ou Arles, mais aussi au-delà de la région, comme on l'a tristement constaté encore récemment à Nîmes.

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