Alors que la flamme olympique arrive à Marseille ce mercredi, Clean my Calanques demande si des fleurs "en plastique" ont été installées dans les rues à cette occasion. Ce n'est pas le cas... même si les fleurs artificielles filmées par le président de l'association Éric Akopian ont un impact bien réel sur l'environnement.
"Par pitié, ils font exprès de mettre des fleurs en plastique au bord de l'eau ?", s'emporte Éric Akopian, dans une vidéo devenue virale ce dimanche 5 mai sur Instagram. "Ils ont pas fait ça pour l'arrivée de la flamme ?", relance le fondateur de l'association Clean My Calanques en ramassant de fausses des fleurs de cerisier sur les trottoirs près de la cathédrale de la Major, dans le 2ème arrondissement de Marseille.
Supprimée ce lundi après-midi, la vidéo avait immédiatement suscité un torrent de réactions indignées : "C'est une blague ?", lisait-on dans les commentaires. "La prochaine fois, (mettez des) arbres en plastique direct c'est plus pratique", ironisait un autre internaute.
Des fleurs en rayonne pour attirer les passants
En réalité, les fausses fleurs de cerisier n'ont rien à voir avec l'arrivée de la flamme olympique à Marseille ce mercredi. Un événement auquel Clean my Calanques à déjà exposé son refus de participer pour des raisons écologiques : l'association dénonce la fabrication de nombreux "goodies" en plastique ou la présence de Coca-Cola parmi les sponsors.
Des fleurs artificielles ont déjà été accrochées dans les mêmes arbres au cours de l'été 2023. Il s'agit d'une initiative de l'association des commerçants des Voûtes de la Major "afin de rendre les magasins, les cafés et les restaurants plus attractifs de mai à septembre", indique Sandra Chalinet, coordinatrice chez Oiko, la société en charge de la gestion du centre commercial. Les fleurs ont été installées dans les arbres avec l'accord avec la Ville, qui a délivré les autorisations nécessaires", poursuit-elle.
Par ailleurs, ces fleurs ne sont pas en plastique... mais en rayonne, une fibre textile tirée de la viscose, assure encore Sandra Chalinet. "Ce matériau est produit avec des fleurs de soie fixées sur des tiges de bois sur les arbres par un serre-câble, sans perçage ou détérioration, et l'ensemble est recyclé à la fin de l'été", défend encore la coordinatrice.
Une vraie pression sur l'environnement
Mais ces fausses fleurs ont un impact bien réel sur l'environnement. D'abord, "la fabrication de la rayonne implique un procédé chimique polluant, sans parler des colorants toxiques utilisés, même si ce matériau est sans doute préférable au plastique", rappelle Éric Akopian.
Le fondateur de Clean my Calanques s'inquiète aussi pour les écosystèmes marins : "Les poissons qui vont s'étouffer en mangeant les fleurs, vous pensez qu'ils vont nous remercier d'avoir mis de la rayonne plutôt que du plastique ?", ironise-t-il.
En fait, les poissons "ne vont probablement pas brouter volontairement ces fleurs artificielles. Ils savent distinguer leurs proies", tempère Thierry Perez, directeur de recherches à l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie Marine et Continentale (IMBE). Mais ils peuvent ingérer ces fleurs par accident, quand elles se dégradent et qu'elles se mélangent à des algues par exemple."
C'est une pression supplémentaire sur les écosystèmes, même si ses conséquences exactes ne sont pas encore bien connues.
Thierry Perez, directeur de recherches à l'IMBE
à France 3 Provence-Alpes
Impact écologique, esthétique... Ce n'est pas la première fois que les fleurs artificielles dans l'espace public font polémique. Le 9 février dernier, un vœu demandant la rédaction d'une charte pour encadrer leur essor a d'ailleurs été adopté à l'unanimité au Conseil de Paris.