Emmanuel Macron était venu en 2021 pour lancer l'acte I du plan "Marseille en grand", devant aider la deuxième ville de France à combler son retard dans de nombreux domaines, éducation, logement et transports. Le point sur les chantiers deux ans après.
Deux ans après le lancement de l'acte I du plan "Marseille en Grand", le chef de l’État est de retour dans la cité phocéenne à partir du lundi 26 juin pour trois jours. Le président de la République devrait faire de nouvelles annonces sur des dossiers prioritaires dans la deuxième ville de France comme la sécurité, les écoles, la santé, les quartiers, les transports, le logement... Le maire de gauche Benoît Payan se félicite des "efforts exceptionnels" engagés depuis deux ans, mais attend du chef de l'État qu'il maintienne cette dynamique. L’Élysée de son côté affirme que"90 % des projets annoncés ont été lancés". France 3 Provence-Alpes fait le point sur les principaux chantiers engagés.
La rénovation des écoles
Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, c'est le dossier prioritaire de la nouvelle municipalité. Un chantier pharaonique chiffré par la ville à 1,2 milliard d'euros pour rénover à terme 174 écoles sur les 472 établissements à la charge de la Ville.
Avec l'acte I du plan "Marseille en grand", Benoît Payan a obtenu un soutien exceptionnel de l'État à hauteur de 400 millions d'euros, auxquels s'ajoutent 650 millions d'euros en garanties d'emprunt, indique le site de la mairie.
La venue d'Emmanuel Macron cette semaine est l'occasion d'un point d'étape des 28 chantiers de rénovation lancés à ce jour.
En 2022, trois groupes scolaires ont déjà été livrés dans les quartiers sud : Parc Dromel (9e), Sainte-Marguerite (9e) et Vallon-Régny (9e). Trois écoles le seront d'ici la fin de l'année : la maternelle et la primaire du groupe scolaire Saint-Louis (15e) et la nouvelle école de la rue des Abeilles (1er) qui ouvrira ses portes à la prochaine rentrée.
19 chantiers sont en cours ou lancés en 2023, principalement dans les quartiers Nord et 70 études sont également programmées cette année sur les prochains chantiers, selon la Ville.
Outre ces rénovations d'école, le plan "Marseille en grand" s'accompagne d'un volet pédagogique qui inclut:
- une expérimentation dans 59 "écoles "innovantes" dont les directeurs peuvent mener des projets en autonomie avec leur équipe pédagogique,
- la création de 10 micro-collèges et 10 micro-lycées sur le modèle de deux structures déjà existantes à Marseille pour mieux accompagner les élèves décrocheurs.
Pour les syndicats CGT, FSU, Solidaires, FO et CFE-CGC qui appellent à un rassemblement devant la préfecture de région lundi à 17H30, les comptes n'y sont pas. "Marseille fait de Marseille le laboratoire du néolibéralisme à l'école et ailleurs", estime la FSU dans un tweet.
Les transports en commun
Se déplacer d'un bout à l'autre de Marseille avec les transports en commun est une gageure. La ville de 870.000 habitants, 2,5 fois plus étendue que Paris, dispose de deux lignes de métro et d'un tramway dont l'extension est programmée jusqu'à la Castellane au nord et à la Rouvière au sud.
15 projets prioritaires identifiés sur l'ensemble du territoire ont été lancés, dont "les 2/3 concernent directement les quartiers Nord", selon la métropole : création de 4 lignes de tramway et de 5 lignes de bus à haut niveau de service, automatisation et accessibilité du métro, l'accélération de la mise en place d'un "RER à la marseillaise".
Pour désenclaver les cités, le tramway sera ainsi prolongé au nord jusqu'à la Castellane avec 13 nouvelles stations. Mais les Marseillais de ces quartiers excentrés devront attendre 2029 pour la mise en service.
Le budget estimé est de deux milliards dont la moitié financée par le volet "modernisation des transports" du plan Marseille: 256 millions d’euros de subventions et 744 millions d’euros d’avances remboursables inscrites dans la loi de finances 2022. Pour la présidente LR de la métropole, Martine Vassal, chargée des transports, il faudrait doubler la subvention de l'État à 500 millions d'euros.
La lutte contre les trafics
200 policiers dès 2022, en plus des 100 arrivés en 2021. C'était la promesse du chef de l'État, et selon l'Élysée, ils sont en poste et s'y ajoutent 21 nouveaux enquêteurs de police judiciaire et la création de groupes supplémentaires de l'Office Anti-stupéfiants (Ofast). Les deux compagnies de CRS déployées depuis mars 2021 dans la ville ont été pérennisées et renforcées par une troisième, elle aussi pérenne. Sur les 60 magistrats et personnels judiciaires promis, plus de la moitié ont pris leurs fonctions.
"Le président de la République avait annoncé également la création d'un nouvel hôtel de police. Le marché est en cours et les études sont engagées, et l'hôtel de police sera livré d'ici à 2027", souligne encore l'Élysée.
Mais ce déploiement de force ne parvient toujours pas à stopper l'escalade de la violence. Depuis le début de l'année, 23 homicides liés aux trafics ont été comptabilisés. Le 13 juin dernier, la procureure de la République Dominique Laurens a estimé que les "moyens supplémentaires" policiers et judiciaires octroyés ne sont pas à la hauteur des enjeux".
Pour le maire Benoît Payan, il faut "des renforts plus importants en PJ, en police scientifique et en police financière"."On ne traite pas le narcotrafic avec des bleus sur la voie publique, souligne-t-il, on a besoin de magistrats, de greffiers, de juges d'instruction, de procureurs" car"il faut aller taper dans les armes et dans l'argent".
Le logement
Démolition de bâtis, rénovation de copropriétés délabrées, aménagements d'espaces verts... Face aux besoins immenses en matière de logement de la ville la plus pauvre de France, où l'on dénombre 40 000 taudis, le président a affirmé en 2021 un objectif de réhabilitation de 10 000 logements sur les 15 prochaines années.
En mars 2022, l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) a débloqué une enveloppe de 650 millions d’euros pour 14 quartiers, les plus en difficultés de la ville, inscrits dans le nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU), à savoir : Air Bel, Frais Vallon-La Rose, la Castellane-la Bricarde, la Savine, Plan d'Aou, la Viste, Saint-Charles Belle de Mai, Solidarité -Kallisté, la Cabucelle- les Crottes, Grand Saint-Barthélémy-Grand Malpassé, Noailles, Belsunce, Consolat-Mirabeau, Ecoquartier des Calanques.
Un "engagement historique et inédit" salué par le maire, deux fois plus important que le précédent protocole. Auquel s'ajoutent 14 millions d’euros mobilisés par an pendant huit ans contre l'habitat insalubre par l'Agence nationale de l’habitat (Anah), soit un total de 762 millions d'euros. Pas tout à fait à la hauteur des 950 millions d'euros réclamés par la Métropole qui pilote ces projets.
"Depuis un an et demi, avec l'Anru, les opérations ont démarré, que ce soit en termes de rénovation de bâtiments, d'équipements publics, avec par exemple, les travaux qui sont en cours sur le quartier de la Busserine, où les travaux de démolition de logements qui ont été engagés dans le quartier de la Savine, dans le quartier d'Air Bel ou dans le quartier des Flamants", assure l’Élysée.
La santé
Avec les domaines des transports, de l’éducation, de la sécurité, la santé est l'un des grands axes du plan "Marseille en grand".
Les hôpitaux Nord et Timone de l'Assistance publique ont ainsi reçu un soutien de l'État de 169 millions d'euros pour leur réhabilitation, plus 50 millions d’euros supplémentaires dédiés au financement du pôle mère-enfant, et un soutien à la réalisation d'une maison des femmes qui a ouvert en 2022.
Le renfort des centres de santé dans les quartiers Nord a également été annoncé avec la création de cinq nouvelles structurelles (il en existait sept) qui sont en cours de labellisation", selon l'Élysée.
L'objectif est d'améliorer l'accès aux services de santé des populations des quartiers défavorisés, sur un périmètre qu ienglobe les 2e, 3e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements.