TEMOIGNAGE. "Je n'annulerai pas un mariage prévu par une famille", les maires ruraux en première ligne pour les législatives

Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, les maires sont en première ligne pour organiser de nouvelles élections dans leurs communes. Il y avait 38 panneaux à trouver pour les Européennes et ce fut un casse-tête. Cette fois et sans répit, c'est un scrutin à deux tours en plein boom des fêtes d'été : mariages, fêtes d'école, festival, congés des personnels, etc.

Ils ont refermé les portes de leurs bureaux de vote avant 20H dimanche soir. "Le temps de rentrer à la maison, en famille, de décompresser un peu et l'article 12 et la dissolution me sont tombés dessus. J'ai pris un coup sur la tête", témoigne Franck Santos, maire non encarté, mais avec une sensibilité à droite.

La dissolution de l'Assemblée nationale annoncée dimanche 9 juin 2024 par le Président de la République a raisonné comme un coup de tonnerre dans beaucoup de mairies. Qui dit dissolution, dit de nouvelles élections dans 3 semaines, une course de vitesse pour ceux qui sont en première ligne derrière les urnes, en mairie. 

Il l'avoue volontiers, il ne comprend pas trop pourquoi repartir si vite ? Dans sa petite commune rurale près de Salon-de-Provence, on ne s'attendait pas à ça. "Tout le monde est investi, tout le monde sait que c'est un moment important pour notre République", assure très vite le fondateur d'une toute nouvelle association de défense des maires ruraux, l'AMR 13. Mais quand même, depuis ce lundi matin, la liste des complications pour les 20 jours à venir s'allonge sans cesse : trouver du monde pour les bureaux de vote et même un lieu, en claquant des doigts, "après le long tunnel que l’on vient de traverser", ce n'est pas évident. 

"Et l'aïoli, la fête des écoles ...ou le mariage, on le maintient ?"

En effet, fin juin, c’est traditionnellement un moment de relâchement. "C'est important pour tout le monde", souligne Franck Santos. On fête l'été et la fin de l'année avant le break des grandes vacances. "C'est vrai, il y a la Saint Eloi, les aïolis, les fêtes d'école", renchérit Georges Cristiani, président de l'autre association des maires des Bouches-du-Rhône, "avec 116 maires inscrits sur les 119 en mandat".

Autant de rendez-vous qui se déroulent dans les salles des fêtes ou gymnases qui servent de bureaux de vote pour les élections. Et ce n'est pas si simple de changer d'endroit pour réunir les électeurs un jour de scrutin. Les réglementations imposent un droit de regard des préfectures sur le choix des bureaux de vote. Ils espèrent quand même que cela va s'assouplir pour le peu de temps qu'il leur reste.

Il est hors de question que j'annule un mariage ou un festival que des familles ou des associations ont préparé toute l'année. Non, je n'annulerai pas.

Anne Reybaud, maire de Vernègues,

France 3 Provence-Alpes.

Dans son village, Vernègues, 2 200 habitants, Anne Reybaud s'interdit une chose : demander le sacrifice aux familles qui organisent un mariage. " J'ai aussi un festival de rock le samedi du dernier tour. Je ne vais pas non plus exiger des agents municipaux qu'ils nettoient la salle en pleine nuit pour que tout soit propre le lendemain." Ils ne tireront pas sur la corde. Les maires sont conscients de deux choses : oui, l'heure est grave pour la République, ils le disent et veulent répondre présents. Mais attention, la corde est tendue. 

Je ne suis pas sûr que sous les dorures de la République, on imagine à quel point les maires souffrent de tout ça.

Georges Cristiani, maire de Mimet et Président des Maires 13

France 3 Provence-Alpes

Il n'est pas en colère, Georges Criastini. "On est respectueux de la République. Mais il y a eu les gilets jaunes, le Covid et là, on était formidables..."  Depuis, ils se sentent à la roue, sans retour ou pas assez.  "Un jour, ils devront mettre des fonctionnaires à notre place et là, ça ne sera plus le même prix !", s'inquiète-t-il quand il voit la charge de travail et de petits problèmes à résoudre qui tombent sur les épaules des "petits maires", toujours plus seuls. 

Des fonctionnaires territoriaux qui annulent leurs vacances

Ce lundi 10 juin 2024, il a fallu réunir les équipes, leur annoncer que les départs en congés début juillet, ce n'était pas possible. "Ma déléguée générale des services n'a même pas attendu que j'arrive pour tout annuler de son côté", se réjouit l'un d'entre eux, fier de ses équipes qui ont le sens du devoir. "J'espère que la participation sera au rendez-vous. Mais je redoute que l'abstention soit pire qu'en 2022", lance Monsieur le maire, un peu dubitatif et aux premières lignes pour entendre ce que disent "les gens", ceux qui votent. 

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