Malgré l'enjeu de ces régionales, en particulier en Paca où les candidats LR et RN étaient donnés au coude à coude au second tour, l'abstention s'est maintenue à un niveau abyssal : 63,16% dans la région, autour de 66% au niveau national. Voici 5 raisons qui expliquent la lassitude des électeurs.  

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Deux électeurs sur trois qui ne se déplacent pas aux urnes : c'est le signe d'un profond désaveu de la classe politique et de l'exercice démocratique. Jamais les Français se sont aussi peu mobilisés pour des élections, avec une abstention qui s'est largement creusée ces 20 dernières années, passant de 39,1% en 2004 à 64,3% en 2021.

Dans la région Paca, ce taux d'abstention est légèrement moins élevé, mais les électeurs ne se sont pas massivement remobilisés face à la qualification du candidat du RN Thierry Mariani au second tour. Finalement, le président sortant Renaud Muselier l'aura largement emporté, sans susciter un vaste engouement populaire.    

Selon un sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio france et LCP/Public Sénat, voici cinq raisons (qui se cumulent souvent) pour éclairer l'abstention massive de ce scrutin.

  • L'abstention permet de manifester un mécontentement et une déception à l'égard de la classe politique

La crise sanitaire, en cela, n'a pas aidé : cela fait un an que les Français se sentent "abandonnés ou maltraités par leur classe politique", explique au Télégramme le spécialiste de la communication politique Philippe Moreau-Chevrolet.

À ce titre, ils sont 27% d'électeurs à ne pas être allés voter pour exprimer leur mécontentement, plutôt parmi les catégories les plus âgées de la population (60 ans et plus). Sans surprise, cela concerne tous les partis politiques, sauf les supporters de la majorité présidentielle LREM. 

Pour autant, l'abstention ne va pas forcément de pair avec une démobilisation de la société civile, très active ces derniers mois sur des sujets sociétaux aussi variés que les violences policières ou l'urgence climatique.

Ce qui s'exprime plutôt, c'est la déception de ne pas se sentir représenté par des hommes ou femmes politique, notamment chez les jeunes. Ils semblent, en effet, peu susceptibles de répondre à leurs préoccupations ou de partager leurs convictions sociétales. Le résultat est une désaffection de la politique et des institutions traditionnelles. 

  • Les listes ou candidats n'ont pas réussi à séduire ou à se faire connaître dans la sphère publique

Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Carole Delga... les présidents LR ou PS sortants ont été plébiscités dans les urnes et confortés dans leur position, mais toujours est-il que ces élections n'offraient pas beaucoup de nouveauté aux votants. Et à l'arrivée, 23% d'entre eux disent ne pas être allés voter car aucun candidat n'avait réussi à leur plaire.

Face à une offre politique finalement assez classique, de nouvelles figures comme Laurent Saint-Martin à Paris (LREM) ou Jean-Laurent Félizia (union de la gauche et des écologistes) en Paca ont eu des difficultés à émerger sur la scène publique.  

Les électeurs du PS, de la France insoumise ou d'EELV ont aussi été découragés quand la liste pour laquelle ils avaient voté au premier tour s'est ralliée à une autre - voire même retirée, comme c'est le cas du Rassemblement écologique et solidaire en Provence-Alpes-Côte d'Azur. 

La lassitude des électeurs de gauche et des écologistes, contraints au choix unique du front républicain, se renforce et mobilise peu malgré la menace d'un Rassemblement national au pouvoir. Et au final, les présidents de région réélus en 2021 ne l'emportent qu'avec un faible appui populaire, résume le sociologue Jérémie Moualek.

  • Après un an de Covid-19, les Français ont la tête ailleurs, tout simplement

Après plus d'un an de crise sanitaire, économique et sociale, l'envie de faire autre chose et de profiter des beaux jours n'est pas à négliger. 20% des électeurs interrogés dans ce panel indiquent qu'ils n'avaient pas la tête à aller voter, et que les élections n'étaient pas au centre de leurs préoccupations ce week-end. 

Selon les résultats du sondage, ce sont les électeurs LREM qui ont surtout boudé le scrutin pour ce motif. Cet argument est toutefois moins présent qu'un premier tour, signe d'une remobilisation partielle des votants entre le 20 et le 27 juin. 

La peur du Covid-19 reste aussi un argument non négligeable, avec 10% des sondés expliquant qu'ils craignaient de se rendre dans un bureau de vote fréquenté.

  • Les compétences des régions et leurs impacts sur la vie quotidienne sont mal connus

Comme on l'a vu lors de la campagne, les élections régionales restent un scrutin assez peu lisible pour les votants. Et en effet, 14% des sondés disent ne pas être allés voter car l'action des régions n'aurait "pas d'impact sur leur vie quotidienne", un argument fort chez les 18-24 ans.  

De plus, 9% des électeurs ne connaissent tout simplement pas les compétences des régions. Interrogés dans un précédent sondage, les électeurs classaient d'ailleurs la sécurité en tête de leurs préoccupations, alors que les conseils régionaux traitent des transports ou encore de la gestion des lycées.

Ces problématiques qui ont pourtant des impacts bien concrets sur le quotidien des Français - comme celles des départementales d'ailleurs, dont les conseils gèrent l'aide sociale aux jeunes, personnes âgées et en situation de handicap, ou encore l'action culturelle et sportive.   

Sauf que de nombreux partis ont profité de cette élection pour mobiliser des thématiques nationales, et préparer le terrain pour la présidentielle de 2022 - ce qui n'a pas aidé à convaincre les électeurs déjà peu mobilisés. Le recours aux arguments sécuritaires, de plus, fonctionne assez peu auprès des jeunes électeurs. 

  • Les votants privilégient l'élection présidentielle pour s'exprimer

La politologue Christèle Lagier parle "d'électeurs intermittents" : ce sont ceux - et ils sont nombreux - qui se mobilisent sans constance, et s'investissent pour les scrutins les plus marqués politiquement comme l'élection présidentielle. Il est vrai que 14% des sondés disent attendre cette échéance pour faire part de leurs opinions politiques. 

C'est tout particulièrement le cas des électeurs de la France insoumise, un parti très personnalisé autour de la figure de Jean-Luc Mélenchon. La présidentielle a une capacité de mobilisation beaucoup plus forte que les scrutins locaux, avec une séquence politique très identifiée, médiatisée, et un réel enjeu de changement. 

18% des sondés disent d'ailleurs sans détour que ces élections régionales ne les intéressaient tout simplement pas. Reste à noter aussi le manque d'engouement des jeunes pour la vie politique "traditionnelle", qui confient à 17% ne voter "jamais ou presque jamais".

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