Ce premier débat des élections régionales était organisé dans les locaux de Sciences Po à Aix-en-Provence ce mercredi 9 juin. Il opposait cinq des neufs candidats du premier tour, dont Thierry Mariani et Renaud Muselier qui ont enfin pu se répondre en face à face. Retrouvez ici les temps forts.
Après les échanges assez vifs par médias interposés, Thierry Mariani du Rassemblement national et Renaud Muselier pour Les Républicains opposaient leurs idées en face à face ce mercredi 9 juin sur la plateau de France 3.
Un débat présenté par Nathalie Layani et Thierry Bezer, avec la participation de Philippe Boccara journaliste à France Bleu Provence :
Etat des lieux
En Paca, le candidat RN Thierry Mariani vire en tête au premier tour avec 41% des voix devant le LR Renaud Muselier (34%), et est donné vainqueur au second tour "dans tous les cas de figure", selon notre sondage Ipsos Sopra Steria publié ce jour.
Les candidats LR et RN étaient opposés également à Jean-Laurent Felizia, chef de file EELV, PS, PCF et Génération.s.
Face à lui, celui qui a refusé de rallier sa liste, qu’il juge trop à gauche, l’autre écologiste de cette campagne, Jean-Marc Governatori pour Cap Écologie. Présent également Noël Chuisano représentant de Debout la France.
En introduction de ce débat, les candidats ont été interrogés sur le résultat de notre sondage.
> Les temps forts des échanges :
Jean-Laurent Felizia, "Le rassemblement écologique et social" a refusé de reconnaître que le front républicain pourrait ne pas jouer son rôle au second tour. Avec un non report de voix de ses électeurs pour Renaud Muselier (liste "Notre région d’abord").
Renaud Muselier a tenu à affirmer qu’il n’était pas soutenu par La République en marche.
Thierry Mariani RN s’est posé comme le seul candidat qui ne fera aucune alliance et qui aura la même liste au premier comme au second tour.
On verra combien il y aura d’abstentionnistes. Les alliances ? Je les fais avec ceux qui votent pour nous au premier tour. Ma liste et mon programme resteront les mêmes au second tour.
Sur les transports
Un des thèmes sur lequel Renaud Muselier et Thierry Mariani s’affrontent depuis le début de la campagne.
Renaud Muselier a fait le bilan de sa mandature sur le renouvellement du matériel ferroviaire et sur le maintien notamment de petites lignes comme celle de la côte Bleue.
Renaud Muselier, "Notre région d’abord"
Du plus mauvais réseau SNCF, nous sommes maintenant parmi les meilleurs en terme de remplissage et en terme de baisse des délais. 40 % de notre matériel a été changé. De 100 jours de grève nous sommes passés à 10.
Thierry Mariani (qui a été secrétaire d'État puis ministre des Transports de 2010 à 2012, il l'a rappelé) est revenu pour sa part sur la sécurité dans les trains, et a redonné les chiffres du journal Le Figaro publiés le 26 mai dernier, "+72% d’actes de violence entre 2018 et 2019".
Et a réaffirmé son envie "d’augmenter le nombre d’agents de sécurité de 100 à 500."
Ces chiffres ont été aussitôt contestés par Renaud Muselier, qui lui a opposé ses propres chiffres : et ce ne sont pas les mêmes. Dans la bataille des chiffres, les deux candidats ne se basent pas sur les mêmes périodes.
Au menu des TER, la privatisation a été abordée.
Il faut remettre de l’humain dans les gares et les trains, avec par exemple deux contrôleurs par trains.
Renaud Muselier a indiqué que sur l’appel d’offre sur la ligne niçoise, la SNCF semble être la seule à-même de se positionner.
Jean-Laurent Felizia (liste "Le rassemblement écologique et social"), s’est prononcé contre cette privatisation "il faut vraiment remettre le service public là où il doit être".
Sur le tourisme et la région
Vous avez dit Paca ?
Le terme on le sait déplait à l'actuel président du Conseil régional. Il a déjà fait changer l'habitude et parle lui de "Région Sud" : "Je lutte contre cet acronyme, ce n’est pas une marque ! On s’appelle Provence Alpes Côte d’Azur. Monsieur Mariani vous avez quitté la région 15 ans, vous n’avez pas de leçon à nous donner sur ce sujet."
Réponse de celui qui est visé et à qui on reproche un "prétendu" domicile dans la région : "Je suis né dans la région dans le Vaucluse. Ce soir je vais dormir à l’hôtel, oui. J’ai été candidat à Avignon aux municipales l’an dernier, on m’aurait accepté sinon ?"
Pour relancer le tourisme, il faut investir en amortissant la crise sanitaire avec une aide, favoriser les circuits courts, pour les Français qui redécouvrent nos Alpes, et créer de l’activité toute l’année.
Selon Jean-Laurent Felizia, "on sent que le tourisme de ski a faibli, il s’agit 50% du PIB de ces territoires. Il faut accompagner ces communes vers une transition pour un autre tourisme."
Pour l'écologiste, la question d'actualité de ces éoliennes qui parfois changent le décor d'un lieu, Jean-Marc Governatori affirme : "on met les éoliennes là où les habitants les acceptent."
Le candidat LR Renaud Muselier espère "un tourisme 4 saisons".
Sur la culture
A la question posée par Nathalie Layani sur la crainte du monde de la culture de voir l’arrivée du RN à la tête de la région, un message porté notamment par Charles Berling directeur du théâtre Liberté de Toulon.
Réponse de Thierry Mariani : "Nous financerons la créativité, et pas forcément ce qui nous plait ou pas. Il n'y a aucune raison d’avoir des inquiétudes, c’est les mêmes choses avant chaque élection..."
- Jean-Laurent Felizia : "Le monde de la culture ne se résume pas à une tribune. Je peux affirmer que le RN est une menace dans la liberté d’expression. La culture doit aller dans différents domaines."
- Noël Chuisano : "Nous souhaitons développer la culture dans l’ensemble de territoires comme les départements alpins en itinérance par exemple, et aussi entretenir le patrimoine aussi."
- Jean-Marc Governatori : "L’accès à la culture et aux droite deux éléments à notre démocratie."
- Renaud Muselier : "Notre budget prévu sera de plus 30% pour la culture, c'est donc bien au-dessus du niveau de l’Etat. Nous allons aider les festivals après la crise. Il y aura un budget patrimoine et un budget pour les handicapés et leurs accompagnants."
Sur l'emploi
Ma mission c’est l’écologie et l’emploi. On peut le plein emploi par 4 biais : avec la mise en place de l'économie circulaire, la rénovation thermique sur un maximum de logements, les énergies renouvelables et enfin les fermes paysannes.
Dans le programme porté par Jean-Laurent Felizia, il est indiqué que les aides aux entreprises seraient conditionnées à l’engagement des entreprises dans une démarche environnementale.
Le candidat est revenu sur ce point "Il faudra synchroniser ces seuils environnementaux avec les attentes des secteurs de cette économie. Il y a des secteurs en plein développement comme la valorisation des déchets, la transformation de l'eau, il faudrait relocaliser des emplois dans ce secteurs et avoir des filières de formation pour fournir des emploi et réorienter les emplois dans cette direction."
Sur les lycées
- Noël Chuisano : "avoir" 195 lycées est un nombre suffisant, mais il faut faire des travaux d’aménagement et améliorer la sécurité des lycées."
- Jean-Laurent Felizia : "il faudrait six nouveaux lycées, et surtout envisager la rénovation énergétique des établissements."
- Thierry Mariani : "pendant cette mandature, quatre nouveaux lycées ont vu le jour dans les Bouches-du-Rhône. ll en faudrait dans le Var par exemple, mais c’est la restauration des lycées qui est impérative aujourd'hui. Plan de rénovation des établissements est aussi dans mon projet."
- Renaud Muselier : "j'entends beaucoup de critique d’entretien. Nous n'avons pas de problème avec les parents d’élèves", selon lui il faut voir la responsabilité des rectorats "qui ne valident pas la création de nouveaux lycées."
- Jean-Marc Governatori : "on ne construit pas des lycées pour construire des lycées ! Nous créeront une assemblée générale de citoyens pour nous aider à prendre les décisions."
- Jean-Laurent Felizia : "il ne faut plus jouer avec la peur des gens... C’est irresponsable de repartir dans des constructions !"
- Les préoccupations des habitants de la région selon notre sondage
Avec ce premier débat, les candidats tentent de convaincre les citoyens de se déplacer et d'aller voter. En 2015, lors du premier tour des élections régionales, 48,1% des électeurs s'étaient abstenus.
> Neuf listes au total sont déposées en région Provence Alpes Côte d'Azur.
Au second tour, le taux d'abstention était encore de 39,7%.