L’ancien policier de la Bac Nord de Marseille a obtenu 42,28% des voix au premier tour des élections législatives à Toulon devant le député sortant issu de la coalition macroniste Ensemble!, Yannick Chenevard. La bataille s'annonce âpre.
Dimanche 30 juin, cinq députés RN sortants du département du Var ont dès le premier tour été réélus dans le Var. Du jamais vu.
En lice à Toulon, Sébastien Soulé est lui arrivé largement en tête (42,28%) devant le député sortant Renaissance Yannick Chenevard (31,37%) et le candidat Insoumis du Nouveau Front populaire Eric Habouzit (22,38%),qui a annoncé son désistement ce mardi matin, pour "faire barrage" au RN.
Qui est Sébastien Soulé ?
46 ans, allure sportive et accent du sud, ce candidat est un novice en politique mais pas totalement inconnu. Il était l'un des "baqueux" mis en cause dans le procès de la Bac Nord de Marseille. Mais il avait été finalement relaxé en 2021, comme six autres des 18 prévenus, après "neuf ans d'une vie en sursis", raconte-t-il aujourd'hui.
Son histoire a inspiré l'un des personnages principaux de "Bac Nord", film de Cédric Gimenez. Après cet épisode, il s'était tourné vers le syndicalisme chez Alliance Police Nationale, avant donc de se lancer en politique, poussé par la députée du coin Laure Lavalette.
> Reportage de France 3 Toulon avant le 1ᵉʳ tour :
Pour lui, le RN est le "seul parti qui a le courage de dire qu'il veut rétablir l'ordre". Et il assure recevoir "beaucoup de soutien de la police".
Avec ce candidat atypique, le RN espère conquérir la seule des huit circonscriptions qui lui manquait encore pour signer un grand chelem dans ce département du Var rural et conservateur où l'extrême droite dirige depuis 10 ans la ville de Fréjus.
Mais le député sortant, Yannick Chenevard, n'a pas dit son dernier mot : "On est un îlot à Toulon, un peu comme un village d'Astérix". Pendant deux ans, à l'Assemblée, cet ancien militaire a été rapporteur du budget de la Marine et membre de la très secrète Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement.
Aussi combatif qu'il soit, il ne nie pas.
Cette espèce de vague RN gigantesque qui est en train de recouvrir le pays, avec des gens élus complètement inconnus.
le député sortant, Yannick Chenevard.
Et il ne s'explique toujours pas "cette dissolution totalement irrationnelle" d'Emmanuel Macron, celui qu'il avait rejoint, dans la lignée de ces barons régionaux partis des Républicains pour le président de la République.
🗳️J-6 avant le second tour !
— Yannick Chenevard (@ychenevard83) July 1, 2024
A peine le premier tour passé que vos équipes et vos candidats sont de nouveau sur le terrain, à la Rode !
Pour Toulon, pour la France, pour la République ! 🇫🇷 pic.twitter.com/CspoGJhsAr
Pour ces élections, il mise sur son implantation locale, lui qui a notamment été le premier adjoint de son mentor, l'ex-maire Hubert Falco, démis l'an dernier de toutes ses fonctions par la justice.
La chute de Falco, qui s'est toujours présenté comme un rempart à l'extrême droite, à qui il avait repris la ville au début des années 2000, a bousculé le paysage politique local. Et ces législatives ont aussi valeur de test pour les municipales de 2026.
"Hubert", comme tout le monde l'appelle ici, est d'ailleurs sorti de son silence lundi pour soutenir son protégé face à une "extrême droite" qui "nous condamnerait inexorablement à une aventure mortifère et au chaos".
Il faut se souvenir que de 1992 à 1998, le RN (ex-FN) avait pris des villes comme Marignane (Bouches-du-Rhône) et Orange (Vaucluse) ou Toulon. De 1995 à 2001, Jean-Marie Le Chevallier dirigeait la ville. Le parti d’extrême droite remportait ainsi pour la première fois une ville de plus de 100 000 habitants.