Avez-vous jamais pensé à parrainer des abeilles ? Parrainer une ruche d'abeilles. C'est l'idée d'une société vauclusienne "Un toit pour les abeilles" pour soutenir les apiculteurs mais aussi protéger cet insecte, essentiel à la biodiversité et l'agriculture.
La société "Un toit pour les abeilles", dans le Luberon, a lancé un programme de parrainage pour ces petites butineuses. A raison de 8 euros par mois, 4.000 abeilles sont ainsi parrainées.
Ce dispositif permet de soutenir les apiculteurs, ils peuvent ainsi préfinancer leurs récoltes et bénéficient d'une prime à l'installation pour chaque ruche parrainée.
Les heureux parrains et marraines peuvent venir visiter les ruches bourdonnantes de leur petites protégées, à l'occasion d'une journée portes-ouvertes.
A Beaumont-de-Pertuis, dans le rucher de Saint Gervais, Patrick Faver fait découvrir ses ruches aux actuels et futurs parrains des abeilles.
Cet apiculteur montre avec fierté ses cadres operculés, regorgeant de miel, et prend plaisir à faire découvrir les fruits de leur parrainage.
"Je connais même l'origine de ma reine, d'où elle vient, de qui elle est la fille. Elles sont très calmes aujourd'hui", dit-il en manipulant avec délicatesse le cadre de bois, rempli d'alvéoles, de nectar et de miel.
Sur ses 150 ruches, 26 sont déjà parrainées. Un coup de pouce très bienvenu pour Patrick Faver qui peine à faire face aux conséquences de la chaleur sur les abeilles.
"Les abeilles sont un révélateur [de la pollution], elles donnent l'alerte. Et on a du mal à entendre leur alerte. Le monde paysan a du mal à se reformer et se remettre en cause. Les particuliers aussi. Les abeilles sont victimes du changement climatique, des températures, mais aussi des produits que l'on déverse dans la nature."
Dans le Luberon, si les ruches sont assez protégées des insecticides et produits nocifs, c'est bien la sécheresse qui fait souffrir les grappilleuses de pollen.
La sécheresse cause une disparition de l'humidité dans l'air et dans le sol, et entraîne une raréfaction des montées de sève, indispensables au processus de pollinisation.
Les abeilles, gardiennes de la biodiversité
Les abeilles sont le chaînon fondamental de toute la biodiversité.
Pourtant, ces 25 dernières années, plus de 80% des abeilles en Europe ont été décimées, selon une synthèse de 73 études sur le déclin des populations d'insectes, publiée dans la revue Biological Conservation.
Par la pollinisation, les abeilles reproduisent près de 80% des espèces. Cela représente 90% des arbres fruitiers et 85% des plantes.
"Il faut être optimiste, mais les signaux ne sont pas au vert. Que l'on soit particulier ou agriculteur, je crois que l'on a pas conscience que l'on met en danger l'humanité par la perturbation que notre civilisation impose à la nature."
Sans elles, plus de fruits, de légumes, ni d'agriculture de manière générale.
Déjà classées comme espèce en voie de disparition aux Etats-Unis, si elles venaient à disparaître, l'homme n'aurait d'autre choix que de s'y substituer par une pollinisation à la main.
Les abeilles polonisent les trois quarts des 100 espèces de plantes qui fournissent 90% de la nourriture dans le monde.
La consommation de miel en France est quatre fois supérieure à la production. Or, tous les miels vendus en magasin ne respectent pas la législation qui encadre le miel.
En devenant parrains, les amateurs de miel se mettent à l'abri des contrefaçons et peuvent soutenir des abeilles et apiculteurs locaux.
C'est aussi ça le leitmotiv de la société "Un toit pour les abeilles". Conserver les ruches et toutes leur occupantes, et soutenir les apiculteurs même lorsque le miel vient à manquer, pour qu'ils puissent continuer à veiller sur elles.