Le débat autour de la scolarisation des enfants dans les établissements publics ou privés a ressurgi en début d'année après les déclarations de l'ancienne ministre de l'Education pointant de supposées lacunes dans l'enseignement public.
Le débat a ressurgi lors de la prise de fonction de l'ancienne nouvelle ministre de l'Education nationale. Alors qu'elle venait tout juste de prendre d'être nommée, début janvier, Amélie Oudéa-Castéra, a mis le feu aux poudres chez les enseignants en expliquant qu'elle avait fait le choix de l'école privée pour ses enfants en pointant du doigt les nombreuses heures non remplacées, selon elle. Depuis, la ministre a été remplacée par Nicole Belloubet, mais le débat continue de diviser les parents.
Selon un rapport de l'éducation nationale en 2023, 86,6% des élèves du premier degré sont scolarisés dans le public et 79% de ceux du second degré. À Marseille, où l'ancien maire Jean-Claude Gaudin a fait prospérer l'enseignement privé durant ses 25 années de mandat, de nombreux parents ont fait le choix de ne pas scolariser leurs enfants dans le public. Trois mères de famille expliquent leurs raisons à France 3 Provence-Alpes.
"Je cherchais un cadre qui n'existe plus dans le public", explique Agnès
Agnès est une mère de quatre enfants dont les trois premiers ont été scolarisés dans le public.
Confrontée à des difficultés de comportements par son petit-dernier, elle a fini par le scolariser à son entrée au collège dans un établissement privé de Marseille, à regret par rapport à ses convictions personnelles.
"Quand j'ai eu mes enfants, je ne pensais pas du tout les scolariser dans le privé, pour moi, c'était une évidence qu'ils le soient dans des établissements publics".
Pour les trois premiers, cela s'est plutôt bien passé même si elle a été confrontée à de nombreuses grèves de cantine.
"Plusieurs fois, je suis allée chercher mes enfants à l'école et je les faisais manger à la cantine de mon travail, avant de les ramener à l'école".
Ce qui lui a fait sauter le pas, ce ne sont pas les grèves de cantines, pas "que" en tout cas. Ni la qualité des cours. "Dans le public, les enseignants sont très compétents".
"J’ai changé mon fils d'école, car je cherchais un cadre, un accompagnement pour mon enfant qui n'existe plus dans le public. Et j'en avais assez de ces grèves incessantes, du non-remplacement des enseignants absents".
Attachée au service public, elle "regrette" cette situation, mais ajoute : "Les établissements publics auxquels j'étais rattachée ne fonctionnent plus comment ils devraient".
L'établissement privé choisi est de confession catholique, une particularité qui ne lui pose pas problème. Catholique non pratiquante, "je me suis naturellement tournée vers un établissement catholique, mais l'aspect religieux ne m'intéresse pas. D’ailleurs, j'ai remarqué que dans l'établissement de mon fils, il y a une grande mixité, il y a beaucoup d'élèves musulmans, mais ce n'est pas ce qui a déterminé mon choix".
Par respect pour l'école et son fonctionnement, elle précise : "À partir du moment où mon fils est pris dans ce style d'établissement, je lui demande de se plier aux règles".
"Son instituteur nous a conseillé de l’inscrire dans le privé", raconte Clémence
"Je suis catholique et j’ai à cœur d’élever mes enfants dans la foi chrétienne et ses valeurs essentielles pour le bien vivre en société", indique Clémence, mère de quatre enfants.
Arrivée à Marseille il y a 20 ans, Clémence a d'abord fait confiance aux écoles publiques de la ville, comme c'était le cas à Lyon, d'où elle venait.
"Il était scolarisé dans une école publique du centre-ville, car j’avais confiance en son enseignement. En parallèle, je l’avais inscrit au catéchisme", indique la mère de famille. "Mais très vite, je me suis aperçue que le niveau était celui d’une à deux classes en-dessous par rapport à Lyon."
Son fils continue malgré tout sa scolarité jusqu'à la fin de son CM2. "Lors du passage en sixième, son instituteur nous a fortement et très gentiment conseillé de l’inscrire dans le privé pour qu’il ne perde pas ses acquis et soit tiré vers le haut."
C'est donc ce qui a été fait dans un établissement privé du centre-ville. "J’ai immédiatement vu la différence dans le niveau scolaire, dans l’encadrement pédagogique et dans la discipline qui m’aidaient énormément pour l’éducation".
Rassurée par cette nouvelle expérience, elle a ensuite inscrit ses trois autres enfants dans cet établissement.
"Par ailleurs, j’y ai vu une occasion d’associer vie chrétienne et vie scolaire. J’ai le sentiment qu’ils sont plus en sécurité, qu’on les suit de beaucoup plus près, qu’on m’alerte dès le moindre souci, niveau scolaire ou du comportement".
Et justement, dans tous les témoignages, c'est l'accompagnement quasi personnalisé que proposent les établissements privés qui a fait la différence. Un accompagnement qui a un coût forcément.
En moyenne, dans cet établissement, hors frais de cantine, pour un élève du primaire, il faut compter pour sa scolarité, en moyenne, entre 130 et 150 euros par mois.
Une décision qu'elle ne regrette pas du tout : "Dans le public, son instituteur était très souvent absent et il est arrivé deux fois que mon fils n’ait pas cours du tout et qu'il soit laissé dehors sans que j’en sois avertie".
"On a éclusé tous nos congés pour pallier les absences", regrette Audrey
Audrey est mère d'un garçon de 10 ans et belle-mère de deux enfants plus grands issus d'une première union de son mari.
Avant d'y être elle-même confrontée directement, elle a pu constater le fonctionnement de l'école publique.
"Les enfants de mon mari étaient en écoles publiques et on a été confronté à beaucoup de galères à cause des grèves de cantine et des professeurs".
Ces absences et le non-remplacement des professeurs ont poussé Audrey et son mari à s'organiser.
"On a éclusé tous nos congés pour pallier ces absences donc quand on a eu notre fils, on l'avait mis dans le public jusqu'en moyenne section. Et puis ce n'était plus possible, on l'a alors changé d'école en grande section pour le mettre dans le privé". Pour cette mère de famille, le privé offre une tranquillité d'esprit qui n'a pas de prix.
"Si un prof est absent, il y a du personnel, des ATSEM, ou la responsable du catéchisme qui vient et fait de la garderie. Si ce n'est pas possible, ils sont en répartition dans les autres classes, ils sont gardés toute la journée".
Autre argument et non des moindres pointé par cette mère de famille : "ce sont les plages horaires de la garderie, de 7h45 à 18h30 avec une grande flexibilité. On peut les laisser ponctuellement, même au dernier moment si on est bloqués dans les transports... il n'y a que du positif", estime-t-elle.
-Cet article a été publié une première fois le 15 janvier