Suite au décès tragique de Thomas à Crépol (Drôme) en novembre 2023, des internautes avaient divulgué des informations personnelles sur des suspects, et diffusé des messages haineux en ligne. Neuf personnes viennent d'être condamnées à des amendes, et à des peines de prison avec sursis.
Dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, Thomas Perotto, 16 ans, était poignardé à mort dans une rixe, en marge d'une fête de village perturbée par un groupe d'individus extérieur au village. Un évènement tragique, qui avait suscité beaucoup d'émotion, et de vives réactions à travers tout le pays. Une véritable vague d'indignation avait alors gagné une partie de la population, entraînant une multiplication d'actions plus ou moins violentes, souvent racistes.
Des réactions également très présentes sur internet et en particulier sur les réseaux sociaux. Des internautes, quelques heures ou quelques jours après le meurtre du lycéen, avaient diffusé sur Facebook ou X (anciennement Twitter) des photos de certains suspects accompagnées de messages de haine et de commentaires racistes associés à des noms de famille à consonance maghrébine. Suite à ces diffusions, des membres des familles des suspects dans l'affaire Crépol avaient reçu des menaces.
Délinquance de la parole
Sur les 10 personnes jugées pour ces faits en septembre à Paris, 9 ont donc été condamnées ce jeudi 31 octobre par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, et une seule a été relaxée : une mère au foyer de 53 ans qui avait republié une liste d'adresses, et a admis à la barre avoir commis "une grosse connerie".
Les autres ont écopé d'amendes, allant de 500 à 1 500 euros, ainsi que des peines de prison avec sursis pour certains, jusqu'à 4 mois. "Les noms des assassins que la flicaille a tenté de vous cacher sont désormais connus", écrivait Gaël, 56 ans, l'un des condamnés en relayant une liste d'adresses des jeunes mis en cause. "Des vraies têtes de blancs, à vacciner direct au fusil" commentait encore Lionel 55 ans, en republiant photos et noms de suspects.
Contre ces prévenus qu'il a qualifié de "délinquants de la parole à l'autre bout de la chaîne de l'enquête", le procureur de la République avait requis des peines allant de quatre mois de détention ferme à deux mois avec sursis, ainsi que des stages de citoyenneté à leurs frais.
Le tribunal aura donc rendu une décision globalement plus clémente avec ces peines de prison avec sursis et ces amendes, assorties pour certains d'une compensation de quelques centaines d'euros pour préjudice moral aux parties civiles.