Les salariés de Casino rencontrent, ce mardi 19 décembre, la direction du groupe et les représentants des repreneurs pour connaître leurs projets. Retour sur les points essentiels de ce rachat.

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Vétéran de la distribution, le groupe Casino vient de fêter ses 125 ans mais l'année 2023 restera aussi comme l'année où ses grandes difficultés financières sont apparues en pleine lumière, suscitant l'inquiétude de  toute une ville, Saint-Etienne et de ses salariés.

Auchan, Intermarché, Lidl, E.Leclerc, Carrefour... La plupart des grands noms du secteur de la distribution alimentaire ont été associés ces derniers jours à celui de Casino, qui s'est dit prêt à étudier des offres de concurrents pour le rachat de tout ou partie de ses magasins grand format, hyper et supermarchés.

Une dette colossale

Le groupe doit faire face à un endettement colossal estimé à 12 milliards d’euros (estimé à 6,4 milliards fin 2022). L’enseigne devrait être contrainte de céder, dans les prochaines semaines, l’intégralité de ses hypermarchés et supermarchés, soit près de 400 magasins. Ce sont des milliers d’emplois qui se trouvent menacés, de même que l’avenir du siège situé à Saint-Étienne. Le groupe, qui employait encore 200 000 salariés dans le monde, dont 50 000 en France, fin 2022, a signé en juillet un accord prévoyant la restructuration d'une dette insoutenable, avec un changement d'actionnariat à la même échéance.

C'est le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor qui doivent en prendre les commandes. Dans l'intervalle, les performances commerciales ne se sont pas améliorées et le groupe a dû se résoudre à sonder l'intérêt de ses concurrents pour ses points de vente. Malgré les critiques de spécialistes du secteur sur l'état de nombre de ses magasins, ces derniers ont donc suscité des convoitises. Il est plus difficile qu'auparavant de construire de nouveaux supermarchés, et l'acquisition de nouveaux points de vente est alors le principal moyen pour un distributeur de gonfler ses parts de marché et donc d'améliorer son rapport de force avec ses fournisseurs agro-industriels.

Les concurrents candidats à la reprise

En mai dernier, Casino avait annoncé céder 119 magasins à Intermarché, une première vague début octobre, une seconde à horizon trois ans. En novembre, face à l'absence d'amélioration de son activité commerciale, Casino s'est dit prêt à céder davantage de magasins.

Ce lundi 18 décembre, Casino a annoncé que le groupe de distribution Intermarché, allié à Auchan, rachèterait 320 hypermarchés et supermarchés du groupe. L'offre du consortium formé par Intermarché et Auchan a dépassé celle de Lidl et de Carrefour. Les Mousquetaires et le distributeur du Nord se partageront le tout à peu près à parts égales, Auchan prenant plus d'hypermarchés que son associé dont le supermarché est la spécialité. Grâce à leur partenariat, les enseignes représentent ensemble 30% de part de marché, soit plus que celle du leader Leclerc qui tutoie les 25 % juste devant Carrefour. De quoi obtenir de bonnes conditions d'achat des fournisseurs industriels et d'offrir des prix bas aux consommateurs qui les réclament depuis que l'inflation alimentaire a dépassé les 20 % sur deux ans.

Pour Auchan qui exploite déjà 136 hypermarchés et 274 plus petits formats en France (à fin 2022), la reprise d'une centaine de supermarchés permettra d'étoffer le maillage d'un réseau loin du nombre d'unités de ses principaux concurrents sur ce format. À titre de comparaison, Intermarché en possède 1 200, soit, comme le dit la légende interne, un tous les 17 kilomètres à travers la France.

"L'ensemble des salariés des magasins transférés seraient repris" par le groupement des Mousquetaires/Intermarché et Auchan, affirme Casino, qui précise que le projet de cession se ferait "sur la base d'une valeur d'entreprise fixe de 1,35 milliard d'euros (hors immobilier)".

Le quotidien économique Les Echos a indiqué pendant le week-end que Carrefour était intéressé par la reprise du réseau de magasins de proximité sous enseignes Petit Casino, Vival, Spar ou Sherpa, qui n'est pourtant pas en vente. Aucun des acteurs concernés n'a confirmé cette information.

Une grande mobilisation des salariés

De quoi affoler un peu plus les salariés du groupe. Leurs représentants, réunis en intersyndicale (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), déplorent depuis plusieurs semaines d'apprendre les informations concernant leur entreprise par voie de presse, et non par leur direction. Ils se sont mobilisés mardi 5 décembre, à Saint-Etienne, pour alerter sur les risques de suppressions d'emplois.

Une manifestation a eu lieu ce dimanche 17 décembre. Elle a rassemblé plus de 3000 personnes dans les rues de Saint-Etienne. "Messieurs Macron, Kretinsky, Ladreit de Lacharrière, des milliers de personnes comptent sur vous ici à Saint-Etienne pour conserver leur emploi", a déclaré dimanche Jean Pastor (CGT), un des porte-paroles de l'intersyndicale, à l'issue du défilé.

Depuis des mois, la région se mobilise pour éviter "un nouveau Manufrance" à Saint-Etienne, ville de 170 000 habitants menacée d'asphyxie économique. La liquidation de la société de vente par correspondance en 1985 - près de cent ans après sa création avait laissé un souvenir cuisant, tout comme, une décennie plus tard la fermeture par l'Etat de sa manufacture d'armes militaires. Le Conseil départemental de la Loire apporte son soutien aux salariés : "Le départemenet ne peut que se montrer soucieux du devenir des milliers d’emplois directs ou indirects du groupe Casino dans la Loire, et en particulier au sein du siège stéphanois".

"Le gouvernement souhaite que les projets de reprise puis de cession soient des projets qui préservent un maximum d’emplois", et notamment au siège du groupe, à Saint-Etienne où 1 700 personnes travaillent, déclare le ministre du Travail, Olivier Dussopt, sur Franceinfo ce mardi. Les salariés espèrent toutefois en savoir davantage sur leur avenir ce mardi 19 décembre lors d'une réunion où "les offres fermes et définitives nous seront présentées", a affirmé l'intersyndicale. 

Pour maintenir la pression, l'intersyndicale a appelé à une mobilisation nationale dans les entrepôts Casino vendredi et dans les magasins samedi, à quelques jours de Noël. 

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