"On a caché beaucoup de choses aux actionnaires", réagit un descendant du fondateur de Casino, sur les difficultés du groupe

Xavier Kemlin l'un des héritiers du fondateur de Casino, encore actionnaire minoritaire du groupe, s'est exprimé ce lundi sur la situation que traverse le groupe. Selon lui le PDG actuel Jean-Charles Naouri est le grand responsable du marasme financier dans lequel est plongée l'entreprise.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ce lundi 11 décembre, les juges du Tribunal de Commerce de Paris ont autorisé la prolongation de la période de sauvegarde accélérée de Casino jusqu'au 25 février. Un sursis pour les milliers de salariés suspendus aux décisions des tribunaux et investisseurs, dans la crainte de perdre leur emploi. Dans le même temps, l'arrière-petit-fils, Xavier Kemlin, de Geoffroy Guichard, fondateur de l'enseigne stéphanoise en 1898, nous a confié toute la défiance qu'il éprouvait à l'égard de celui qui dirige le groupe de son aïeul depuis 1997.

"Il va falloir que M. Naouri rende des comptes"


Ses parts dans le groupe ne représentent qu'une petite partie du capital, mais il est l'actionnaire historique du groupe et se veut le garant de ses valeurs au conseil d'administration. Xavier Kemlin connaît par cœur les problèmes financiers que rencontre Casino, et pour cause il les dénonce depuis 6 ans. "J'ai déposé 5 plaintes, depuis 2017, au parquet national financier, à l'autorité des marchés financiers, à la haute autorité de contrôle des commissaires aux comptes et même auprès de l'autorité prudentielle des banques et jusqu'à présent rien n'a changé".


Selon lui, Jean-Charles Naouri connaissait depuis bien longtemps la trajectoire catastrophique que prenait son entreprise, mais il a pris soin de la dissimuler, aussi bien aux actionnaires et employés, qu'aux autorités et aux tribunaux. "La dette annoncée était de 7 milliards d'euros, les tribunaux ont déjà pu remonter à 12 milliards, et ça ne m'étonnerait pas qu'en continuant de fouiller sous le tapis, on atteigne les 20 milliards d'euros", déplore l'homme d'affaires, "il faudra que ça sorte, parce qu'il y a de l'abus de bien social, de la manipulation, on a caché beaucoup de choses aux actionnaires, au conseil d'administration, donc maintenant il va falloir que M. Naouri rende des comptes".


"La justice doit passer" reprend Xavier Kemlin qui est loin de se satisfaire de l'amende de 25 millions d'euros infligée à "Rallye" la holding de Casino, pour "avoir diffusé des informations fausses ou trompeuses, susceptibles de fixer le cours de Rallye à un niveau anormal ou artificiel". "Il (NDLR : Jean-Charles Naouri) a publié des comptes de Rallye dans lesquels il valorisait à hauteur de 60€ une action qui n'en valait que 20, et ces comptes étaient signés par des commissaires, qui eux aussi vont devoir répondre de leurs décisions". Les nombreuses plaintes déposées par l'actionnaire minoritaire sont toujours en cours d'instruction, et il affirme avoir bon espoir d'obtenir de nouvelles condamnations à l'encontre du directeur général de Casino.

"Il voulait être le Bernard Arnault de la distribution, il n'aura été que le fossoyeur de Casino"


Selon l'héritier du groupe Guichard "il est déjà trop tard pour véritablement sauver Casino". Le businessman franco-suisse craint que la crise ne débouche sur une liquidation, et un démantèlement pur et simple du groupe. Il faut dire que les chiffres sont catastrophiques, l'action ne vaut plus que quelques centimes, et sur l'exercice 2023, le groupe est déficitaire de 100 millions d'euros. Dans ce contexte, il craint que l'on ne supprime plus de postes que prévu. "Même si certains magasins sont revendus à d'autres groupes, le problème des entrepôts et du siège social de Saint-Etienne restent entier" rappelle Xavier Kemlin, qui doute même des intentions des nouveaux repreneurs.


En mars, le groupe Casino va passer sous contrôle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et de ses associés, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor, ce qui ne dit rien qui vaille aux yeux de l'arrière-petit-fils du fondateur. "Les financiers ne comprennent rien à notre métier, Jean-Charles Naouri il voulait être le Bernard Arnault de la distribution, il n'aura été que le fossoyeur de Casino" commente l'homme d'affaires, lapidaire.


"Il va mettre 200 000 personnes, 200 000 familles sur le carreau... la mise en place d'une cellule psychologique ça me fait doucement rigoler... alors qu'ils vont tous se retrouver au chômage après Noël, c'est scandaleux quoi !" conclut Xavier Kemlin, qui annonce sa présence aux côtés des salariés inquiets, lors de la prochaine manifestation. 

Les syndicats demandent à rencontrer le président de la République

Après la décision rendue ce lundi 11 décembre au tribunal de commerce de Paris de prolonger Le plan de sauvegarde de deux mois jusqu’au 25 février 2024. L’intersyndicale annonce "s’être rendue en délégation au Palais de l’Elysée pour obtenir une audience urgente avec le Président de la République". Selon l'intersyndicale, "A ce jour, le principe d’une rencontre est acté dans les tout prochains jours. Le but de cette rencontre est d’évoquer l’ensemble du dossier et principalement le plan de reprise de Daniel Kretinsky".

"Ce plan n’est plus en adéquation avec le projet présenté en juillet 2023 qui prévoyait, rappelons-le, une relance commerciale des magasins, des investissements et de nombreuses embauches", insistent les syndicats.

Les syndicats appellent à un nouveau rassemblement aura lieu ce dimanche 17 décembre 2023 à 10h devant le siège de Casino à Saint-Etienne. L’intersyndicale communiquera prochainement sur les futures actions envisagées.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information