Alors que ses opposants demandaient sa démission dans le cadre de l'affaire du chantage intime, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau a présidé lundi 26 septembre un conseil municipal de rentrée. A l'extérieur de l'Hôtel de Ville, plusieurs centaines de manifestants ont également réclamé sa démission.
Le climat était tendu à Saint-Etienne lundi 26 septembre. Le conseil municipal s'est réuni pour la première fois depuis les révélations de Mediapart à propos du chantage à la vidéo intime visant l'ancien premier adjoint centriste, Gilles Artigues.
Ce lundi après-midi, Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Etienne, a présidé un conseil municipal houleux. Les médias étaient venus en nombre. Dans la salle réservée au public, il n'y avait plus une place libre. Ce conseil de rentrée a été marqué par des attaques virulentes des élus d'opposition en lien avec l'affaire de chantage politique à la sextape qui secoue la ville depuis un mois. Ainsi, pendant deux heures, les élus de gauche (12 sièges sur 59) et un des quatre élus UDI ont donné de la voix pour tenter de convaincre le maire de démissionner. Gaël Perdriau occupe le siège de maire de Saint-Etienne depuis 2014.
"Pot de départ" pour Gaël Perdriau
Le conseil municipal s'est tenu alors que des personnes manifestaient bruyamment devant l'hôtel de ville, en réclamant le départ du maire. "Perdriau démission", "Ras-le-Bol de Perdriau, de son déni, de son mépris", "les Stéphanois en ont marre de l'image qu'il donne de la ville", "les déclarations, les mensonges, ça suffit !"... Certains manifestants n'ont pas de mots assez forts.
Ce lundi après-midi, des citoyens stéphanois se sont rassemblés devant l'Hôtel de Ville à l'appel d'organisations politiques ou syndicales, d'associations. Un collectif de Stéphanois a même organisé un "pot de départ" pour l'édile en fin de journée. "L'idée était de tourner en dérision la politique de Perdriau et ce scandale désastreux, en profiter pour rire autour de ça" explique un manifestant. Si l'ironie est de mise, la demande de démission reste claire. "C'est une revendication sérieuse mais on avait envie de trouver une forme joyeuse et festive", poursuit-il.
En préambule du conseil municipal, ce sont environ 350 agents territoriaux de la ville et de la métropole qui ont manifesté devant l'Hôtel de Ville pour demander des comptes au premier magistrat.
On vous résume le film
C'est une affaire qui agite la ville de Saint-Etienne depuis fin août : un chantage à la vidéo intime visant l'ancien premier adjoint centriste Gilles Artigues. Ce dernier aurait été filmé à son insu avec un escort gay dans un hôtel parisien. L'affaire a éclaté lorsque le site Mediapart a publié les confessions détaillées de Gilles Rossary-Lenglet, ancien compagnon de Samy Kéfi-Jérôme, adjoint à l'éducation de Gaël Perdriau. Les révélations évoquaient le tournage d'une vidéo compromettante, commanditée selon lui par le maire et son entourage pour neutraliser l'ex-premier adjoint centriste. Toujours selon cette source, l'opération a été rétribuée via des prestations fictives facturées à deux associations culturelles subventionnées par la mairie.
Le scandale a poussé le maire à limoger Pierre Gauttieri, son directeur de cabinet la semaine dernière mais aussi à renoncer à ses fonctions représentatives à la ville et à la Métropole. Enfin, Samy Kéfi-Jérôme, directement mis en cause, a également présenté sa démission le 23 septembre. Cette affaire de vidéo intime a donné lieu à une plainte pour chantage de l'ancien premier adjoint centriste Gilles Artigues. Gaël Perdriau a été convoqué à la PJ de Lyon mi-septembre, en même temps que son délateur, son adjoint à l'éducation et son directeur de cabinet.
Lundi 26 septembre, le maire de Saint-Etienne a encore répété qu'il n'avait "jamais eu, jamais vu, jamais utilisé" cette vidéo. Son image a cependant été ternie par des enregistrements audio accablants diffusés par Mediapart.