À l'hôpital de Trévenans, dans le nord de la Franche-Comté, des membres du personnel ne comptent pas se faire vacciner. L'obligation s'applique à partir du 15 septembre prochain, pour les travailleurs de santé. Dès cette date, ils risquent une suspension. Cette disposition les met en colère.
Ils sont contre la vaccination imposée aux soignants d’ici au 15 septembre. Des médecins, infirmières, aides-soignants et personnels administratifs de l’hôpital Nord Franche-Comté ne veulent pas se faire vacciner contre le Covid-19. D'abord chacun dans leur coin, ces membres du personnel se sont rassemblés dans un collectif d'une quarantaine de personnes. Ils sont soutenus par des syndicats. Leur objectif, c'est d'interpeller la direction de l'hôpital de Trévenans (Territoire-de-Belfort) sur les conséquences que pourrait avoir cette obligation vaccinale.
La plupart des personnes de notre collectif n’a pas eu la Covid, on voit les effets secondaires, on voit ce qui se passe, on ne veut pas se faire vacciner.
Une pression non-justifiée
Parmi les membres du collectif, il y a cette aide-soignante. Elle souhaite rester anonyme, et déplore une obligation prise sans concertation. « On en a marre de subir cette pression, c’est inhumain car notre famille a déjà été persécutée lors de la première vague de la Covid. Et on nous parle de santé publique ? On se bat pour pouvoir vivre, on ne demande rien à personne, la plupart des personnes de notre collectif n’a pas eu le Covid, on voit les effets secondaires, on voit ce qui se passe, on ne veut pas se faire vacciner », témoigne l'employée de santé.
Cette membre du collectif redoute les effets secondaires présumés des vaccins. À ce jour, il existe selon les derniers chiffres de l'Agence nationale de sécurité du médicament "78.639 cas d'effets indésirables (graves et non graves) au total depuis le début de la vaccination". Cette statistique concerne les 4 types de vaccins administrés en France, à près de 48,6 millions de personnes (NDLR : au 1er septembre 2021).
Dès le 15 septembre, le personnel employé dans les hôpitaux doit démontrer qu'il a au moins reçu une dose de vaccin. C'est ce qu'indique la loi adoptée le 5 août dernier. Si les travailleurs de la santé non-vaccinés n'encourent pas un licenciement, ils risquent en revanche d'être suspendus et de ne pas recevoir de salaire. Cette dernière disposition inquiète l'employée mobilisée.
« L’hôpital va suspendre des mamans célibataires, des couples. On va se retrouver à la rue avec nos enfants si l’hôpital suspend le personnel qui ne souhaite pas se faire vacciner. On va les laisser les personnes sans travail, sans revenu » argumente-t-elle. Le 1er septembre dernier, ce collectif a interpellé le directeur de l'hôpital Nord Franche-Comté. Leur but était de « lui rappeler certaines lois », indique l'aide-soignante. « Il est interdit de laisser un salarié sans salaire, il est aussi interdit de trahir le secret médical » poursuit-elle.
Convaincre et non contraindre
Côté syndicats, on s'alarme aussi. La section CGT de cet hôpital estime que cette obligation va trop loin. « Les cadres interpellent les soignants dans les couloirs pour savoir si on est vaccinés, car si on ne l’est pas les sanctions vont tomber. Notre directeur souhaite accéder à la liste des personnes non-vaccinées avant la rédaction des plannings car il a déjà pensé à déclencher un plan blanc s’il n’y a pas assez de personnel », clame le syndicat. Il a déjà prévu une riposte : si cela est le cas, des « démarches juridiques » seront lancées.
Pour la Coordination nationale infirmières et interprofessionels, cette obligation ne tient pas compte des consquences au niveau local. « On est contre les suspensions de salaire qui s'annoncent. Elles vont toucher des professionnels engagés depuis le début de cette crise. On va peut-être être en difficulté pour gérer les patients sur tous les services. Dans l'état actuel, s'il y a des suspensions, les employés vaccinés vont devoir suppléer des absents, ou bien nous risquons de fermer des services. Ces deux décisions ne nous conviennent pas », explique Nathalie Depoire, déléguée de cette coordination à l'hôpital Nord Franche-Comté.
Le syndicat défend la concertation, plutôt que l'imposition du vaccin contre le Coronavirus. « Nous sommes favorables à la vaccination, qui est un moyen de protection contre le Covid, tel que l'on a aujourd'hui. On ne pense pas que l'obligation soit le meilleur moyen de convaincre : convaincre est plus important que de contraindre », estime Nathalie Depoire.
Vaccination quasi-totale à l'hôpital
À l'hôpital de Trévenans, le directeur Pascal Mathis indique que « 95% des 4.500 professionnels sont vaccinés ». Il indique ne pas avoir de marge de manoeuvre, et ne faire qu'appliquer les dispositions en vigueur.
« La loi publiée le 5 août dernier demande à tous les personnels de santé d'être vaccinés au 15 octobre prochain. À cette date, ils devront avoir un schéma vaccinal complet, et une injection au moins au 15 septembre, pour que la deuxième dose soit effective au 15 octobre. L'objectif est que tout le monde soit vacciné. Si un professionnel n'est pas vacciné, il ne pourra pas être en capacité d'exercer ses fonctions à l'hôpital », explique le directeur.
La direction souhaite ne pas avoir à en arriver là. « On espère ne pas avoir à suspendre les agents. Ce ne sont pas des mesures que l'on prend par plaisir, mais pour la santé publique. La vaccination est un objectif de santé publique et de sécurité sanitaire », se justifie Pascal Mathis.
Pour l'heure, le collectif de soignants et de personnel administratif continue de se mobiliser. Il doit mener une action devant l’hôpital, mardi 7 septembre, dans l'après-midi. Les membres de ce collectif souhaitent soutenir les soignants risquant une suspension, faute de schéma vaccinal.
Nos sources
Voici nos sources utilisées pour cet article :
- Agence nationale de sécurité du médicament : "Suivi des cas d'effets indésirables des vaccins Covid-19 (publié le 27 août 2021)"
- Ministère des Solidarités et de la Santé : "Le tableau de bord de la vaccination (tel que publié au 02 septembre 2021)"
- Service-Public : "Passe sanitaire étendu et vaccination obligatoire des soignants : ce que dit la loi"
- Légifrance : "LOI n° 2021-1040 du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire"