Agression raciste à Dole : 4 mois de prison ferme requis contre le septuagénaire

Le tribunal correctionnel de Lons-Le-Saunier dans le Jura, jugeait ce 22 juin deux hommes qui ont eu une altercation violente le 21 avril 2021 à Dole. Un septuagénaire est accusé d'avoir foncé sur un père de famille le traitant de "sale bicot". Le père de famille est également poursuivi. 

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Devant le tribunal, de nombreux journalistes. L’affaire de cette agression raciste reste très médiatisée deux mois après les faits.


Les images avaient fait le tour des réseaux sociaux. Une vidéo qui s’est répandue comme une traînée de poudre, on y voyait un homme de 72 ans échanger de façon houleuse devant une maison avec un père de famille et son épouse, avant de partir puis revenir en voiture et foncer vers sa victime. La famille poussait alors de cris d'horreur et de peur. Adil Sefrioui , le père de famille de 41 ans, avait eu plusieurs fractures et 30 jours d’ITT.


A l’audience, Adil Sefrioui et son épouse se sont présentés. Le septuagénaire agresseur présumé n’est pas présent à son procès, pour des raisons médicales, mais il est défendu par deux avocats Me Damien Varlet et Me David de Stefano.

Un procès, et deux hommes jugés


Victime et agresseur présumé : les deux hommes sont bien jugés ce mardi devant le tribunal. Le septuagénaire est poursuivi pour "violences volontaires avec arme et injures racistes''. Adil Sefrioui est poursuivi pour des faits de violences légères, injures publiques et dégradation du bien d'autrui. Juste avant l’audience, il confiait : “Physiquement, ça va mieux, mais psychiquement ça ne va pas. Aujourd’hui est une grande journée pour moi. Je pense qu’on va s’expliquer à l’intérieur, ce serait bien”.


Adil Sefrioui est soutenu par SOS Racisme. Son avocat Me Randall Schwerdorffer souhaite une requalification des poursuites en tentative d'assassinat, pour lequel l’agresseur encourerait jusqu’à 30 ans de prison. L'accusé a-t-il eu l'intention de tuer en fonçant sur le père de famille ? C'est tout l'enjeu des débats. Oui, estime l'épouse de la victime qui a vu le septuagénaire foncer puis faire à nouveau marche arrière pour revenir vers son époux.
 

La vidéo au coeur du procès


Les débats vont porter sur cette vidéo, et sur ce qui s’est passé en amont de celle-ci et après celle-ci. On y voit le septuagénaire menaçant, un cric à la main. "Approche enculé, approche toi le bicot" devine-t-on dans la vidéo. Des injures ont-elles été proférées par le père de famille ? Si oui, à quel moment ? Les avocats du septuagénaire évoquent une vidéo tronquée, et nient l'intention de leur client de tuer ce jour-là. 

Le 21 avril à Dole, le septuagénaire effectuait des photos à proximité du domicile d'une famille. Les parents, craignant, à tort selon l'analyse de son appareil photo, que l'individu ne prenne des photos de leur domicile, voire de leurs enfants, avaient alors cherché à obtenir des explications.

Une altercation verbale, puis physique s'en était suivi. Le septuagénaire avait proféré des injures racistes à l'encontre de son interlocuteur. "Bicot, tu passes sous le capot aujourd'hui", aurait-il dit.

Remonté dans sa voiture, il s'était éloigné avant de faire demi-tour et de foncer vers le père de famille qui se trouvait sur le trottoir. Afin d'éviter un choc, celui-ci avait sauté sur le capot du véhicule, qui avait fini sa course en arrachant la clôture du domicile de sa victime. Le septuagénaire avait expliqué pour sa défense avoir été ébloui au moment de sa manœuvre. "La colère m'a pris, j'ai fait demi-tour. Je voulais lui faire peur. Sous le coup de la colère on fait des bêtises", avait expliqué le retraité devant les policiers, affirmant avoir perdu le contrôle du véhicule.

Les réquisitions du procureur de la République

Le procureur a requis au terme de longues heures d'audience une peine de six mois d'emprisonnement, dont deux mois avec sursis, à l'encontre de l'homme de 72 ans. . Il s'agit de faits "particulièrement graves", "il y a une volonté de toucher à son intégrité physique", note le procureur de la République Lionel Pascal, qui estime néanmoins que le retraité a été "pris à parti" par le couple.

Les avocats d'Adil Sefrioui et des associations parties civiles - la Licra, SOS racisme et la Coordination contre le racisme et l'islamophobie - ont fustigé l'absence du prévenu à son procès, réclamant en vain un mandat d'amener, et dénonçant un "traitement communautaire" de ce dossier.

Adil Sefrioui comparaissait pour sa part à la même audience pour injures, violences légères et dégradations. Une peine d'amende de 1.100 euros d'amende, dont 900 avec sursis, a été requise à son encontre. Les deux hommes étaient inconnus des services de police.

Le délibéré sera rendu le 6 juillet à 8h30.

 

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