VIDEO. "Je ne me sens pas humain", témoigne la victime de l'agression raciste à Dole dans le Jura

Adil Sefrioui témoigne une semaine après avoir été renversé par un septuagénaire. L'homme sera jugé devant le tribunal correctionnel de Dole pour violences volontaires avec arme et injures racistes. 

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Ce 21 avril 2021, Adil Sefrioui n'est pas prêt de l'oublier. Ce Dolois, père de famille de 41 ans surprend un septuagénaire devant son domicile, l'homme semble prendre des photos de son domicile, et de ses enfants. La demande d'explication vire à l'altercation physique et verbale. La victime entend alors "sale bicot, tu passes sous le capot". Sa femme commence à filmer la scène. La vidéo montre l'agresseur présumé s'armer d'une clé en croix et se diriger vers Adil Sefrioui. Il remonte ensuite dans sa voiture et semble s'éloigner. 

"C'est fini pour moi, t'es mort "

Alors qu'il repart vers son domicile, la victime entend le moteur de la voiture et comprend que l'homme a fait demi-tour. Interviewé par France 3 Franche-Comté, il raconte : "j'ai à peine eu le temps de tourner la tête, j'ai juste vu le logo de la Renault. Je me suis dis, c'est fini pour toi, t'es mort ! Je me suis alors jeté sur le capot". Adil Sefrioui souffre de multiples blessures, il s'est vu délivrer une incapacité de travail de 30 jours.  Une semaine après les faits,  une minerve autour du cou, Adil Sefrioui se dit toujours sous le choc, avoir des difficultés à trouver le sommeil. "Je suis dans l'incompréhension, ça fait une semaine et ce monsieur est en liberté. Ca me pose beaucoup de questions, je me sens en insécurité. Franchement, je ne me sens pas humain"confie-t-il.

La vidéo de la scène, publiée par le quotidien l'Est Républicain et sur Facebook, a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux.

C'est terrifiant, cette vidéo est ultraviolente, quand on voit ça, qu'on entend les cris des enfants, c'est terrible, il n'y a pas d'autres mots.

Rémi Vienot, président d'Espoir et Fraternité Tsiganes de Franche-Comté

Le porte-parole des gens du voyage de Besançon très impliqué dans la lutte contre le racisme a prévu de se rendre chez la victime accompagné de Khaled Cid, un chef d'entreprise de Besançon victime début février 2021, lui aussi d'une violente agression raciste en pleine rue. "Khaled tient à aller parler à cet homme", confie Rémi Vienot. 

L'avocat de l'agresseur présumé plaide la légitime défense

L'homme de 72 ans, a été placé en garde à vue lundi 26 avril. Il sera jugé par le tribunal correctionnel de Dole pour des faits de violences volontaires avec arme et injures racistes. Le procès se tiendra le 28 mai. Et son conseil explique qu'il plaidera la légitime défense. 

"C'est mon client  qui est victime dans cette affaire", explique l'avocat du prévenu, Me Christian Malnati, avocat au barreau de Dole. Le septuagénaire aurait voulu prendre des photos du quartier, il se serait heurté à la famille Sefrioui qui n'aurait pas souhaité que les enfants soient sur la photo. "Ensuite ça a dégénéré très vite", l'avocat parle d'insultes, de coups portés par la victime sur le prévenu et sa voiture. Quant à la vidéo, pour le conseil, elle a forcément été coupée avant d'être remise à la police. 

Me Malnati affirme par ailleurs que son client reconnait les injures racistes et les regrette profondément. Il reconnait également avoir percuté la victime mais ce serait lié toujours selon son avocat à un "éblouissement, un trouble pour lequel mon client a consulté l'hôpital de Dole, qui serait à l'origine d'une abolition du discernement". Lors de sa garde à vue, selon le procureur du Jura,  Lionel Pascal, le septuagénaire a expliqué avoir des "difficultés auditives" l'empêchant de comprendre l'objet du mécontement du couple. Il dit "avoir percuté son interlocuteur sans le vouloir", "après avoir été ébloui". Il explique son geste par une volonté d'effrayer le père de famille.

Violences ou tentative d'assassinat ?

Le père de famille est défendu de son côté par Me Randall Schwerdorffer, l’avocat de Jonathann Daval. Il pourrait contester devant le tribunal la qualification des faits. « Lorsqu’on voit l’auteur revenir délibérément avec son véhicule, monter sur le trottoir en accélérant brutalement, pour percuter comme il l’avait dit Mr Serfaoui. Est ce qu’on est dans des violences ou quelque chose de plus grave ? J’en suis persuadé. » estime l'avocat.
L’avocat de la victime s’étonne que le septuagénaire ait été interpellé plusieurs jours seulement après les faits et que la question de sa détention n’ait pas été posée. Pour l’avocat, le racisme dans ces faits est évident. La vidéo enregistrée par l’épouse à partir du moment où la discussion s’est envenimée sera une pièce importante lors de l’audience. « On a aujourd’hui face à nous, une personne qui n’assume rien, et a eu un comportement totalement ignoble, et qui continue dans cette ligne sur son mode de défense » attaque Me Schwerdorffer.

Plusieurs élus de gauche dénoncent un acte ignoble

"Ignoble agression raciste à Dole. Une fois de plus, une fois de trop, les images sont là pour ceux qui minimisent ou nient cette réalité", a réagi sur Twitter le porte-parole du PS Boris Vallaud. 

"Témoignage vidéo pour tous ceux qui ont oublié ce que représente une agression raciste. Tourner le regard devant ces actes c'est libérer les pulsions violentes de haine. L'agresseur doit en répondre devant la justice", avait tweeté un peu plus tôt le patron du PS Olivier Faure.

La députée LFI Clémentine Autain a mis en cause sur Twitter "le climat du débat public, qui chaque jour épouse un peu plus les présupposés de l'extrême droite" et "facilite le passage à l'acte".

Le député des Nouveaux démocrates Aurélien Taché a ironisé en renvoyant aux images de l'agression : "Il n'y pas de racisme en France. #dégoût".

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