Agriculture bio : un rapport sénatorial co-écrit par Alain Houpert accuse le gouvernement de faire de la com'

Un rapport, écrit par les sénateurs LR de Côte-d'Or Alain Houpert et PS des Côtes-d'Armor Yannick Botrel, remet en cause l'ambition du gouvernement. Selon ces élus, l'objectif de convertir 15% de la surface agricole utile au bio d’ici 2022 ne sera pas respecté. Ils parlent d'un coup de com'.

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Un rapport très critique


Ce rapport de la commission des finances du Sénat a été présenté le 5 février 2020. Et il jette un pavé dans la mare du gouvernement ! Ses auteurs, le sénateur LR de Côte-d'Or Alain Houpert et par le sénateur PS des Côtes-d'Armor Yannick Botrel, estiment que le plan "Ambition bio 2022" lancé en 2018 ne sera pas tenu. Doté de 1,1 milliard d’euros, ce plan se fixait pour objectif de convertir 15% de la surface agricole utile (SAU) au bio d’ici 2022 et d'assurer 20% de produits bio dans les repas servis en restauration collective.


« Nous en sommes à 7,5% de la SAU en conversion. Le projet "Ambition bio 2022" du gouvernement  est hors d’atteinte. Selon nos travaux, le chiffre de 2026 pour une conversion de 15% de la SAU en bio est plus probable, même si cette date est loin d’être une certitude. C’est pourquoi nous avons parlé d’un "plan Ambition bio (au mieux) 2026" et surtout d'une ambition très com' du gouvernement », fulmine Alain Houpert, le co-auteur du rapport.


En 2018, le cap symbolique des deux millions d’hectares en bio a été dépassé. Cela représentait une augmentation de 16,5 % par rapport à l'année précédente. Une croissance à deux chiffres qui ferait rêver bien des secteurs. Pourtant, certains s'inquiètent de l'essoufflement des conversions


Pourquoi ? Selon ces sénateurs, cette situation s'explique par le recul des aides financières accordées aux exploitants bio. Les aides du fonds européen Feader à la conversion et au maintien de l'agriculture bio sont gérées par les régions. Les arbitrages diffèrent d'un territoire à un autre. Des plafonnements par exploitation existent dans certaines régions, pas dans d'autres. Les modalités de paiement des aides bio peuvent également varier d’une agence de l’eau à l’autre. Le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique pourrait disparaître après 2020. « C'est d'une incroyable complexité administrative. Je plains sincèrement les agriculteurs qui doivent se coltiner cette paperasserie en plus de leur travail quotidien. », s'exclame Alain Houpert.


Selon le ministère de l'Agriculture, les aides en faveur de la conversion et du maintien de l'agriculture biologique représentent 160 millions d'euros par an (crédits européens et contreparties nationales) versés en moyenne sur la période 2015-2020, à comparer aux 90 millions d’euros versés en 2012. Mais ces crédits se font souvent attendre sur les exploitations.
 

 

La bio en Bourgogne

Quid en Bourgogne ? L'agriculture bio continue-t-elle à progresser sur un rythme élevé ou, au contraire, connait-elle un ralentissement?  L’Observatoire Régional de l’Agriculture Biologique publie chaque année les chiffres clés. Les données 2019 sont en cours de collecte et d'analyse. Mais l'Observatoire a pu nous en divulguer quelques-unes.


En 2019, l'agriculture biologique et les surfaces en conversion représentaient 109 902 hectares en Bourgogne. Notre région comptait 1648 fermes bio. La polyculture-élevage, la viticulture, l'élevage et les grandes cultures concentrent le gros des surfaces en bio. Difficile de comparer avec les chiffres 2018 de l'Observatoire qui englobaient la Franche-Comté mais la dynamique de conversion semble rester positive.


Cela n'empêche pas Philippe Camburet, céréalier bio dans l'Yonne et président de BIO BOURGOGNE, de partager l'analyse du rapport sénatorial. « Nous sommes à un tournant. Beaucoup de collègues vont encore sauter le pas en se convertissant au bio. Mais, dans le même temps, je crains un essoufflement, faute d'un soutien suffisant à la filière. On considère que la bio a une progression à deux chiffres et qu'elle n'a donc pas besoin d'aide, qu'elle doit se débrouiller seule. Mais le bio reste plus cher pour le consommateur en raison de nos coûts de main d'œuvre. Il faut gommer tout cela par un système de subventions plus juste, rééquilibré en faveur de la bio. Or, ce qui filtre des négociations de la Politique Agricole Commune nous fait craindre le pire. Il semblerait qu'on va encore positionner beaucoup de moyens sur l'agriculture conventionnelle. », prédit cet agriculteur.


Pourtant, la demande est forte en France. Le marché du bio pèse 10 milliards d’euros. Conséquence, 30% de produits bio sont importés. « Nous avons donc des producteurs à qui on demande beaucoup, des consommateurs à qui on demande beaucoup et un État qui se désengage petit à petit… Mais jusqu’à quand cela peut-il tenir ? », s'interroge le sénateur LR Alain Houpert.

 
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