Un agriculteur de Côte-d'Or s'est lancé dans la production de quinoa, une plante originaire d’Amérique latine. Ces petites graines, qui ne contiennent pas de gluten, connaissent un grand succès. Conséquence : elles intéressent de plus en plus les agriculteurs et les restaurateurs.
Je me suis lancé dans la production de quinoa par défi personnel. C’est une plante que peu de gens arrivent à cultiver, car elle est délicate.
Cyril Blin a planté 2 hectares et demi de quinoa, ce qui représente un 10e de la surface de son exploitation. L’exploitant de Côte-d'Or, qui en est à sa première récolte, est plutôt satisfait de cet essai.
Ce céréalier bio, qui s’est installé depuis 2005, cultive du blé, de l’orge de printemps, du soja… "Le quinoa me permet de sortir de ce que font les autres, ça permet de se différencier."
Cette plante, qui nécessite du doigté, apporte "une bonne valeur ajoutée" si on arrive à l’obtenir. "Il y a une plus-value intéressante par rapport aux autres céréales. C’est multiplié par 10. Ça peut aller jusqu’à 8 500 euros la tonne une fois qu’il est en sachets", ajoute Cyril Blin.
Le quinoa, qu’on trouve sur les hauts plateaux d’Amérique du Sud, ne s’acclimate "pas trop mal" en Côte-d’Or. "Ce sont des variétés qui sont plus ou moins acclimatées à la Bourgogne, car ça vient de l’Anjou. Des gens ont déjà travaillé un peu sur la sélection."
Le quinoa, "un besoin primordial de se diversifier"
Cette expérience, c’est "un besoin primordial d’essayer autre chose, de se diversifier", car "aujourd'hui, on a du mal avec les conditions climatiques". Et puis, en même temps, "c’est une motivation puisque la plante, on ne la connaît pas".Pour le savoir-faire technique, "on se renseigne un peu et puis après c’est au feeling. Le quinoa, je le conduis comme une céréale, sauf que je suis plus attentif sur son évolution, car je ne sais pas comment la plante va se développer, comment les insectes vont réagir, à quel moment la maturité sera bonne..."
Pour le moment, l’agriculteur bourguignon y va "tout doucement". "Si ça marche bien, je doublerai peut-être la superficie. Il faut se laisser du temps. Ce sont les tout débuts, il faut y aller gentiment."
En tous cas, le quinoa produit par Cyril Blin est déjà très attendu. "J’ai pas mal d’amis qui en consomment et qui sont intéressés d’essayer le goût local, par rapport à ce qui vient de Bolivie et d’Amérique latine. Le magasin Biocoop de Beaune veut aussi m’en prendre."
"Le quinoa, c’est l’avenir"
Un restaurateur est aussi sur les rangs pour acheter le quinoa bio de Montagny-lès-Beaune. Il s’agit de Nunzio Iacono, un chef de Volnay qui met déjà à sa carte des agneaux élevés par Cyril Blin. "On a eu un partage, car Cyril parle de ses bêtes comme d’une passion. Il les nourrit avec ce qu’il y a de mieux. C’est une démarche qui m’a beaucoup plu. Depuis, on travaille ensemble. Pour le quinoa, je lui dis il faut y aller, c’est l’avenir."
Le chef du restaurant L’Agastache ne tarit pas d’éloges sur les qualités gustatives et nutritionnelles du quinoa.
"Vous pouvez mettre le quinoa dans des bouillons, dans des soupes. Avec de la farine de quinoa, vous pouvez faire des desserts, ce qui est très intéressant parce que c'est zéro gluten. C'est riche en fibres, ça module la glycémie, il y a 8 acides aminés essentiels qu'on ne trouve pas même dans les céréales complètes. Donc, c'est quelque chose qui est très riche et en plus c’est très digeste", dit Nunzio Iacono.
Mais, précise-t-il, "ça vaut si on parle du quinoa de chez Cyril, pas d’un quinoa industriel dont on ne sait pas d’où il vient", conclut le chef de Volnay.