Après le déconfinement : quelles solutions envisagées pour la réouverture des magasins de vêtements ?

Le 11 mai, la vie reprendra petit à petit son cours. Cependant, tous les commerces ne rouvriront pas dans l'immédiat. Mais certains clients s'interrogent : dans les magasins de vêtements, quelles mesures seront adoptées pour les protéger ?

Société
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Flâner dans les rues, faire du lèche-vitrines, choisir, essayer, s'interroger et finalement reposer ce pantalon ou cette robe... Des habitudes que nous ne sommes pas prêts de retrouver. Aujourd'hui les rideaux sont encore baissés, les téléphones sonnent dans le vide.

Certaines boutiques gardent le lien avec leurs clients grâce aux réseaux sociaux. Mais elles ne savent pas vraiment quand elles vont pouvoir rouvrir leurs portes. Dans ces lieux où tout le monde pose ses mains sur les vêtements, les essaye, enfile des chaussures, puis les range, de nouvelles mesures d'hygiène seront-elles adoptées ? Si oui, lesquelles ? 

"Nous n'avons encore reçu aucune information de la part de l'Etat" nous indique Shop in Dijon, l'association des commerces de Dijon.
En dehors des écoles, aucune réouverture officielle des commerces n'a été annoncée pour le 11 mai prochain. "Aujourd'hui, avec la métropole de Dijon, on a déjà mis en place des distributions de masques, de gants et de gel à destination des commerçants." Un marquage au sol a aussi été imaginé, notamment près du marché de Dijon. 

Martine Réveillon-Vanstaevel, présidente de la FNH (Fédération Nationale de l'Habillement) pour la Bourgogne-Franche-Comté évoque cependant les premières esquisses de mesures d'hygiène. "On va créer un guide des bonnes pratiques d'hygiène" à destination de tous les professionnels du prêt-à-porter mais aussi du textile (lingerie, mercerie, rideaux et voilages, etc.) Deux grands axes sont étudiés dans ce guide. 

► Pour les professionnels :

  • Chaque entreprise devra éditer son document d'évaluation des risques (liste de toutes les étapes de danger potentiel dans un magasin de l'ouverture à sa fermeture). 
  • Le port du masque sera obligatoire pour tous les salariés.
  • Pas de gants mais un lavage très régulier et strict des mains.
  • Les plans de travail seront très souvent désinfectés aussi.
  • Les mesures de distanciation devront être appliquées dans la mesure du possible entre les salariés et entre les salariés et leurs clients.
  • Une seule personne par poste et chacun ses propres outils.
  • Des kits de réouverture devraient être fournis aux commerces (masques, solution hydroalcoolique, pancartes indiquant les mesures d'hygiène, balisage, etc.)
  • Des containers pour les déchets spécifiques devront être installés (masques et gants jetables, mouchoirs usagés)
► Pour les clients :
  • S'ils ne sont pas déjà équipés d'un masque, les commerçants devront leur en proposer (jetable ou lavable, la question est encore à l'étude...)
  • Les clients ne pourront pas rentrer dans une boutique avec des gants utilisés à l'extérieur.
  • Selon la superficie des boutiques, une file de régulation pourrait être mise en place afin d'éviter la promiscuité à l'intérieur des établissements.

On pourra continuer à essayer 

Nos voisins allemands ont décidé de suspendre les essayages de vêtements. Martine Réveillon-Vanstaevel précise que "selon les autorités sanitaires françaises", le virus ne tiendrait pas plus de 3-4 heures sur un textile. Ainsi, en France, les essayages seraient autorisés, mais encadrés. Les vêtements ne seraient remis en rayon qu'après plusieurs heures.

Les cabines d'essayage seraient désinfectées à la vapeur et avec un produit dédié. La FNH évoque aussi la possibilité de mettre à disposition du papier (comme celui que les médecins disposent sur leurs sièges d'examen) pour que les clients qui se déchaussent soient protégés. 

"Des solutions numériques" sont aussi envisagées, pour éviter un maximum de contact. "Pour les commerces qui le pourraient", des drive pourraient être mis en place, en lien évidemment avec la création d'un site internet et d'une boutique en ligne...

"On ne pourra ouvrir que si on respecte les mesures"

Le guide des bonnes pratiques est encore en préparation, alors les commerçants imaginent comme ils le peuvent leur retour au travail. Joint par téléphone, Frédéric Lesueur, qui tient une boutique de prêt-à-porter pour hommes au centre-ville de Dijon, se dit prêt à appliquer de nouvelles mesures. "On sait qu'on ne pourra rouvrir qu'en respectant certaines conditions sanitaires. " Lui avait déjà mis à disposition dans son commerce du gel hydroalcoolique. "On en mettra davantage et on tâchera de faire respecter les distances de sécurité. Je pense que ça rassurera la clientèle." 

Les salariés porteront des masques. Et si les clients n'en portent pas ? Frédéric Lesueur ne s'imagine pas refuser des clients dans sa boutique s'ils n'ont pas de masques. "Nous leur en proposerons." Mais si le commerçant ne se voit pas refuser des clients, c'est parce que "le démarrage va être très lent.

Zéro euro de chiffre d'affaires

Il est évident que si les masques et les gants s'invitent dans les après-midi shopping, l'ambiance n'en sera que plus pesante ou du moins, étrange. "Difficile d'imaginer un retour à la normale. Il y aura certainement des changements d'habitudes." La crainte d'une relance timide des affaires est dans tous les esprits... 

Fermé depuis mars, le commerce de Frédéric Lesueur, comme ceux de nombreux professionnels, se trouve dans une "situation très compliquée". Zero euro de chiffre d'affaires. Même si l'Etat a mis en place un plan de soutien, les commerçants se trouvent confrontés à d'autres problématiques.

Frédéric Lesueur évoque le financement de son stock. "Les boutiques avaient rempli leur stock pour pouvoir commencer la saison printemps-été." Un stock qu'il a fallu payer... mais qui ne se vend pas. "On sait qu'on ne le vendra pas normalement." Même si les échéances sont repoussées, les stocks vont devoir être payés à la fin du mois de juillet. 

Des soldes repoussés ?

Dans les fédérations de commerçants se pose aujourd'hui un débat autour des soldes. A quelques semaines de leur lancement, plusieurs professionnels demandent un report. "Si les soldes ont lieu plutôt à la fin du mois de juillet, on pourra faire une saison quasi normale." Pour les professionnels qui pensent que les soldes sont en décalage avec la réalité des saisons, "le virus pourrait changer les choses." Quoi qu'il en soit, la période va être nécessaire pour tous les commerçants. "Si on ne solde pas, alors on ne vendra pas.

Même si les commerces, d'habillage notamment, sont autorisés à rouvrir dès le 11 mai, "nous aurons du mal si les bars et restaurants ne rouvront pas." Sa boutique étant en centre-ville de Dijon, Frédéric Lesueur pointe l'importance du retour des clients en terrasse et dans les salles de restaurant. "On marche avec eux. Si le déconfinement est progressif et que le reste des commerces n'ouvre pas, on ne sera pas dans l'action.

"On a déjà beaucoup souffert ces derniers mois"

Gilets jaunes, manifestations contre la réforme des retraites, coronavirus... Les commerces sont mis à l'épreuve depuis novembre 2019.

En cette période de paralysie économique, les consommateurs n'en profiteraient-ils pas pour faire leurs achats sur internet ? Frédéric Lesueur se refuse à y croire et investit même le scénario inverse. "Je n'ai pas l'impression que les grandes enseignes du textile fassent beaucoup de chiffre en ce moment. Peut-être qu'il y aura une prise de conscience et que les clients réaliseront que l'économie locale est fragilisée. Qu'on est fragile. Et qu'on a besoin d'eux.

A la FNH, "nous croyons beaucoup à ce changement d'état d'esprit." Une évolution qui devra se faire aussi au sein-même des entreprises et des boutiques de mode. "Peut-être que la mode doit se réinventer ?" 
Martine Réveillon-Vanstaevel parle d'une fabrication différente avec "moins de collections et des produits qui ont un plus faible impact écologique". Moins de délocalisations ? "Sans doute." 

On parle beaucoup du tourisme, de la restauration ou de la culture. Mais la mode et le prêt-à-porter sont aussi très touchés et devront en sortir grandis. Finalement, cette crise pour nos économies, c'est peut-être un mal pour un bien ?
- Martine Réveillon-Vanstaevel, présidente de la FNH Bourgogne-Franche-Comté

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