Patrick Molinoz, vice-président de la Région en charge de l'Europe, s'est rendu à Vinnytsia en Ukraine les 19 et 20 juillet. De premiers contacts pour établir un partenariat avec cet "oblast" qui compte 1,5 million d'habitants.
Sur place, Patrick Molinoz a rencontré plusieurs responsables des autorités municipales et régionales. Il a également visité une entreprise agroalimentaire et un centre de formation. Une mission qu'il présente comme "un préalable avant la probable signature d'un partenariat formel entre la Bourgogne-Franche-Comté et Vinnytsia d'ici la fin de l'année." Il a répondu à nos questions.
France 3 : pourquoi ce choix de l'oblast de Vinnytsia ?
Patrick Molinoz : "Il n’y a pas encore de relations avec Vinnytsia, il y a eu trois visites de Vinnytsia à Dijon dans le cadre de projets de coopération avec le pôle de compétitivité Vitagora, parce que c’est une grande région agricole. Les premiers contacts institutionnels ont eu lieu il y a trois semaines.
C'est une zone qui a beaucoup servi à l’accueil de réfugiés intérieurs, la population de l'oblast a augmenté de 10 % en un an. Il y a eu ce terrible bombardement du 14 juillet 2022, il y a des alertes chaque nuit, mais ce n’est pas une cible prioritaire pour les forces russes aujourd’hui. En revanche, c’est une région stratégique, car elle est située sur des voies de communication importantes. C’est une région leader de la production agricole, qui est un fleuron de l’économie."
Un partenariat pour quoi faire ?
Patrick Molinoz : "c’est simplement que la Région veut concrétiser son soutien à l’Ukraine autrement que par des aides financières, en établissant un partenariat. Il y a à peine un mois, j’ai eu des contacts avec le président de l’oblast de Vinnytsia, afin d’identifier les domaines dans lesquels nous pouvons coopérer.
Pour un partenariat de long terme, ce que nous cherchons, ce sont les centres d’intérêt en matière de coopération universitaire, de recherche, d’agriculture, puisque ça a commencé par là, mais c’est aussi trouver la manière d’intéresser les entreprises de la région à venir en Ukraine. L’ambassadeur d’Ukraine en France ne cesse d’appeler les entreprises françaises à se positionner pour la reconstruction de l’Ukraine, pour la modernisation de l’Ukraine."
Pourquoi ne pas attendre la fin de la guerre ?
Patrick Molinoz : "Être là ça me permet de témoigner du fait que, malgré la guerre, il y a de la vie en Ukraine et de la vie quasi-normale. Evidemment les images qu’on voit sont celles du front, elles sont terribles, mais il y a des millions d’Ukrainiens qui se lèvent, vont travailler, mangent, commercent et il y a des entreprises françaises qui interviennent dans ce cadre. La moutarde Fallot par exemple continue de commercer avec l’Ukraine
Tous les Ukrainiens nous disent, si vous attendez la fin de la guerre pour venir, ce sera trop tard. Les entreprises allemandes sont déjà positionnées, les Américains sont là… la vie ne s’est pas arrêtée en Ukraine, il y a le front, il y a la guerre, il y a les horreurs de la guerre et puis il y a des millions de gens qui ont besoin de soutien et d’une activité normale.
On a non seulement à leur amener des solutions, des éléments, mais on a peut-être aussi à apprendre. Quand la paix sera revenue, c’est l’intérêt de l’Europe, de la France, de la Bourgogne, de nouer des liens, des liens d’affaires, culturels, des liens de recherche et c’est à tout ça qu’on contribue aujourd’hui par ces contacts."