Les soignants veulent davantage de moyens pour l’hôpital et des hausses de salaire pour ceux qui ont affronté la crise du coronavirus Covid-19. Une journée d'action nationale a été organisée mardi 16 juin : "Applaudir ne suffit plus ! Personnel hospitalier, usager, bouge-toi pour ta santé".
"Pas de médailles en chocolat pour les premiers de corvée et les infirmières"
La décrue de l’épidémie de Covid-19 se poursuit : le coronavirus a fait plus de 29 000 morts en France, dont un millier en Bourgogne-Franche-Comté.
Au mois de mars, le président de la République Emmanuel Macron avait promis un"plan massif d'investissement et de revalorisation" pour l'hôpital. C’est dans ce cadre que s’est ouvert le "Ségur de la santé" : il s’agit de discussions sur l'avenir du système de santé qui doivent déboucher d'ici la mi-juillet sur des propositions concrètes pour améliorer le quotidien des soignants et la prise en charge des malades.
Cette grande concertation a débuté le 25 mai. Trois semaines ont passé et des voix s’élèvent déjà pour dénoncer la façon dont les discussions sont conduites : certains parlent de "parodie de concertation", d'autres d'une "opération de communication", etc. Plusieurs syndicats et des collectifs hospitaliers (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux) ont appelé à une grande journée d'action nationale mardi 16 juin, car ils estiment qu’un grand flou entoure les intentions du gouvernement.
Près d'un millier de soignants manifestent à Dijon, 400 à Auxerre
En Bourgogne, cette journée de mobilisation a été plutôt bien suivie. Plusieurs rassemblements étaient organisés mardi notamment à Dijon, à Beaune, Auxerre, Nevers ou encore Sens où près de 200 personnes se sont mobilisées ce matin. Les manifestants ont notamment distribué des tracts aux voitures qui passaient devant l'hôpital.
Les personnels soignants se sentent "dévalorisés" malgré la prime de 1 500 euros promise par le gourvernement. Ce qu'ils souhaitent aujourd'hui, ce sont plus de moyens humains et une revalorisation générale des salaires.
Le reportage de Sébastien Kerroux, Claude Heudes et Rachel Nectoux à Sens et Auxerre (Yonne) avec :
-Véronique Blugeot, aide-soignante
-Gérald Defief, délégué Force Ouvrière au CH d'Auxerreà Sens
Toujours dans l'Yonne, à Auxerre, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, CFDT et SMPS), entre 350 et 400 personnes ont manifesté devant le centre hospitalier en début d'après-midi. Les soignants réclament une augmentation générale des salaires, 300 euro de plus par mois, pour revaloriser leur métier.
En mars dernier, Emmanuel Macron avait promis un plan massif pour l'hôpital. Mais pour l'instant, les personnels soignants ne voient toujours rien venir. Aujourd'hui, les syndicats réclament du concret.
A Dijon, des personnels de santé se sont rassemblés à partir de 14h sur la place de la Libération pour faire entendre leurs revendications.
Ils réclament notamment une revalorisation générale des salaires "de tous les personnels", un plan de recrutement de personnel, un renforcement des moyens financiers "significatifs" ou encore l'arrêt de toutes les fermetures d'établissements, de services et de lits.
En tant qu'infirmier, avec la liste @DijonCcapitale je suis solidaire des revendications du personnel soignant .?
— Marien Lovichi (@MarienLovichi) June 16, 2020
Pas de ? Mais
?reconnaissance du personnel
?revalorisation
?arrêt de la suppression de lits
Cc @ahoareau21#soignants à #Dijon pic.twitter.com/cf1lh0xCHX
Plusieurs rassemblements ont eu lieu également en Saône-et-Loire, notamment au Creusot, à Montceau-les-Mines ou encore à Chalon-sur-Saône où l'appel à la mobilisation a été très suivi avec près de 1 200 personnes dans la rue, selon les chiffres de la police.
Les images de la mobilisation à Dijon
Pas de médaille en chocolat, mais des augmentations de salaire
Avant la grande manifestation du 16 juin, des rassemblements ont été organisés un peu partout pour mobiliser la population. L’un d’eux a eu lieu au centre hospitalier William-Morey, à Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, samedi 13 juin, à l’appel de la section locale du PCF (parti communiste français). Le mot d’ordre était : "Pas de médailles en chocolat pour les premiers de corvée et les infirmières, mais une augmentation du budget de la santé et des salaires".
De nombreuses voix critiquent en effet la décision du gouvernement de décerner une "médaille de l'engagement" pour "récompenser tous ceux qui ont contribué à l'effort dans la lutte contre le coronavirus" et réclament des mesures concrètes.
300 euros de salaire de plus par mois et 20% d'augmentation du SMIC
"On en a marre, ça ne peut pas durer comme ça. Il faut un réel changement. On parle de Ségur, mais on a l’impression que c’est surtout un effet de communication", enrage Sébastien Martins, infirmier à l’hôpital de Chalon-sur-Saône. Ce syndiqué de la CGT aimerait que "ça n’en reste pas là" et que les soignants du terrain soient entendus.
On a eu des applaudissements, mais on voudrait que ça aille plus loin. On voudrait que la population vienne avec les soignants pour qu’on puisse porter des messages de réel changement dans le monde de la santé - Sébastien Martins, infirmier à l’hôpital de Chalon-sur-Saône
Concrètement, une augmentation de salaire de 300 euros par mois est demandée pour les personnels de santé. "Pour avoir un hôpital public qui fonctionne bien, il faut avoir des salariés qui soient correctement payés. Les applaudissements ou les primes, ça ne suffit pas", dit Jean-Michel De Almeida, co-secrétaire de la section du PCF du Grand Chalon. Mais, "on a aussi voulu lier ça à une autre action qui aura lieu le 4 juillet devant le magasin Carrefour Sud à Chalon, parce qu’on pense aussi à tous les premiers de corvée (personnels d’entretien, caissières, postiers, éboueurs…). Tous ces "petits métiers" qui ont permis à la France de tenir pendant le confinement. Ces gens-là bossent au Smic, souvent à temps partiel, et on voudrait qu’ils soient récompensés avec une augmentation de 20%."
Un mur de messages pour "refuser le retour à l’anormal"
Samedi 13 juin, plusieurs dizaines de personnes ont répondu "présent" devant l’hôpital de Chalon-sur-Saône : de simples citoyens, des gilets jaunes, des personnels soignants de l’hôpital spécialisé de Sevrey, des membres de la CGT, d’Europe Ecologie Les Verts, de la Ligue des droits de l’homme…
"Refusons le retour à l’anormal et exigeons une juste répartition des richesses ! Retour de l’ISF, abrogation de la Flat Taxe, imposition des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Microsoft,…) Car, refuser l’impôt par l’évasion ou l’optimisation fiscale, c’est mettre en danger la société en ne lui donnant pas les moyens pour sa santé et son émancipation", pouvait-on lire sur des affiches.
Les participants étaient invités à laisser des messages de soutien à l’hôpital public, qui ont été placardés à l’entrée de l’établissement. "On espère qu’il y aura d’autres mouvements comme celui-là, car la crise risque d’être très dure et on va la faire payer aux gens modestes comme cela s’est passé en 2008."
Bourgogne-Franche-Comté : la liste des rassemblements pour la santé organisés mardi 16 juin
► CÔTE-D'OR
-Dijon : 14h place de la Libération
-Beaune : 13h30 devant l'hôpital
-Montbard : 16h30 place Gambetta
-Seurre : 11h devant l'hôpital
► NIEVRE
-Nevers : 14h départ préfecture de Nevers
► SAONE-ET-LOIRE
-Autun : 17h30 devant la mairie
-Bourbon-Lancy : 11h devant l'hôpital
-Chalon : 14h devant l'hôpital
-Mâcon : 14h devant l'hôpital
-Montceau-les-Mines : 14h15 devant l'hôpital
► YONNE
-Auxerre : à 13h30 devant l'hôpital
-Joigny : 14h devant le centre de gériatrie du centre hospitalier
-Sens : 11h devant le centre hospitalier
Reportage de Corentin Fouchard, Romy Ho-A-Chuck et Valérie Jonnet avec :
-des participants
-Sébastien Martins, infirmier CGT au CHSCT de l’hôpital de Chalon-sur-Saône
-Jean-Michel De Almeida, co-secrétaire de la section du PCF à Chalon-sur-Saône
► DOUBS
-Besançon : 14h place de la Libération
► HAUTE-SAÔNE
-Vesoul : 11h devant l'hôpital
► JURA
-Dole : 17h devant l'hôpital
-Lons-le-Saunier : 17h devant la gare
-Saint-Claude : 18h dans la cour de l'hôpital
► TERRITOIRE DE BELFORT
-Belfort : 12h place Corbis