De nombreux vignerons sont en difficulté : entre les salons des vins qui ont été annulés et l’interdiction de recevoir des clients dans les caves, ils se demandent s’ils arriveront à survivre. Surtout si le confinement imposé par l’épidémie de coronavirus devait se prolonger.
L'argent ne rentre plus, alors que les charges, elles, continuent de tomber
Dans les petits domaines, qui ont peu de trésorerie, l’épidémie de coronavirus est une véritable catastrophe.
"Je réalise 60 à 65% de mes ventes lors des salons. Les salons, c'est LE moyen de trouver de nouveaux clients", explique David Fagot qui possède 8 hectares de vignes à Fuissé, en Saône-et-Loire, près de Mâcon. Or, les salons des vignerons indépendants de Paris et Bordeaux, qui devaient avoir lieu en mars, ont été reportés à juin, si tout va bien.
J'ai un salarié permanent. Je ne peux pas le mettre au chômage car la vigne, elle, n'arrête pas. David Fagot
Et comme l'accueil du public est interdit jusqu’à nouvel ordre, son domaine ne pourra se rattraper sur les ventes directes aux caveaux, qui représentent normalement 15% de son chiffre d'affaires. "Je pense que, mi-avril, je suis à zéro. Que va-t-il se passer après", s’inquiète le viticulteur de Saône-et-Loire. Car, si les recettes sont nulles depuis la pandémie, les charges, elles, continuent de tomber.
"J'ai un salarié permanent. Je ne peux pas le mettre au chômage car la vigne, elle, n'arrête pas" : sur les coteaux, les premières feuilles commencent déjà à apparaître et il faut vite attacher les baguettes de vigne pour guider la pousse. "Il y a du boulot, il faut qu'on continue", dit David Fagot. Mais avec quel argent ?
#LaVigneContinue en #Bourgogne. Après la taille, c’est le temps de l’attachage. Un travail qui peut se faire seul pour respecter les #Gestesbarrieres. Bientôt, la vigne va débourer et les bourgeons devenir feuilles tendres. Un moment crucial... pic.twitter.com/NgHY24BL1R
— Cécile Mathiaud BIVB (@MathiaudBIVB) March 21, 2020
"Les petits vignerons sont dans la m..."
"Les vignerons ici ont un mois, un mois et demi de trésorerie", précise Alain Vautherot, responsable commercial de Patrimoine de Terroirs, une association réunissant trente vignerons indépendants à travers la France. Pour eux, le COVID-19, "c'est une catastrophe économique et financière. Pour la plupart, la situation est plus que tendue", dit-il. Il cite, par exemple, l'appel d'un vigneron désespéré qui lui demandait s'il ne pouvait pas vendre son vin au rabais afin de retrouver un peu de trésorerie.
"Les vignerons sont dans la m... Ceux qui ont un peu de trésorerie d'avance vont rester à flot, mais les autres ?"
Des gens m'appellent pour me demander comment faire pour payer les salaires.
"La vente aux salons, certains ne font que ça, avec les ventes en caveaux. C'est dur, très dur. Des gens m'appellent pour me demander comment faire pour payer les salaires de mars", témoigne aussi le gérant du Domaine Huber-Verdereau, à Volnay, en Côte-d’Or.
"Si cela dure des mois et des mois, ça sera difficile. Les vignerons qui n'ont pas la taille critique sont les plus inquiets", note Louis-Fabrice Latour, président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Dans la région, la surface moyenne est inférieure à sept hectares (contre 17 dans le Bordelais et 12,3 pour la moyenne française).
Les vins de Bourgogne, qui jouissent d’une très bonne réputation, se vendront toujours c’est sûr. Mais, dans l’immédiat, comment faire pour se maintenir à flot ?
Confinement ? Profitez-en pour vous former gratuitement aux @VinsdeBourgogne en 90 minutes https://t.co/0jt5HkJjhf
— Romain (@lastringent_) March 17, 2020